Mirabaud se développera dans les actifs privés

Emmanuel Garessus

3 minutes de lecture

Les effectifs de Mirabaud devraient augmenter en 2023, déclare Camille Vial, Présidente du Comité Exécutif de Mirabaud & Cie SA.

Camille Vial est Associée gérante du groupe Mirabaud depuis 2012 et devint Présidente du Comité Exécutif de Mirabaud & Cie depuis 2019, mais elle est peu présente dans les médias. Au terme d’une année exigeante pour les banques de gestion, elle répond aux questions d’Allnews sur l’année 2023 et ses défis:

Comment voyez-vous votre établissement à cinq ans?

Le modèle de Mirabaud nous amène à nous focaliser sur les besoins de nos clients, leur évolution, et la volonté de transmettre la banque à la prochaine génération. Mon objectif dépasse l’horizon de cinq ans que vous mentionnez. Nous voulons que l’établissement soit «mieux» lorsque nous le remettrons à nos successeurs. Le qualificatif de «mieux» peut prendre plusieurs sens. Il s’agit surtout de le rendre encore plus solide, à chaque fois en phase avec son temps et les besoins des clients, d’être en capacité de continuer de se développer, de disposer de collaborateurs de talent qui lui permettent de réfléchir aux défis de l’avenir. La réflexion sur la pérennité du groupe est essentielle.

Nous voulons demeurer en position de force aussi bien dans la gestion de fortune que dans l’asset management. La gestion d’actifs est en effet un formidable instrument de croissance, de connaissance et de richesse. Nous communiquons peut-être moins sur nos activités de Corporate Finance, mais nous nous développons bien dans ce domaine, dans l’idée d’accompagner nos clients entrepreneurs d’une façon plus large que la seule gestion de leur patrimoine, tels qu’avec des services en conseil aux entreprises, M&A ou marché des capitaux.

Dans le contexte des marchés actuel, comment gérez-vous la relation clients?

La question est certes récurrente et absolument clé mais elle a été encore davantage au coeur de nos réflexions depuis le début de la pandémie. Nous avons multiplié les contacts avec les clients et soigné encore davantage la relation tant avec les privés que les institutionnels. Cela fait certes partie de notre ADN, mais ce sujet est prioritaire. Nous tenons à ce que l’interlocuteur soit toujours le même. La relation personnelle est primordiale et nous distingue probablement de maints autres établissements.

Notre approche de l’investissement socialement responsable (ISR) est basée sur quatre piliers: l’intégration, l’engagement, l’exclusion et le changement climatique.
Beaucoup d’établissements disent avoir répondu par la numérisation pour faciliter les échanges plutôt que l’aspect personnel. Qu’en est-il de vos projets digitaux?

Nous avons lancé une refonte complète de notre écosystème digital - le plus grand investissement de notre histoire, accompagnant l’accélération de certaines tendances comme la transmission de patrimoine aux prochaines générations, les nouvelles réglementations, la croissance des nouvelles classes d’actifs telles que le Private Equity ou les actifs numériques. L’objectif consiste notamment à marier la technologie de communication avec le client et le maintien du haut degré de relationnel. Le défi n’est pas mince. Nous avons longtemps réfléchi avant de prendre ce que nous pensons être la bonne décision.

Au terme d’une année financière difficile, est-ce que vous privilégiez un modèle de gestion asymétrique du risque ou une approche  classique avec 60% d’actions et 40% d’obligations?

Nous privilégions la solution traditionnelle même si nous l’adaptons et la faisons évoluer en permanence. Ainsi, dans la gestion discrétionnaire, nous privilégions depuis 18 mois une allocation significative aux actifs privés. La proportion de ces derniers oscille entre 5 et 15%. Pour le reste, nous nous appuyons sur le modèle traditionnel, avec une gestion active et responsable.

A l’aube des présentations des stratégies de placement 2023, est-ce que vous procédez à des adaptations de votre allocation?

Nous sous-pondérons encore les actions et les obligations mais nous préparons à saisir les opportunités de plus en plus nombreuses. Plusieurs thématiques sont privilégiées, comme l’investissement durable et le «vieillissement heureux». Sur le plan des monnaies, nous restons constructifs sur le dollar. Malgré l’entrée en récession de plusieurs grands pays, nous sommes plus positifs pour l’année financière 2023 que pour l’année écoulée.

Avec le rebond des énergies fossiles en 2022, l’investissement ESG a également souffert. Est-ce que vous revoyez certains aspects de votre approche de ce domaine?

Notre approche de l’investissement socialement responsable (ISR) est basée sur quatre piliers: l’intégration, l’engagement, l’exclusion et le changement climatique. Nous mettons en œuvre cette stratégie tant dans la gestion privée que dans l’asset management. Au sens plus large, l’ISR est une partie de la finance qui ne cesse de se renouveler. La réglementation qui est par exemple en train d’évoluer en Europe nous amène à adapter notre offre dans la banque privée.

Si nous trouvons des talents ou des équipes, nous les engagerons.
Quels axes allez-vous développer pour le groupe en 2023 et au-delà?

Outre le projet de transformation digitale déjà discuté, nous voulons continuer à développer notre offre dans les actifs privés. Nous avons lancé des stratégies de Private Equity depuis 2017, l’une sur l’immobilier dans le Grand Paris avec une composante de développement durable, une autre sur les sociétés du «patrimoine vivant» et une autre sur l’art de vivre et l’innovation numérique durable. Nous sommes très satisfaits de la taille des fonds levés. L’objectif est de lancer des deuxièmes Vintages en 2023. Ce sont des véhicules qui permettent d’avoir un réel impact sur la transition climatique. Les actifs privés sont par ailleurs une source de performance importante et ils contribuent à réduire la volatilité. Selon la stratégie, ils permettent d’aller dans des actifs qui ont davantage d’impact en termes de durabilité. Dans tous ses investissements, Mirabaud privilégie une philosophie de gestion active et à forte conviction, pour générer des rendements à long terme attractifs. L’accent placé sur la gestion du risque et l’engagement envers les principes ESG sont profondément ancrés dans les valeurs du groupe.

Est-ce que la conjoncture difficile et la baisse des bourses freinent vos investissements?

Non, cela nous incite à nous concentrer encore davantage sur les projets que nous avons déjà lancés et à les renforcer. Dans la banque privée, nous avons déterminé les marchés sur lesquels nous voulons nous développer et nous nous y tenons. Nous ne prévoyons pas en ouvrir de nouveaux en ce moment.

Est-ce que vous allez modifier la taille de vos effectifs? Racheter des équipes dans le cadre de la restructuration de plusieurs autres banques?

Nous avons recruté en 2022 de très nombreux spécialistes pour le projet digital en plus des recrutements plus classiques. Nous continuerons à recruter des banquiers et des gérants sur nos axes de développement. Si nous trouvons des talents ou des équipes, nous les engagerons. Nous serons probablement plus nombreux à la fin de l’année prochaine que les 700 d’aujourd’hui.

A lire aussi...