Le durable, clé du futur

Nicolette de Joncaire

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Chez Lazard, pas d’étiquetage pour les investissements durables. Tous les produits le sont. Entretien avec Anton Commissaris de Lazard Fund Managers.

Lazard Fund Managers (LFM) est le bras de distribution du groupe Lazard Frères, fondé en 1848 à la Nouvelle-Orléans par trois frères venus de Lorraine. Plus connu pour ses activités de banque d’affaire, Lazard tire aujourd’hui plus de la moitié de ses revenus de l’asset management et du conseil financier. Entretien avec Anton Commissaris, directeur des ventes de LFM en Suisse.

Que fait le groupe Lazard en Suisse?

L’essentiel des activités de Lazard en Suisse est centré sur la distribution sous la responsabilité de Stephan Heitz qui dirige l’ensemble de Lazard Fund Management (LFM).  LFM, bras commercial de Lazard Frères Gestion (LFG) et de Lazard Asset Management en Europe continentale, est en charge des activités de vente et de marketing pour les clients privés et institutionnels en Suisse, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Belgique et au Luxembourg. La distribution en Autriche et en Allemagne est gérée à partir de Francfort, celle de la France de Paris et pour la Grande-Bretagne Londres est le centre. En Suisse, nous opérons à Zurich et à Genève avec une équipe de huit personnes, dédiée pour partie à la distribution au tiers (banques et banques privées) et pour partie aux investisseurs institutionnels - dont les fonds de pension et les compagnies d’assurance pour ce qui est des actifs en compte propre.

«Lazard se différencie en premier lieu par une culture très entrepreneuriale.»
Quel est le poids du marché suisse aux yeux de Lazard?

Il est perçu comme critique, raison pour laquelle nous avons établi des bureaux ici depuis 2011. 

Que représente la Suisse sur le plan des encours?

Ce n’est pas un chiffre que nous divulguons mais le groupe gère 204,6 milliards de dollars au niveau global.  

Comment Lazard se différencie-t-il de ses concurrents?

En premier lieu par une culture très entrepreneuriale. Tous nos gérants sont associés et une partie de leur rémunération se fait en actions de leurs propres fonds. Cette politique vise à aligner complètement les intérêts de nos gestionnaires à ceux de nos clients. Une autre distinction vis-à-vis de nos pairs est que Lazard ne couvre pas toutes les classes d’actifs. Je nous décrirais plutôt comme un ensemble de boutiques hautement spécialisées - avec à titre d’illustration des expertises spécifiques en gestion alternative, en obligations convertibles ou en obligations scandinaves - où nous déployons des stratégies très pointues et difficiles à répliquer. Par ailleurs, sans nous adonner à la gestion passive, nous opérons de manière très quantitative, en intégrant toutefois toujours la décision humaine aux étapes décisives. Lazard n’est pas une «usine à produits», ce qui nous permet si besoin d’offrir du «sur mesure» à nos clients, en incorporant des instruments et solutions externes si nécessaire. Enfin, même si le groupe est basé aux Etats-Unis, il est également fortement européen; il ne s’est jamais coupé de ses racines.

«La crise actuelle aura une influence immense
sur la manière dont nous travaillons.»
En quoi la crise du coronavirus et sa conséquence, la chute des marchés boursiers, change-t-elle le paysage de l’investissement?

Ce n’est pas le premier crash boursier dont nous sommes témoins. Il y en a eu et il y en aura d’autres. Par contre la crise actuelle aura une influence immense sur la manière dont nous travaillons; davantage de travail à distance, moins de voyages. Et une demande accrue pour l’investissement durable qui se dessinait déjà mais que la crise a accentuée.

La finance durable est-elle la clé de l’investissement du futur?

Cela ne fait aucun doute. Nous avons observé tout au long du confinement un intérêt grandissant pour les bonnes pratiques environnementales et sociales. Les entreprises dotées d’une gouvernance solides et de politiques de l’emploi et de l'environnement saines ont mieux résisté que les autres. La demande s’oriente aussi davantage vers des biens produits localement.

Comment Lazard répond-il à cette demande des investisseurs?

Nous n’avons pas d’étiquetage particulier pour les investissements durables car tous nos produits le sont, grâce à un processus ESG inscrit depuis plusieurs années dans notre démarche de construction des investissements.

On entend dire qu’avec la crise, la gouvernance - le G de ESG - a pris le pas sur les autres critères. Le constatez-vous?

Non, je n’ai personnellement constaté aucune préférence, ni aucun changement.

D’après vos observations, quels sont les actifs les plus et les moins touchés par la crise?

Aucune surprise, le pétrole a été durement touché, tandis que l’or et les bons du Trésor américain sortent vainqueurs. Nous avons pu observer beaucoup de volatilité sur les actions, en particulier dans les secteurs du transport aérien et du tourisme mais nous observons déjà un redressement des prix. Sur les taux, la dette émergente a été plus durement pénalisée que ne le justifient ses fondamentaux. Les obligations scandinaves et les convertibles (en raison de leur asymétrie) ont offert une certaine stabilité. Bien entendu, la qualité de l’actif reste essentielle.

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