Swiss Life croît dans les segments les plus attractifs

Philippe Rey

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Le groupe augmente constamment ses revenus issus de frais et commissions. Tout en améliorant son profil de risque et son efficience. Entretien avec le CFO Matthias Aellig.

Le groupe Swiss Life a réalisé en 2021 le meilleur résultat opérationnel de toute son histoire. Il a mené à terme pour la quatrième fois consécutive un programme d’entreprise réussi. Le chef de fil suisse des solutions en prévoyance globale et en finances compte poursuivre sur cette voie en plaçant la barre encore plus haut d’ici 2024. Il s’est notamment fixé les objectifs d’un rendement de 10 à 12% des fonds propres (sans plus et moins-values latentes), un transfert cumulé des entités opérationnelles à la société-mère de 2,8 à 3,0 milliards de francs et un ratio de distribution du bénéfice, sous la forme de dividende, d’au moins 60%. Le directeur financier du groupe, Matthias Aellig, explique plus en détail l’itinéraire suivi par l’entreprise basée à Zurich.

Swiss Life a atteint, voire dépassé tous ses objectifs pour la période 2019-21. D’où des ambitions encore plus grandes d’ici à 2024. Comment compter vous y parvenir?

Nous menons différentes actions afin d’accroître les affaires les plus attractives, peu gourmandes en capital, en plus de Swiss Life Asset Managers et des canaux de conseil indépendants, mais aussi avec les contrats en unités de comptes ou unit linked insurance. Tout en devenant plus efficients.

«Nous nous évertuons également à améliorer la rentabilité de la couverture des risques ainsi que le résultat d’épargne en regard de 2020.»

Nous continuons à renforcer la qualité des bénéfices et leur progression, notamment à la faveur des revenus issus de frais et commissions, qui génèrent un cash-flow considérable et apparaissent peu intenses en capital. Cependant, nous nous évertuons également à améliorer la rentabilité de la couverture des risques ainsi que le résultat d’épargne en regard de 2020. En parallèle, nous optimisons le portefeuille d’affaires traditionnelles (back-book), par exemple en ce qui concerne les affaires de prévoyance professionnelle. Nous avons aussi sensiblement diminué le taux d’intérêt technique et amélioré la solvabilité, de même que promu les solutions semi-autonomes tout en restant plus sélectifs pour le modèle d’assurance complète.

En somme, tout cela doit conduire à un rendement des fonds propres du groupe et à une redistribution -dividendes et autres- aux actionnaires plus élevés.

Grâce à un cash-flow plus important et tout en maintenant un ratio de solvabilité suffisamment confortable?

Outre le dividende, le potentiel de distributions additionnelles aux actionnaires dépend du montant de liquidités dans la holding et de la solvabilité, pour lesquels nous avons défini des ambitions stratégiques, Dans ce contexte, le transfert de liquidités des unités opérationnelles à la société mère, Swiss Life Holding, de même que les redistributions aux actionnaires reposent sur une base statutaire et non sur des revalorisations comptables d’actifs, notamment immobiliers.

La gestion d’actifs pour le compte de tiers par Swiss Life Asset Managers se révèle très rentable et fortement génératrice de liquidités. Quel est votre avantage compétitif dans ce domaine?

Swiss Life Asset Managers est particulièrement performante avec des classes d’actif comme l’immobilier et les infrastructures ainsi que les titres à revenu fixe, pour lesquels nous possédons un savoir-faire et des capacités affirmés. Nous disposons ainsi des ressources pour des projets immobiliers ou d’infrastructure d’envergure, qui ne sont pas à la portée d’opérateurs plus petits. Nous co-investissons également avec nos clients, en alignant leurs intérêts avec les nôtres.

Au demeurant, les revenus issus de frais et commissions du groupe Swiss Life proviennent non seulement de la gestion d’actifs, mais aussi, par exemple, des affaires générées par les conseillers financiers indépendants avec lesquels nous travaillons entre autres sur le marché allemand ou celle d’unités de compte en France. Toutes les divisions du groupe y contribuent.

«Nous avons des accords avec différents partenaires, qui couvrent l’assurance de choses et de patrimoine, notamment Vaudoise Assurances.»
Contrairement à d’autres groupe d’assurances, Swiss Life n’opère pas directement dans l’assurance non vie. N’est-ce pas un handicap en matière d’économies d’échelle ou de cross-selling notamment?

Non, car nos conseillers et agents sont ainsi davantage spécialisés dans les affaires de prévoyance et d’assurance vie ainsi que la couverture de risques y afférente.

Au reste, nous avons des accords avec différents partenaires, qui couvrent l’assurance de choses et de patrimoine, notamment Vaudoise Assurances. Ces partenaires bénéficiant en retour de nos solutions en prévoyance professionnelle. Cela fonctionne bien.

Les incertitudes actuelles comme la recrudescence de l’inflation et ses effets sur les taux d’intérêt ne sont-elles pas susceptibles de remettre en question vos objectifs financiers pour 2024?

Il existe toujours des incertitudes. Quoi qu’il en soit, l’inflation ne change pas notre manière de travailler et nos exigences en matière de conseil. La dépendance de Swiss Life à l’évolution des taux d’intérêt a diminué au fil des ans. La production des produits traditionnels dans les affaires nouvelles s’est considérablement réduite, à 2% en 2021, alors que celle des produits modernes s’est élevée à 42%. La valeur des affaires nouvelles progresse constamment. L’application disciplinée d’une gestion corrélée des actifs et passifs au bilan a sécurisé notre marge d’intérêts.

Nos provisions techniques en particulier ne sont pas vulnérables à l’inflation. Nous avons par ailleurs accumulé un niveau important de gains en capital non réalisés sur les actifs actions et obligataires notamment. Certes, une baisse des marchés peut entraîner momentanément un recul des actifs gérés et donc des commissions y relatives, mais cela ne remettra vraisemblablement pas en question une évolution positive à plus long terme des affaires en unités de compte.

Outre le réinvestissement des bénéfices et cash-flows dans la croissance interne ainsi que le retour de capital aux actionnaires, prévoyez-vous des acquisitions?

Tout d’abord, nos plans dans le cadre Swiss Life 2024 reposent sur des développements organiques. Néanmoins, des acquisitions venant à compléter nos activités principales sont en principe possibles, oui, mais très ciblées. A l’image par exemple du rachat à Swiss Re annoncé à mi-décembre dernier de la compagnie d’assurance biométrique internationale elipsLife, tout en entrant dans le même temps en partenariat à long terme avec le réassureur suisse.

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