Obtenir les rendements du private equity avec les co-investissements

Salima Barragan

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Un accès aisé et avantageux à la classe d’actifs pour les initiés. Avec David Maréchal de Pictet.

Au cours des deux dernières décennies, les fonds de co-investissement ont levé plus de 175 milliards de dollars US. Moins connus que le private equity classique au travers de fonds, ils permettent de s’exposer plus rapidement à cet univers et sans les frais de gestion via des SPV (Special Purpose Vehicule) dédiés. « Ces solutions se développent rapidement.  D’une part, la demande des investisseurs est très forte.  D’autre part, le co-investissement permet aux fonds de capital-investissement d’accéder à des transactions plus importantes qu'ils ne peuvent le faire seuls », explique David Maréchal, Deputy Head of Private Equity & Co-Head of Europe de Pictet. Entretien.

Comment les co-investissements se distinguent-ils du PE classique?

Nous gérons des co-investissements depuis 1992, mais ils ont véritablement pris de l’ampleur durant ces dernières années, car ils sont tangibles et ils donnent accès directement aux entreprises sélectionnées par les meilleurs gérants du monde. À l’inverse du private equity classique au travers de fonds de private equity où les capitaux prennent du temps à être investis, le co-investissement permet d’accélérer l’exposition à cette classe d'actifs.  L’investissement se fait généralement via un SPV dédié à la transaction, en parallèle au fonds de capital-investissement, généralement sans les commissions de gestion comprises entre 1,5 et 2% et celles de performance de 20% pour un partenaire existant du fonds de private equity. Cela est important dans une classe d'actifs connue pour ses frais élevés.

Pourquoi les fonds de private equity ont-ils créé ce type de structures?

Les fonds se fixent de limites en termes de concentration et de montant maximum à allouer par investissement, ce qui, dans certains cas, pourrait les amener à devoir renoncer à une opportunité qu'ils jugent néanmoins intéressante. Le co-investissement constitue une source de capital supplémentaire qui permet aux fonds de saisir ces opportunités, tout en maintenant un niveau adéquat de diversification.  

La clé du succès pour accéder à ces opportunités réside dès lors dans la qualité du réseau que l’investisseur a pu développer sur le long-terme.
Outre les frais, quels sont les autres avantages pour les investisseurs?

À l’inverse d’une stratégie d’investissement par le biais d’un fonds de fonds résultant en un portefeuille de plusieurs centaines de sociétés, un fonds de co-investissement est plus concentré, généralement sur 20 à 30 entreprises, tout en conservant un niveau de diversification adéquat. Le capital d’un fonds de co-investissements est généralement investi sur une période de deux à trois ans tandis que les fonds de fonds traditionnels de capital-investissement requièrent six à sept ans pour atteindre un déploiement complet. Un déploiement plus précoce atténue la problématique de la courbe en J, c'est-à-dire la tendance à afficher des performances négatives au cours des premières années de la vie du fonds avant de générer des gains.

Quels sont les types de stratégies habituellement disponibles en co-investissement?

Toutes les stratégies classiques du private equity sont accessibles également sous forme de co-investissements.  Notre mot d’ordre reste la diversification.  Nous panachons donc du buy out, c’est-à-dire des rachats de sociétés matures de tailles variées avec du capital-croissance et du venture capital – du capital-risque- dans des start-ups généralement aux États-Unis et en Europe, et dans une moindre mesure en Asie.

Quelle est la différence la plus notable entre les deux types de placements?

La diversification sera plus importante dans le cas d’un fonds de fonds de private equity qui comportera 500 sociétés, alors qu’un fonds de co-investissement est plus concentré, sur 20 à 30 entreprises d’où l’importance d’avoir accès à un pipeline diversifié en termes de stratégies, de géographies et de gérants des cibles sous-jacentes.

L’accès à un co-investissement est-il aisé?

Paradoxalement, même si le nombre d’opportunités n’a jamais été aussi élevé, l’accès aux opportunités de qualité n’a jamais été aussi compliqué. Ceci est lié à la demande très forte de la part des investisseurs pour ce type d’investissements. La clé du succès pour accéder à ces opportunités réside dès lors dans la qualité du réseau que l’investisseur a pu développer sur le long-terme. Des facteurs tels que la longévité de la relation, la taille des engagements et un siège à l’advisory board du fonds de private equity sont déterminants dans votre capacité à sourcer les meilleures opportunités.  

Dans quels régions, secteurs et types de sociétés identifiez-vous les opportunités?

D’un point de vue géographique, nous sommes très actifs sur les États-Unis et l’Europe occidentale qui sont des marchés matures et stables, un critère important dans une perspective à long terme. En Asie, la performance sur le buyout n’a pas toujours été au rendez-vous compte tenu du niveau de risque.  À l’inverse le venture capital et le capital croissance sur la technologie, notamment en Chine, ont très bien fonctionné. Les secteurs qui offrent le plus grand potentiel sont, selon nous, la technologie et la santé poussés par des tendances de fonds très fortes, le secteur des services qui requièrent peu de dépenses en capital (capex), et, de façon opportuniste, le secteur de la consommation et des marques pour lesquels la digitalisation et le commerce en ligne créent des opportunités.