Primés au Swiss Sustainable Funds Awards

Nicolette de Joncaire

3 minutes de lecture

Le titre de Best Asset Management Company revient à Robeco et RobecoSAM pour la seconde année de suite. Entretien avec Sandra Cafazzo.

Nominés pour quatre fonds dans trois catégories et vainqueurs du titre de 2020 Best Asset Management Company, Robeco et RobecoSAM remportent à nouveau les honneurs pour la deuxième année des Swiss Sustainable Funds Awards. Ce n’est pas tout à fait une surprise. Pour reprendre les termes de l’ONG britannique ShareAction qui publiait il y a peu une étude très complète de la responsabilité en matière de durabilité, la majorité des gestionnaires d'actifs font preuve d'une approche médiocre de l'investissement responsable. A quelques rares exceptions près, dont Robeco - qui se trouve en tête de son classement de 75 sociétés de gestion d’actifs. Aux yeux de Sandra Cafazzo, directrice des ventes et du marketing pour la Suisse et membre du comité exécutif de RobecoSAM, rien ne peut se substituer aux années d’expérience et d’engagement. Entretien. 

Comment vos équipes vivent-elles la reconnaissance que leur apporte les Swiss Sustainable Funds Awards?

Nous étions enchantés d’avoir quatre fonds nominés dans trois catégories et le sommes encore davantage d’être les tenants du titre de «Best Asset Management Company» pour la deuxième année consécutive. C’est un témoignage fort de notre expertise dans le domaine de l’investissement durable. Le mérite revient bien évidemment aux équipes de gestion mais aussi au département de recherche, à l’équipe «active ownership» et à toute la chaine qui nous permet d’être considérés comme leader sur ce terrain. Nous sommes très fiers d’être ainsi distingués. Et espérons l’être encore l’an prochain… pour une troisième édition.

«La reconnaissance apportée par ces prix instaure la confiance
et encourage les investisseurs institutionnels à venir à nous.»
Pensez-vous que les investisseurs qui vous font confiance se sentiront confortés dans leurs choix?

Nous sommes actifs en matière de finance durable depuis les années 1990, tant à Zurich qu’à Rotterdam et avons gagné d’autres prix. Nous sommes également extrêmement bien notés (A+) dans le cadre des Principes pour l'investissement responsable soutenus par les Nations Unies (UN PRI) depuis de nombreuses années alors même que les PRI se préparent à exclure certains membres. Le titre de «2020 Best Asset Management Company» que le jury des Swiss Sustainable Funds Awards nous a attribué nous semble particulièrement valorisant. Oui, la reconnaissance apportée par ces prix instaure la confiance et encourage les investisseurs institutionnels à venir à nous. 

La Suisse vous parait-elle de plus en plus favorable à l’investissement durable?

Les chiffres sont là. Le rapport publié par Swiss Sustainable Finance lundi fait état d’une augmentation de 62% des investissements durables sur un an à 1'163 milliards de francs, soit environ un tiers des actifs gérés localement. Les caisses de pension sont de plus en plus demandeuses. Confrontées à une nouvelle génération de clients, les banques privées suisses doivent étendre leur offre ESG pour conserver leur rôle de leader dans l’investissement privé auprès des Millénials. Les détenteurs d’actifs suisses comprennent de mieux en mieux leurs responsabilités et les opportunités que représente la finance responsable. Notez que le retard pris par la Suisse jusqu’en 2015 vis-à-vis d’autres pays était d’autant moins explicable qu’elle comptait depuis les années 1990 un nombre significatif de sociétés pionnières. Mais «nul n’est prophète en son pays». L’investissement responsable et un impératif sociétal et une nécessité économique et les investisseurs suisses l’ont bien compris. En ce qui nous concerne, cette tendance nous est très favorable. Les clients sont plus ouverts; ils font aussi preuve de plus d’esprit critique et d’exigence. Ce qui contribue à nous distinguer lors de la sélection d’un gestionnaire. Ils apprécient la souplesse de mise en œuvre de leurs objectifs car les points de vue et les priorités de chaque détenteur d’actifs diffèrent.

«Nous apprécions l’indépendance du jury composé tant de représentants
du monde académique que d’investisseurs institutionnels ou de family offices.»
Que pensez-vous de la méthodologie qui gouverne ce prix?

Nous apprécions l’indépendance du jury composé tant de représentants du monde académique que d’investisseurs institutionnels ou de family offices, avec une excellente représentativité de la base des investisseurs suisses. Nous ne sommes pas complètement au fait de la méthodologie utilisée en amont mais apprécions sa neutralité et l’envergure de l’univers étudié. Cela fait plaisir d’être sélectionné sans avoir à présenter sa candidature et nous confirme l’absence de biais des processus de présélection et de sélection.

Estimez-vous que les principes de l’investissement durable aient été un avantage au cours de la crise que nous vivons en ce moment?

Beaucoup de papiers de recherche affirment que les fonds durables ont été plus résilients au cours de cette crise que les autres portefeuilles. Il est à mon sens encore un peu tôt pour en juger, même si cela a été vrai pour la grande majorité de nos fonds. Et puis cela dépend aussi des approches et de la typologie des fonds durables. Des approches différentes ont un impact différent sur la performance. 

«Il faut aller plus loin et analyser également la capacité
de chaque pays à gérer les périodes de turbulence.»
Comment définit-on un univers acceptable dans le cadre de vos lignes directives? Serez-vous encore plus exigeants dans le futur?

Les composants d’un univers acceptable varient selon la stratégie et l’approche. Mais qu’exige-t-on d’un portefeuille quel qu’il soit? Qu’il soit le plus résistant possible aux chocs – de la crise sanitaire à la rupture d’approvisionnement. Les portefeuilles durables sont moins vulnérables aux risques systémiques résultant de faiblesses telles que les carences en capital humain, les processus trop rigides, les chaînes d'approvisionnement démesurées ou une empreinte environnementale excessive. La crise nous a amené à étudier les chaines d’approvisionnement d’un œil encore plus critique. Classiquement, les investisseurs responsables s’assurent que les fournisseurs rémunèrent la main d’œuvre équitablement et que les conditions de travail soient correctes. Mais il faut aller plus loin et analyser également la capacité de chaque pays à gérer les périodes de turbulence. Les crises donnent des signaux intéressants sur le comportement des entreprises mais aussi sur celui des pays auxquels elles appartiennent. Cela permet d’identifier les faiblesses avant même qu’elles ne soient visibles.

Et maintenant?

Sans une action immédiate et durable, le changement climatique est inévitable. Les seules incertitudes sont celles liées au rythme et au degré de détérioration de la situation. J'ajouterais, que l'urgence climatique imminente est précisément la raison pour laquelle il est indispensable d'aborder cette question avec une attention et une rigueur toutes particulières. Si la pandémie de COVID-19 finira par se calmer, le changement climatique aura toujours une incidence importante sur la société et l'environnement. Aujourd’hui, nous sommes plus qu'heureux de constater la reconnaissance dont nos stratégies d'investissement bénéficient en matière de lutte contre le changement climatique.

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