Les fonds de dette privée tirent leur épingle du jeu

Salima Barragan

2 minutes de lecture

Selon Guillaume Chinardet d’Ardian, la crise du crédit a mené à de nouvelles solutions de prêts.

Avant la grande crise financière de 2008, les banques étaient les principales apporteuses de financement dans le monde des leveraged buy-out (LBO). Ensuite, leurs parts de marché sont tombées au profit des fonds de dette privée, que les actionnaires en quête d’argent frais favorisent pour la rapidité et la simplicité de leurs solutions de prêts. Le point avec Guillaume Chinardet, Responsable de la dette privée France chez Ardian qui finance les moyennes capitalisations européennes.

Comment vos activités de financement ont-elles évolué ces dernières années?

Nous avions commencé à émettre de la dette mezzanine en 2005 à une époque où le marché était structuré différemment. Avant la crise du crédit, les banques étaient les principales apporteuses de financement dans le monde des leveraged buy-out (LBO).  Au début des années 2010, nous avons été parmi les pionniers de l’unitranche, une dette européenne qui comme son nom l’indique ne sert qu’une seule tranche à un taux unique. Cette solution de prêt répondait à la demande de produits simplifiés car la crise financière de 2008 avait renforcé les contraintes bancaires. Les délais des crédits bancaires, qui étaient syndiqués dans des pools de plusieurs dizaines de banques prêteuses, étaient trop long car ces dernières devaient s’accorder entre elles.

«L’unitranche n’est généralement pas amortissable et il n’est pas syndiqué à un pool de plusieurs prêteurs.»
Quelles sont les caractéristiques de ce produit phare unitranche et comment se différencie-t-il de la dette bancaire?

L’unitranche bénéficie de la sécurité de premier rang. Il est en général de type bullet; c’est-à-dire que le remboursement du principal à lieu à sa maturité entre 6 à 7 ans. Contrairement aux crédits senior émis par les banques, l’unitranche n’est généralement pas amortissable et il n’est pas syndiqué à un pool de plusieurs prêteurs.

On entend peu parler du marché secondaire de la dette privée. Quelles sont ses caractéristiques?

Le marché de la dette privée n’est pas aussi liquide que celui du private equity. Mais nous commençons à voir émerger des solutions de liquidité offertes par certains acteurs du marché.

Comment travaillez-vous avec les sponsors du capital-investissement?

Nous travaillons avec tous les fonds d’investissement de la place tels que Chequers, Naxicap, ou Equistone qui recherchent du financement. Nous effectuons une due diligence très complète et mettons en place des documentations juridiques qui incluent notamment des covenants qui suivront dans le temps les ratios clé de l’entreprise financée. Sur un produit senior, nos marges sont généralement comprises entre 5,5% et 7%, et nous bénéficions d’une commission d’arrangement de 2,5% à 3%.

«Nous nous adressons à une clientèle essentiellement institutionnelle, incluant les fonds de pensions et des assurances, ainsi qu’aux intermédiaires de la gestion privée.»
Comment fonctionnez-vous sur la partie financement?

Nous levons des fonds privés régulièrement dans lesquels nos limited partners vont prendre des engagements selon la stratégie présentée; une façon de faire très similaire aux fonds de private equity. Nous pouvons être amenés à mettre en place des lignes de financement additionnelles à disposition des entreprises pour financer leurs propres acquisitions.

Sous quelles conditions les sociétés peuvent-elle contracter des lignes supplémentaires?

Nous nous accordons avec les actionnaires, mais elles répondent à des critères de bon sens tels que le rachat de sociétés profitables et sont accompagnés d’une due diligence adéquate. 

Comment qualifiez-vous vos relations avec les actionnaires des sociétés cibles?

Les relations sont bonnes car ils nous considèrent comme des partenaires agiles, ce qui explique pourquoi nous avons gagné tant de parts de marché au détriment des banques devenues trop contraignantes. 

Vous êtes présents en Suisse depuis 2008. A quelle clientèle vous adressez-vous?

Nous nous adressons à une clientèle essentiellement institutionnelle, incluant les fonds de pensions et des assurances, ainsi qu’aux intermédiaires de la gestion privée. Les actifs suisses gérés ou conseillés en Suisse se montent à environs 10 milliards de dollars.

A lire aussi...