Un profil adapté à l’environnement du moment

Nicolette de Joncaire

2 minutes de lecture

«Si vous êtes absolument certain que le marché montera, achetez des actions. Sinon … fiez-vous aux convertibles» affirme Xavier Hoche de SILEX.

Avec leur profil asymétrique, les obligations convertibles participent à la croissance des marchés actions grâce à leur composante optionnelle mais leur caractère obligataire permet d’en amortir les retournements. Tout particulièrement lorsque le crédit est de bonne qualité. Entretien avec Xavier Hoche, responsable depuis le printemps des obligations convertibles chez SILEX et gérant d’une toute nouvelle stratégie de convertibles globale.

Pourquoi estimez-vous que les obligations convertibles sont particulièrement bien adaptées à la période actuelle?

Si vous êtes absolument persuadé que le marché actions va progresser, il faut acheter des actions. Nous sommes d’ailleurs constructifs sur cette classe d’actifs. Néanmoins nous sommes dans une période de grande incertitude, avec une récession économique sans précédent. Les obligations convertibles offrent une protection obligataire non négligeable. Prenons l’exemple de 2008: alors que les actions européennes perdaient 45%, les convertibles ne baissaient que de 17%. Sur la période 2008- 2009, les actions chutaient de 28% tandis que les convertibles affichaient une performance positive. Tout indique que la composante obligataire de la convertible amortit les chocs et que ce sont des instruments de choix dans les périodes troublées pour tirer parti de la hausse des actions sans s’exposer plus que nécessaire. A l’heure actuelle où la valorisation des actions de croissance est élevée, les obligations convertibles sont particulièrement intéressantes.

«Notre choix se porte sur des obligations notées, en moyenne, Investment Grade.»
C’est donc une classe d’actifs qui correspond bien au profil d’investisseurs qui veulent être exposés aux actions sans risque excessif?

Exactement. Un produit un peu particulier qui correspond parfaitement aux gérants indépendants avec lesquels SILEX travaille, dans la mesure où il offre une protection obligataire, comme une obligation classique, tout en permettant une indexation à la hausse des marchés actions.

Reste le risque de défauts. Avec la récession, ne court-on pas le risque d’une hausse des faillites?

Si le portefeuille est bien diversifié, sa composition réduit largement le risque de défaut. En ce qui nous concerne, notre choix se porte sur des obligations notées, en moyenne, Investment Grade. Je dis bien en moyenne car nous faisons parfois des exceptions notamment pour certains titres de tech américaine qui appartiennent au High Yield et dont nous ne voulons pas nous priver. J’ajouterais que, pour le moment, la grande panique sur les défauts est bien loin de s’être matérialisée sur les sociétés de croissance américaines et asiatiques.

Vous annoncez une stratégie globale. Comment se compose votre portefeuille?

Notre stratégie est essentiellement bottom-up avec pour cible les sociétés de croissance dotées d’un crédit solide. 60% du portefeuille sera constitué de convertibles européennes. Le secteur du luxe par exemple est l’un des points forts du vieux continent. En revanche, nous allons chercher hors d’Europe ce qu’on n’y trouve pas: les sociétés de croissance des univers de la tech et de la biotech. Nous intéressent également les entreprises leaders qui se trouvent dans le «mauvais secteur» sur le plan conjoncturel.

Dans la biotech, il existe quelques jolis exemples en Suisse.

Certes mais elles sont souvent petites et nous cherchons des sociétés plus établies. Par contre, dans la gamme des leaders «mal positionnés» sur le plan sectoriel et en Suisse, nous avons une position sur Sika qui est dans le mauvais secteur en raison du confinement mais qui reste meilleure que ses pairs, que le marché soit haussier ou baissier.

«Nous croyons fermement au développement de la cybersecurité.»
Avez-vous d’autres exemples dans la même veine?

La société française SEB, championne du petit équipement domestique qui offre 6% de croissance organique et qui, malgré une perte de 13% de son chiffre d’affaire au premier semestre, reste à la tête de la branche. Ou le néerlandais Booking.com qui, en dépit d’une perte de 84% de son chiffre d’affaires au deuxième trimestre, a les reins assez solides pour sortir vainqueur d’une crise où certains de ses concurrents vont disparaitre.

Pour revenir à la tech, quelles sont vos convictions?

Nous croyons fermement au développement de la cybersecurité. Avec des sociétés comme Palo Alto Networks, Akamai, toutes deux spécialisées dans la sécurisation des clouds, ou encore Okta, expert de l’authentification. Dans les biotech, nous avons sélectionné BioMarin Pharmaceutical, une entreprise de biotechnologie californienne connue pour ses traitements des maladies rares. Ou encore Exact Sciences (détection du cancer), Jazz Pharmaceuticals (traitement de la narcolepsie) ou encore Illumina (séquençage génétique). Nous avons aussi quelques titres chinois. En outre, nous identifions les compagnies prometteuses susceptibles d’être rachetées par les grands laboratoires en amont des tests de phase 3. Quand elles le sont, c’est un peu comme gagner au loto.

Comment votre nouveau fonds se décline-t-il et quels sont vos objectifs?

C’est un fonds UCITS disponible en euro, dollar et franc suisse pour correspondre aux besoins des partenaires de SILEX en France, Suisse (Genève, Zurich, Lugano) et en Amérique Latine. Il a démarré avec une clientèle de wealth management suisse et nous visons un encours de 100 millions de francs d’ici la fin de l’année.

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