Lumière à l'horizon

Salima Barragan

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Nordea AM s’attend à une surperformance des pays du Nord. Avec Sébastien Galy.

Comme de coutume en début d’année, cinq personnalités du monde de la finance partagent avec les lecteurs d’Allnews leurs vues sur les thèmes qui marqueront ces douze prochains mois: les conséquences de la crise du coronavirus, le fardeau de la dette qui s’alourdit et la politique du président fraîchement élu Joe Biden. Ils dévoilent aussi quelle sera leur politique d’investissement. Autour de quatre questions clé, l’équipe d’Allnews vous souhaite une heureuse année 2021.

Nous abordons le premier volet de cette série des grands thèmes de 2021 avec Sébastien Galy, stratégiste macroéconomique chez Nordea Asset Management, qui évoque les manquements à Wuhan face à l’apparition du coronavirus. Il ajoute aussi que plus d’un an après le début de la pandémie, la Chine mènera la reprise économique mondiale. Pour cette année, il misera (entre autres) sur le rebond chinois, les solutions ESG soutenues par les politiques européennes et américaines, les nouvelles technologies ainsi que l’infrastructure.

Quel bilan tirez-vous des dommages créés par le coronavirus et quelles sont vos perspectives pour cette année?

Outre les dégâts économiques prévisibles, la visibilité s’est avérée être un problème. A l’époque, les informations venant de Chine étaient opaques. La crise était-elle alors vraiment contrôlée et contenue à Wuhan? Malheureusement, non. Mais aujourd’hui, la Chine se démarque favorablement avec sa relance économique qui se poursuit à un rythme très correct. La demande chinoise qui soutient déjà la production allemande devrait permettre à la région Asie-Pacifique de récupérer promptement. Toutefois, sur un horizon à cinq ans, je m’attends à ce que certaines importations critiques soient substituées à cause de la montée des tensions régionales.

Pour cette année, nous prévoyons une économie mondiale menée
par la Chine ainsi qu’une relance modérée en Europe et aux États-Unis.

Aux Etats-Unis, les politiques monétaires et fiscales orientées sur la surchauffe et les déficits budgétaires non-soutenables devraient, à mon sens, affaiblir le dollar davantage et remonter les taux longs. Les marchés pourraient déjà commencer à spéculer sur la fin de l’assouplissement monétaire vers 2022 - 2023, lançant les premières secousses dans le High Yield durant la deuxième moitié de cette année.

Enfin, la croissance européenne ralentit et se disperse sous l’effet de plusieurs pays confinés. Malgré cela elle devrait commencer à rebondir en janvier. Le consensus prévoit une relance synchronisée des économies, toutefois j’anticipe quelques disparités avec une surperformance des pays du Nord dont les prévisions tablent sur une croissance de 3,5 %. Ils pourront dépenser plus sans altérer leur courbe de financement souverain.

Que penser des niveaux de dette des gouvernements amplifiés par la crise?

L’augmentation de la dette qui sert à éviter une faible croissance n’est pas un problème. Par contre, l’utilisation de la dette à plus long terme l’est-elle à des fins non productives? Si c’est le cas, la TVA et les autres taxes vont éventuellement devoir remonter. Cette question sera particulièrement d’actualité dans certains pays périphériques d’ici les prochaines années.

Comment la politique menée par Joe Biden va-t-elle orienter les marchés?

Face à un possible relance en W, les Démocrates devront sans aucun doute attendre l’inauguration présidentielle du 20 janvier pour adopter le vaste programme de mesures budgétaires. Mais si les Républicains gardent le contrôle du Sénat, l’adoption de ce plan sera laborieuse. Afin de le financer en partie, je m’attends à une augmentation de l’impôt des personnes gagnant plus de 200’000 dollars par an. L’impôt sur les plus-values de capitaux pourrait lui aussi être revu à la hausse de manière à s’aligner un peu plus sur celui sur le revenu des personnes physiques afin de ne pas décourager le travail. Il contribuera à financer une couverture médicale plus large, des infrastructures et un plan de 1’700 milliards de dollars devant permettre, en théorie, de réduire à zéro les émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici à 2050.

Quelle est votre politique d’investissement?

Pour cette année, nous prévoyons une économie mondiale menée par la Chine ainsi qu’une relance modérée en Europe et aux États-Unis. Ce contexte est favorable au risque, même si les prix sont déjà très serrés dans certains segments de l’Investment grade, par exemple. Nous misons ainsi sur la Chine, des solutions ESG soutenues par des initiatives politiques en Europe et aux États-Unis, les nouvelles technologies, l’infrastructure et des solutions flexibles capables d’adapter rapidement la géométrie d’un portefeuille.

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