Vaudoise continue à améliorer son profil de risque-rendement

Philippe Rey

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L’assureur, qui a accompli un bon exercice 2021, compte atteindre un palier supérieur, explique son CEO Jean-Daniel Laffely.

Le groupe Vaudoise a réalisé en 2021 un résultat net de 134,2 millions de francs, malgré l’impact des évènements de grêle et des inondations. Le ratio combiné (taux de sinistres + taux de frais) non-vie s’est établi à 96,4%. Les fonds propres consolidés ont atteint un niveau record de 2,4 milliards de francs. Le taux SST (Test suisse de solvabilité), 361%. Entretien avec le CEO de l’entreprise basée à Lausanne, Jean-Daniel Laffely.

«Il convient d’observer à la fois le résultat mais également l’évolution des fonds propres afin de tenir compte d’une vision globale.»
Le groupe n’est-il pas surcapitalisé, ce que reflète notamment un rendement des fonds propres de 5,9% en 2021?

Il peut paraître surcapitalisé, en comparant notamment les fonds propres consolidés aux primes nettes acquises, et vu une marge de solvabilité SST de 361%. Nous estimons le capital excédentaire à environ 600 millions de francs. Cependant, il faut tenir compte de la réserve de réévaluation, qui dépassait 800 millions de francs à la fin de 2021. Or, celle-ci peut fluctuer sensiblement d’une année à l’autre, suivant l’évolution des marchés financiers en particulier. C’est un revenu variable qui influe directement sur les capitaux propres du groupe. De plus, il ne s’agit pas d’un simple capital fongible, mais il faut distinguer les fonds propres des sociétés filiales de ceux de la holding proprement dite. Sans oublier non plus qu’un excédent de capital constitue une marge de sécurité et abaisse le coût du capital. Certes, nous devons encore mieux utiliser ce dernier et augmenter les bénéfices.

Le reproche d’un bénéfice net consolidé stagnant depuis un peu plus de dix ans et d’un dividende trop bas vous est parfois adressé. Que retorquez-vous à cela?

Tout d’abord, il convient d’observer à la fois le résultat mais également l’évolution des fonds propres afin de tenir compte d’une vision globale. Puis, nous agissons afin justement d’améliorer la rentabilité du groupe ces prochaines années. Un des moyens d’y parvenir sera une allocation des placements de capitaux et la poursuite d’une souscription des risques d’assurance disciplinées. A cet égard, nous avons assaini considérablement notre portefeuille accidents et maladie pour les entreprises. Lequel est rentable depuis 2020 et correspond à un marché en phase de durcissement des tarifs et conditions. En non-vie, nos objectifs 2022-2024 sont une croissance dans les branches patrimoines durablement supérieure à la moyenne du marché avec un ratio combiné de 90%, ainsi qu’un ratio combiné net pour les assurances de personnes non-vie inférieur à 100%. Un autre élément de progression qualitative du bénéfice net sera la poursuite de la complémentarité des revenus, c’est-à-dire la hausse des «fee business» ou des revenus issus des frais et commissions. La part de cette source devrait contribuer, à terme, pour 15% à 20% au résultat net. Nous allons aussi continuer à développer le secteur vie individuelle/prévoyance au moyen de solutions peu gourmandes en capital. Quant au dividende proposé au titre de l’exercice écoulé, il correspond à un rendement de 4%, eu égard au cours boursier de fin 2021, et à un taux de distribution du bénéfice d’un peu plus de 40%. Notre objectif est de rehausser ce taux tendanciellement vers 50%. Nous devons aussi maintenir un bon équilibre avec la continuation de notre stratégie mutualiste de redistribution des bénéfices aux assurés.

«A ce stade, la situation n’a pas d’effet sur la marche des affaires d’assurances et il n’y a que de très faibles expositions financières en Russie.»
Le conflit en Ukraine et la recrudescence d’inflation sont-ils des dangers sérieux pour Vaudoise?

Nous ne pouvons pas agir sur ces facteurs externes. Le groupe a analysé les impacts de la guerre ukrainienne sur ses activités d’assurances et de placements. A ce stade, la situation n’a pas d’effet sur la marche des affaires d’assurances et il n’y a que de très faibles expositions financières en Russie. Nous suivons attentivement les effets indirects de cette crise sur les marchés financiers et l’approvisionnement notamment. S’agissant de l’inflation ou d’une éventuelle stagflation, nous avons procédé à certaines hausses de tarifs en non vie. Dans les affaires vie individuelle, le taux technique moyen après dotation s’inscrit en baisse continue, et la marge sur taux d’intérêt en hausse, à 1,33% à fin 2021. Vaudoise maintient par ailleurs des investissements largement diversifiés sur une durée élevée ainsi qu’un haut niveau de qualité de ses placements obligataires et de couverture sur les actions et les devises. Le groupe poursuit son développement tout en améliorant son profil de risque-rendement.

Les perspectives pour 2022 demeurent positives…

Elles le demeurent pour l’heure en dépit d’une situation conjoncturelle incertaine. Quoi qu’il en soit, le groupe poursuit sa transformation numérique, en renforçant sa démarche avec un fort investissement dans les compétences humaines et la technologie. C’est assurément un processus de longue haleine. D’autre part, nous continuons à développer les affaires à travers des initiatives et partenariats, tout en développant une stratégie multimarque dans l’assurance animalière avec Animalia et Epona.

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