L'investissement responsable est un état d’esprit

Salima Barragan

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Les Millénials ne sont pas le seul moteur de la durabilité. Les femmes, surtout les plus âgées, y sont très sensibles. Avec Kristi Mitchem, CEO de BMO Global AM.

L’ESG n’intéresse pas que des Millénials soucieux de l’environnement. Après avoir fait ses preuves en 2020 en termes de rendement, cette philosophie d’investissement a gagné en popularité, même auprès des investisseurs les plus sceptiques. Lors de sa conférence sur l’Investissement Responsable, BMO Global Asset Management a réuni un panel d’experts pour discuter de son évolution. Quelques questions en marge de l’évènement avec Kristi Mitchem, CEO de BMO Global AM, Holly Mackay, fondatrice et directrice de Boring Money, et Laura Houët, Associée de CMS UK.

Pourquoi, selon vous, est-il aujourd’hui plus important que jamais d'investir de manière responsable?

Kristi Mitchem: L’investissement responsable est une force pour le bien. Nous ne le considérons pas comme une classe d’actifs, mais comme un état d’esprit. Aujourd’hui, il permet aux investisseurs de cibler tous leurs objectifs d’investissement, en ligne avec les changements réglementaires et la nouvelle demande des consommateurs. Nous voyons clairement les tendances de l’inclusion et de l’empreinte carbone évoluer. La pandémie a été un accélérateur de cette prise de conscience et en tant qu’investisseurs, nous devons saisir cette opportunité unique.

Comment la communauté des investisseurs peut être un agent clé du changement vers un avenir plus durable?

KM: La communauté financière peut avoir un impact en incitant de nouvelles réglementations, en défendant les employés, en s’assurant d’un meilleur équilibre de la représentation des genres dans le management des sociétés et en réduisant l’écart entre ces derniers dans le monde du travail. Enfin, en s’engageant pour la neutralité carbone. Nous attendons de toutes les sociétés dans lesquelles nous investissons qu’elles alignent leurs stratégies avec les objectifs de Développement Durable des Nations-Unies. Collectivement, nous avons un impact et pouvons mener des changements salutaires. Mais il y a encore énormément de travail à faire afin d’encourager toutes les entreprises à se tourner vers l’ESG et à adopter les meilleures pratiques de leur secteur.

C’est surtout du côté des conseillers financiers, notamment britanniques, que nous avons vu le plus grand changement.
Hormis la pandémie, grâce à quels autres déclencheurs l’investissement responsable a-t-il gagné en popularité?

Holly Mackay: Depuis quelque temps, nous avons constaté une augmentation des flux et de l'intérêt des consommateurs. Mais c’est surtout du côté des conseillers financiers, notamment britanniques, que nous avons vu le plus grand changement: ils commencent à considérer que leur rôle consiste également à parler des motivations non-financières. Bien que les investisseurs particuliers soient de plus en plus intéressés par l’ESG, ils l'expriment encore généralement en achetant quelques fonds thématiques, plutôt qu’en cherchant à ce que l'ensemble de leur portefeuille soit géré en tenant compte des facteurs ESG.

Quel est le profil de l’investisseur responsable?

HM: Au Royaume-Uni, environ 85% des investisseurs sont âgés de plus de 35 ans. S’il est vrai que les Millénials s’intéressent aux investissements verts en termes d’opportunités à court terme, je reçois aussi énormément de messages de femmes âgées entre 60 et 70 ans qui se préoccupent toujours plus de la durabilité de leurs investissements. Et, ne l’oublions pas, les Millénials vieillissent aussi! Généralement, les investisseurs les moins pointus et les moins confiants sont aussi les plus enthousiastes envers les investissements durables. Mais les investisseurs masculins chevronnés commencent aussi à s’intéresser aux produits ESG, notamment parce qu’après avoir fait leurs devoirs et comparé les indicateurs financiers avec ceux des produits classiques, ils ont pu constater la performance des investissements durables. Pour cette raison, nous parlons davantage du G (pour gouvernance) de l’ESG. En effet, l'expérience leur a appris la corrélation directe entre gouvernance et risque et donc avec les rendements.

Les règlementations permettent-elles aux clients d’y voir plus clair dans la catégorisation encore très hétérogène de produits estampillés ESG?

Laura Houët: A cause de disparités importantes dans l’industrie, il y a eu davantage de réglementation, particulièrement au sein de l’Union Européenne. Pour donner un exemple, nous avons vu apparaitre en mars, le devoir de divulgation et de catégorisation des produits ESG. N’oublions pas qu’une grande partie des changements réglementaires provient de l’écosystème, dont les conseillers financiers. Nous avions vraiment besoin de ces changements pour harmoniser et faire évoluer l’industrie. Il y a encore certains points à régler, notamment certaines divergences entre les juridictions, mais aussi entre les sociétés d’investissement, entre ce qui est noir et blanc. La transparence pour les investisseurs est encore une zone d’ombre. Les réglementations et leur implémentation vont encore considérablement évoluer au cours de ces prochaines années.

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