Le monde d’après – Troisième partie

Salima Barragan

1 minute de lecture

Télétravail, dé-globalisation, surveillance; le monde post-coronavirus sera différent. Entretien avec Dan Scott de Vontobel.

Le confinement a précipité un certain nombre de tendances de fonds qui se dessinaient avant la crise. Dans l’urgence, les chefs d’entreprises et les chefs d’Etats ont été amenés à prendre des décisions inédites. Un bond irréversible qui marquera notre monde après le coronavirus. Dans une série d’interviews, nos interlocuteurs se prêtent au jeu des questions-réponses pour décrypter les principaux changements qui nous attendent.

D’un monde bipolaire à monde multipolaire, Dan Scott responsable du Wealth Management chez Vontobel esquisse la nouvelle carte géo-économique.

Comment le coronavirus affectera-t-il la mondialisation?

Le coronavirus n'a rien changé au principe de mondialisation mais il a accéléré les changements structurels préexistants. Nous passerons d’un monde bipolaire à un monde multipolaire. La pandémie a aussi mis en évidence la fragilité des chaînes d'approvisionnement mondiales ce qui nous amène à y reconsidérer les opportunités. Il est certain que certaines chaînes d'approvisionnement se régionaliseront.

«L'hégémonie américaine, qui s'est déjà affaiblie,
risque de perdre encore plus de terrain.»
La carte géo-économique changera-t-elle?

L'hégémonie américaine, qui s'est déjà affaiblie, risque de perdre encore plus de terrain. Le différend commercial entre les États-Unis et la Chine est né du désespoir américain de perdre son leadership technologique. De plus, le terme de «marchés émergents» semble aujourd’hui dépassé. De nombreux pays officiellement émergents comme Taïwan sont bien plus avancés que certains de leurs pairs développés à bien des égards. La création de richesse et l'innovation technologique en cours permettront à ces économies de croître et d’émerger véritablement.

Quelles leçons pouvons-nous tirer de la crise?

Premièrement, cette expérience socio-économique à laquelle nous n’avons pas tous souscrit volontairement, a bouleversé nos vies professionnelles. Le confinement nous a obligés à explorer l’efficacité du télétravail. Les bureaux ne disparaîtront pas, mais chacun de nous acceptera de passer au moins une partie de sa semaine en mode télétravail.

«Les entreprises mal pourvues en infrastructure numérique solide
vont sans aucun doute augmenter leurs dépenses en investissement.»

Deuxièmement, la numérisation est la clé de la crise. Les entreprises qui disposaient d'une infrastructure numérique solide ont rencontré moins de difficultés que celles qui en étaient mal pourvues, qu’il s’agisse de commerces en ligne ou de banques. Sans aucun doute, ces dernières augmenteront leurs dépenses en investissement.

Quel rôle attend l’économie numérique?

L'économie numérique comporte autant d’avantages que de risques. Les données sont devenues une nouvelle marchandise à part entière. Mais en tant que société, nous devrions établir des règles claires sur le rôle de l’économie numérique et déterminer si - et dans quelle mesure - nous voulons taxer les données et, enfin, déterminer jusqu'où nous voulons aller en matière de protection de la vie privée.
 

Lire également l'interview de Clément Maclou, Decalia:

Le monde d’après – Première partie

Et celle de Henk Grootveld, Lombard Odier Investment Managers:

Le monde d’après – Deuxième partie

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