Qiibee n’est encore qu’une start-up, mais les ambitions sont élevées. Notamment dans le luxe et l’horlogerie. Le point avec le CEO Gabriele Giancola.
Qiibee présente le profil parfait de l’IT 4.0, le business plan caparaçonné de tout le wording du moment: écosystème, loyalty market, blockchain, cryptomonnaie. La société dont le nom est inspiré de l’abeille, bee, (le «Qii» n’est là que pour la consonance) a été créé en 2016 par Gabriele Giancola (CEO, 34 ans) et son frère Gianluca, avec siège à Zoug et une équipe décentralisée de 12 collaborateurs.
Le financement est pour l’instant très suisse (business angels et venture capital), une seconde levée de fonds en passe d’être bouclée devrait marquer l’entrée d’investisseurs plus globaux – à suivre – et accélérer l’expansion, en particulier dans le secteur du luxe, en commençant plus spécifiquement par l’horlogerie.
La start-up entame sa seconde phase stratégique. Qiibee a commencé par développer des programmes de fidélisation spécifiques, pour les CFF, Burger King ou Zalando. L’objectif est maintenant de monter à l’échelon supérieur et de créer un écosystème complet, avec app et cryptomonnaie.
dans un écosystème où le client serait libre de circuler et d’échanger.»
Je le formulerais ainsi: c’est une manière de renforcer la valeur d’une relation entre un client et un fournisseur en récompensant certains comportements.
Le principe est très traditionnel, en effet, mais l’évolution technologique est déterminante.
La technologie permet de faire de ce vieux principe une véritable expérience client, facile, agréable, évidente, fun. Exactement comme cela s’est passé dans le gaming: la technologie a transformé et professionnalisé ce qui n’était qu’un passe-temps.
On estime qu’il existe plus de 10'000 programmes de fidélisation dans le monde, tous construits sur leur propre base de données et leur propre système. Notre idée est de réunir ces programmes totalement fragmentés, de les connecter dans un écosystème où le client serait libre de circuler et d’échanger. La technologie blockchain rend cette transition possible.
Bon exemple. Certes, Miles & More est un programme de fidélisation à grande échelle, mais qui reste exclusif, réservé à certaines compagnies. Avec une procédure d’intégration longue, compliquée et coûteuse. La procédure prend entre six et neuf mois et le candidat doit déjà avoir une certaine échelle pour être accepté.
sur la tradition et il est possible de repousser les lignes.»
Le premier objectif est de simplifier toute la procédure. L’implémentation ne prend que quelques jours et nous sommes capables de couper jusqu’à 90% des coûts d’intégration par rapport à un programme de fidélisation traditionnel.
En réalité nos tokens ne sont pas liés à la cryptomonnaie. Ces jetons sont créés pour une marque en particulier et ne sont utilisables que dans l’écosystème Qiibee. L’objectif est avant tout de se concentrer sur l’aspect business pour les marques. Nous n’intervenons pas auprès de la clientèle finale, nous n’apparaissons pas. Il s’agit au final d’une relation tout à fait classique entre un client et une marque.
Nous voulons travailler avec des marques d’une certaine taille, mais il est trop tôt pour définir un segment strict. L’objectif des 12-24 prochains mois est d’engranger des données et voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Le marché de la fidélisation à travers la blockchain n’existe pas, nous sommes en train de le construire.
Parce que l’horlogerie est un secteur encore fortement centré sur la tradition et qu’il est possible de repousser les lignes. De mixer la tradition et l’innovation. Ceux qui achèteront des montres de luxe dans 10 ou 20 ans ont 25 ans aujourd’hui, mais jusqu’à quel point peut-on intéresser cette nouvelle génération en restant aussi conservateur? Plus de digitalisation, plus de fun!