Vers un monde bancaire intégré

Salima Barragan

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Le défi n’est pas technique mais psychologique, estime Georges Roten d’Avaloq.

La numérisation n’est pas une nouveauté pour Avaloq. Le pionnier zurichois des logiciels de gestion bancaire accompagne depuis plus de 30 ans les établissements de la place dans leur stratégie de numérisation. Également très actif sur le marché asiatique, la société a récemment obtenu plusieurs prix internationaux pour ses solutions intégrées. Pour le responsable de la Suisse et le Liechtenstein Georges Roten, la transformation technique des processus n’est pas le plus grand défi des banques helvétiques. Le principal challenge consiste à briser les résistances mentales. Entretien.

Comment êtes-vous monté dans le train de la numérisation?

En plus de fournir des solutions core banking, Avaloq est également le leader dans le domaine de Standalone Digital Products (SDP), ainsi qu’un partenaire privilégié en Suisse, en Europe et en Asie pour les produits bancaires et le support des établissements financiers qui se sont lancés dans le traitement numérique de leur processus depuis plus de 30 ans. La numérisation n’est donc pas un thème nouveau pour nous.

Certaines de vos solutions ont-elles recours à l’intelligence artificielle?

Oui, nous disposons de notre propre équipe scientifique qui s’occupe de l’IA. Notre société mère, NEC, a l’ambition de développer cette expertise en investissant plus intensément dans ses centres de recherches en Allemagne et au Japon. Par exemple, nous avons des SDP qui incluent des composantes d’IA, ce qui signifie que les banques les intègrent à leur plateforme centrale. Ils touchent à la gestion de la relation clientèle ainsi que le conseil de placement.

Comment les banques et leurs clients appréhendent-ils ces «robots advisors» qui apparaissent chez certains prestataires?

Si ces nouveaux venus ne sont pas très répandus auprès des banques privées qui privilégient les entrevues entre un client et un gérant en chair et en os, certaines banques sont plus ouvertes à une approche hybride. Plus généralement, leur acceptation des robots advisors dépend de la culture d’entreprise et de la stratégie de l’établissement. Quant aux clients plus jeunes, ces derniers apprécient les conseils en temps réel et à tout moment, ainsi que les heures d’ouverture flexibles.

Pouvez-vous nous parler de la solution bancaire numérique fraichement implantée chez Crédit Agricole next bank?

Cette approche unique qui combine une solution complète à une offre de service, constitue un grand pas pour la banque genevoise. Elle représente pour nous un modèle d’affaires récurrent à développer sur les marchés suisse et européen.

Plus généralement, quelles sont les majeures contraintes auxquelles vous faites face dans la gestion d’actifs?

D’un côté, nous devons nous plier au cadre réglementaire et légal propre à chaque marché dans lequel nous opérons. Et de l’autre, nous nous heurtons aux questions ouvertes des managers des banques privées dans le cadre de leur approche numérique. Comme trancher par exemple entre un cloud privé ou un public. Mais le plus grand obstacle demeure une certaine résistance psychologique à la numérisation dans le monde financier.

Comment voyez-vous de la solution bancaire du futur?

Je pars du principe que dans l’avenir nous ne verrons plus une solution unique pour tous les types établissements. Certaines banques disposeront de leur propre centre de données, back-office et IT alors que les autres sous-traiteront ces fonctions à des fintechs qui les fourniront des modules connectés à leurs plateformes core banking. D’ici 15 à 20 ans, ce modèle de service deviendra le standard dans un monde bancaire davantage interconnecté. Nous verrons ainsi les différentes facettes des solutions offertes par une pléthore de fournisseurs. J’ose espérer que les banques solliciteront également davantage les technologies du cloud.

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