Les pays émergents sommés d’être plus transparents

Salima Barragan

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Le plus grand défi est la disponibilité des données, estime Didier Lambert de J.P. Morgan AM.

Il n’y a pas seulement les entreprises qui sont évaluées selon des critères extra financiers. Les pays aussi. Mais les informations sur certains pays émergents sont encore difficilement accessibles. Explications de Didier Lambert, gestionnaire de portefeuille et membre du groupe Global Fixed Income, Currency & Commodities (GFICC) chez J.P. Morgan Asset Management.

Comment intégrez-vous l’analyse ESG dans la sélection d’obligations souveraines?

Nous avons adopté une approche holistique de l'analyse des facteurs ESG au niveau du risque souverain où nous considérons plus de 30 indicateurs mesurant différents aspects de l'ESG, notamment les émissions de carbone, la vulnérabilité aux risques environnementaux, la pauvreté, l'égalité des sexes, la facilité de faire des affaires, la corruption et les risques politiques à court terme. Nos analystes se rendent régulièrement dans les pays pour rencontrer des représentants des gouvernements, des banques centrales et des groupes de réflexion locaux.

Des pays émergent, qui sont les cancres?

Nous ne divulguons pas le classement ESG des pays, mais nous pouvons observer une corrélation positive entre la performance ESG des pays et leur classement souverain. Cela n'est pas entièrement surprenant car les pays disposant de cadres juridiques et politiques avancés et d'institutions indépendantes - c'est-à-dire une bonne performance en matière de G - sont mieux placés pour mettre en œuvre des réformes sur les aspects environnementaux et sociaux. En revanche, les pays dont les cadres institutionnels sont moins développés sont souvent à la traîne en matière de S et G.

À l'heure actuelle, les performances ESG se limitent souvent
à un bref historique ou à des instantanés.
L’information extra-financière est-elle facilement disponible pour tous les pays?

Ces dernières années, la plupart des pays ont élargi la collecte et la présentation des données sur tous les aspects de l'ESG, souvent en coopération avec des agences supranationales comme la Banque mondiale ou les Nations Unies. Cela favorise la transparence et l'accès aux données aux grand public et aux décideurs politiques, qui dépendent également de la bonne qualité de ces données ! L'accès s'est amélioré ces dernières années même si certains gouvernements sont toujours très restrictifs en matière de divulgation. Le plus grand défi reste la disponibilité de l'information. La généralisation du big data pourrait améliorer et compléter les méthodes traditionnelles de collecte de données statistiques.

Avez-vous un exemple concret d’utilisation du big data à des fins d’évaluation ESG?

En Chine, les analystes complètent les indicateurs traditionnels tels que le PMI ou les ventes au détail par des données sur les retards de circulation et de la qualité de l'air des grandes villes.

Avons-nous assez de recul pour comparer l’évolution des données des pays dans le temps?

Les agences supranationales constituent toujours une source majeure de données ESG, mais les pays développent également la collecte et la publication de données. Souvent l'absence de séries chronologiques historiques ne permet pas de comparer les performances ESG sur une longue période. À l'heure actuelle, les performances ESG se limitent souvent à un bref historique ou à des instantanés.