Vontobel: investir plutôt que racheter des actions

Yves Hulmann

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Martin Sieg Castagnola explique pourquoi l’établissement maintient un degré de capitalisation nettement supérieur aux exigences réglementaires.

En 2018, la banque Vontobel a vu son bénéfice net augmenter de 11% pour s’établir à 232,2 millions de francs. A l’issu d’un exercice marqué par l’acquisition de Notenstein La Roche, l’établissement zurichois a maintenu son dividende à un niveau inchangé de 2,1 francs par action, alors que les analystes anticipaient une légère hausse de la rétribution aux actionnaires. Martin Sieg Castagnola, le directeur financier, explique pourquoi la banque entend poursuivre ses investissements et fait état d’un début d’année plus positif qu’à fin 2018.

Le quatrième trimestre 2018 s’est révélé particulièrement difficile sur les marchés. En janvier et février, a-t-on assisté à un retour à la normale? Comment l’année a-t-elle débuté chez Vontobel? 

Nos revenus évoluent de manière directement proportionnelle avec la variation de nos actifs sous gestion – ou plus précisément avec la moyenne annuelle de ceux-ci. Nous gagnons de l’argent non pas sur le montant des avoirs affichés au 31 décembre mais sur la moyenne de ceux-ci durant l’année. Concernant le début de 2019, nos actifs sous gestion en janvier ont été supérieurs de 3,6% au montant moyen de l’an dernier, ce qui n’est pas mauvais signe.

Les investisseurs ont continué d’avoir une attitude
réservée en matière d’investissements.
Et qu’en est-il du niveau des transactions comparé au quatrième trimestre?

Les volumes de transactions avaient été extrêmement bas au quatrième trimestre – avec une baisse des volumes de marché atteignant même 35% pour novembre et décembre en Suisse comparé à la même période de l’an précédant. En comparaison, janvier et février n’ont pas été aussi mauvais – mais les investisseurs ont continué d’avoir une attitude réservée en matière d’investissements.

En 2018, le rapport entre les coûts et les revenus («ratio cost/income») est demeuré supérieur à l’objectif maximum de 72% visé par Vontobel. Celui-ci reste aussi supérieur à celui d’autres établissements bancaires. Ne sera-t-il pas possible de l’abaisser davantage à l’avenir? 

Le niveau de 72% est l’objectif que nous visons jusqu’en 2020. Je pense qu’il s’agit d’un objectif qui ne manque pas d’ambition. Il s’agit d’un objectif à la fois sensé et réalisable pour Vontobel. 

Nous nous en tenons à notre objectif de reverser
au moins 50% de notre bénéfice sous forme de dividendes.
Vontobel souligne que ses principaux ratios de capitalisation «excèdent substantiellement les exigences réglementaires». Cela signifie-t-il que le groupe dispose aussi d’une grande marge de manœuvre pour rétribuer ses actionnaires – par exemple pour procéder à des rachats d’actions?

Vontobel dispose effectivement d’un niveau de capitalisation très confortable. Pour l’illustrer, le ratio de capital total exigé par la Finma pour les banques de notre catégorie est de 12%, constitué de 7,8% pour le ratio CET1 correspondant aux fonds propres dits «durs», plus 4,2% pour la part relative aux obligations additionnelles («AT1/T2»). Or, dans le cas de Vontobel, notre objectif pour le seul ratio CET1 dépasse à lui seul déjà les 12%. En d’autres termes, nous dépassons de plus d’un tiers le niveau exigé par la Finma pour les fonds propres dits «durs». Notre banque est donc très confortablement capitalisée. Malgré tout, nous pensons que nous pouvons mieux utiliser notre capital que pour des rachats d’actions et préférons l’employer pour des investissements. Nous nous en tenons à notre objectif de reverser au moins 50% de notre bénéfice sous forme de dividendes. D’autres mesures de rétribution des actionnaires ne sont pas prévues.

Dans son unité Financial Products, Vontobel a mis en place l’an dernier plusieurs projets, comme le lancement d’une nouvelle application pour produits structurés sur mesure en Allemagne, une plateforme de prêts «cosmofunding» destinée aux collectivités publiques ou encore la solution «Pension Investments» s’adressant aux institutionnels. Cela ne risque-t-il pas de faire augmenter fortement les coûts de développement informatique pour des revenus encore incertains? 

Non, car ces nouveaux projets s’intègrent facilement à notre système informatique déjà existant. Il y a dix ans, Vontobel a réorganisé de fond en comble son infrastructure IT, reposant sur Avaloq. Sur cette base, nous pouvons très facilement ajouter des modules pour de nouvelles applications sans avoir besoin de réadapter l’ensemble de notre système informatique. Les nouvelles solutions que nous avons lancées l’an dernier peuvent ainsi être proposées de manière relativement bon marché et rapidement. Les coûts marginaux des nouvelles applications que nous lançons sont très bas. C’est possible car nous avons fait nos devoirs sur le plan informatique il y a dix ans déjà.

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