Nous continuons à croire fortement au potentiel des traitements anti-obésité

Yves Hulmann

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Pour Dan Lyons de Janus Henderson Investors, le potentiel de l’IA est surtout important durant le processus de sélection des médicaments candidats, moins s’agissant des tests finaux.

 

Les applications de l’intelligence artificielle sont jugées particulièrement prometteuses dans le domaine des sciences de la vie. Que faut-il en attendre et quelles sont les entreprises pharmaceutiques, biotechnologiques ou les sociétés actives dans les techniques médicales les plus attrayantes actuellement? Le point avec Dan Lyons, gestionnaire de portefeuille et spécialiste du secteur des sciences de la vie chez Janus Henderson Investors.

Quels sont les domaines de recherche qui vous paraissent les plus prometteurs actuellement?

Il y a plusieurs domaines qui sont très prometteurs actuellement. Notre point de départ est que le marché ne reconnaît pas la réelle valeur des progrès qui ont été effectués – et qui vont l’être au cours des 5 à 10 prochaines années - dans différents domaines de recherche thérapeutique. On va assister au cours des prochaines années à une accélération significative des nouvelles approbations de médicaments, dont plusieurs produits qui généreront un chiffre d'affaires supérieur à 1 milliard de dollars.

A quels domaines thérapeutiques pensez-vous par exemple?

On peut citer l’exemple des traitements contre l’obésité. Certes, il y a déjà les traitements anti-obésité bien connus de Novo Nordisk et de Eli Lilly qui sont déjà disponibles sur le marché. Toutefois, les développements sont loin d’être terminés dans le domaine des traitements anti-obésité: il y a même toute une nouvelle génération de médicaments candidats qui vont potentiellement arriver sur le marché. Un nouveau traitement d’Amgen, qui est en cours d’essais cliniques, a l’avantage de pouvoir être administré beaucoup plus facilement. Et d’autres entreprises comme Astra-Zeneca ou Roche travaillent aussi sur de nouveaux traitements. Parfois, l’innovation ne vient pas de l’efficacité proprement dite de ces nouveaux traitements mais du fait qu’ils peuvent être administrés par voie orale, par exemple.

«La dernière étape de test est souvent la plus gourmande en temps et en ressources. Nous n’anticipons pas un changement radical grâce à l’IA en ce qui concerne la dernière étape de développement de nouveaux traitements.»

A quels autres domaines pensez-vous?

Il y a toutes les recherches basées sur les thérapies géniques qui ouvrent aussi de nouvelles possibilités dans de nombreux domaines. De nombreux traitements sont en cours de développement dans le domaine de la neurologie et des traitements contre la maladie d’Alzheimer. On peut aussi citer les traitements de la maladie du foie, la stéatohépatite liée à une dysfonction métabolique (MASH), et la fibrose hépatique. Ces traitements permettront d’atténuer les conséquences de cette maladie. 

De nouveaux traitements prometteurs sont aussi en cours en lien avec l’immunologie et les maladies auto-immune. Regeneron et Sanofi ont des produits prometteurs dans ce domaine. On pourrait citer de nombreux autres exemples de thérapies ou de développements thérapeutiques qui vont faire l’objet d’importantes innovations ces prochaines années.

Quels seront les apports de l'intelligence artificielle (IA) dans le processus de découverte et d’identification des cibles? L’IA sera-t-elle simplement un nouvel outil supplémentaire qui améliorera ces processus ou alors une technologie qui changera vraiment la donne?

Il faut distinguer ici deux étapes: il y a, d’un côté, le processus de sélection ou «screening» des cibles ou des médicaments candidats. Grâce à l’IA, il sera possible de sélectionner simultanément un très grand nombre de composants pour ne retenir ensuite que ceux qui paraissent être les plus prometteurs. Il s’agit d’une innovation graduelle qui apportera de nombreuses améliorations dans la routine des travaux de recherche. Maintenant, à la question de savoir s’il s’agira d’un changement radical dans le processus de découverte de nouveaux traitements, je suis plus réservé à ce sujet. Sera-t-il possible de réaliser en moins d’un an les étapes qui prenaient jusqu’à 3 ou 5 ans auparavant? Je n’en suis pas complètement sûr. 

De l’autre côté, il ne faut pas oublier l’importance et les difficultés de la dernière étape de développement et les coûts qui y sont liés. La dernière étape de test est souvent la plus gourmande en temps et en ressources. Nous n’anticipons pas un changement radical grâce à l’IA en ce qui concerne la dernière étape de développement de nouveaux traitements. 

Néanmoins, la combinaison des capacités de l’IA avec les apports des nouveaux outils et appareils issus de la robotique apportera des améliorations considérables dans les processus de recherche et de développement.

«Toutes les entreprises actives dans les sciences de la vie évoluent dans un cadre commun caractérisé, notamment, par le vieillissement de la population et d’importantes innovations.»

Si l’on aborde la thématique des sciences de la vie du point de vue des investisseurs, quel est leur profil de risque et quels sont leurs objectifs?

A cet égard, il faut distinguer entre les placements effectués dans les groupes pharmaceutiques classiques, les entreprises actives dans les biotechnologies et celles actives dans les techniques médicales.

Les titres des grands groupes pharmaceutiques présentent à la fois des caractéristiques défensives car elles peuvent mieux résister à une situation de ralentissement économique, voire de récession. Ce n’est pas parce que la croissance économique est un peu plus faible que les gens vont arrêter de prendre certains médicaments. 

Les actions des entreprises biotechnologiques correspondent mieux aux besoins des investisseurs qui ont un style plus agressif. Il faut aussi être conscient que beaucoup de sociétés biotech sont parfois dépendantes des résultats d’un ou deux produits candidats. 

S’agissant des sociétés actives dans les techniques médicales, leur mix de produits est souvent plus similaire à celui de l’industrie pharmaceutique car elles ont souvent des cashflows relativement stables ou disposent de franchises relativement dominantes – c’est leur partie défensive – tout en étant souvent plus innovantes et sont aussi un peu plus risquées. 

Toutefois, quel que soit le mix de titres ou de stratégies choisies, il faut garder à l’esprit que toutes les entreprises actives dans les sciences de la vie évoluent dans un cadre commun caractérisé, notamment, par le vieillissement de la population et d’importantes innovations.

Quels ont été les changements que vous avez apporté cette année à la composition de votre portefeuille de titres dans vos différents fonds dédiés aux sciences de la vie?

En général, nous n’effectuons pas de changements majeurs dans la composition de notre portefeuille du point de vue de la pondération sectorielle. Nous préférons concentrer notre sélection de titres sur la base d’une recherche fondamentale avec laquelle nous découvrons des entreprises qui sont susceptibles de changer la pratique de la médecine et dont les opportunités sont sous-évaluées par le marché. Nous continuons à croire fortement au potentiel des traitements anti-obésité, avec des positions significatives dans des entreprises telles que Novo Nordisk et Amgen. AstraZeneca est aussi une société qui dispose d’un fort potentiel d’innovation. 

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