A la conquête du monde

Salima Barragan

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«La fusion avec Arche Associate au Luxembourg répond à une démarche de service à la clientèle», déclare le CEO de Stanhope Capital Daniel Pinto.

Arche Associate est une société que Stanhope Capital connait bien pour avoir travaillé avec durant de longues années. Elle est une pionnière de la gestion de fortune et du Family Office dans le Grand-Duché. Annoncé fin 2022, l’accord de fusion entre les deux entités confirme l’expansion internationale du groupe, après une première opération en 2021 avec le gestionnaire américain FWM Holding (propriétaire de Forbes Family Trust). Les deux rapprochements combinés permettront à la société, également basée à Genève, de superviser plus de 30 milliards de dollars d’encours et d’employer 160 personnes au sein de ses 8 bureaux à travers le monde. Entretien avec le CEO de Stanhope Capital Daniel Pinto.

Pouvez-vous revenir sur le contexte de la fusion annoncée avec Arche Associate?

Arche Capital est une société que Stanhope connait bien pour avoir travaillé avec durant de longues années. Nous avons pu apprécier la qualité de la gestion de cette structure de 20 personnes dédiée à la clientèle privée européenne. Elle a deux pôles d’activité:la gestion de fortune et les services de family office dédiés à des familles très fortunées. Arche est le premier acteur au Luxembourg à avoirs obtenu le visa de multi-family office; un sésame réglementaire émis par le Ministère des Finances et qui permet d’exercer l’activité réglementée de Family Office.

Pourquoi visez-vous le marché du Luxembourg, davantage connu pour ses SICAV que pour la gestion de fortune?

Depuis une dizaine d’années, le métier de gestion de fortune se développe également au Luxembourg, car les grandes familles européennes souhaitent y avoir leur family office. Ainsi cette opération nous permet de mieux nous exposer à la clientèle européenne.

Le monde se complexifie. Chaque pays au sein de l’Union Européenne est régi pas ses propres règles de compliance, – et au-delà, encore plus.
Cette fusion succède à celle avec l’américain FWM Holding en 2021. Partez-vous à la conquête du monde?

Stanhope croît de façon organique, mais aussi par acquisitions et rapprochements, après le rapprochement avec le family office américain que vous citez. Nous avions par cette opération ajouté un pôle américain à notre couverture. Et Arche nous ouvre un autre marché. Les deux rapprochements combinés nous permettront de superviser plus de 30 milliards de dollars d’avoirs sous gestion et d’employer 160 personnes au sein de nos 8 bureaux à travers le monde.

Pourquoi l’expansion internationale est-elle peu courante dans l’industrie des gérants indépendants suisses?

Le développement international requière de la flexibilité afin de s’adapter aux besoins hétérogènes des clients en fonction de leur domicile. Un client américain n’investit pas de la même manière qu’un Français ou un Suisse: son exposition en actions et en actifs alternatifs sera bien plus importante que ses pairs continentaux. Il est difficile pour des gérants indépendants suisses – ou d’ailleurs – d’accepter d’être flexible dans la philosophie d’investissement.

Le cadre légal différent de chaque pays explique-t-il aussi cette réticence à s’implanter sur des marchés étrangers?

Le monde se complexifie. Chaque pays au sein de l’Union Européenne est régi pas ses propres règles de compliance, – et au-delà, encore plus. Les petits acteurs ont de la peine à s’adapter à toutes ces règlementations, souvent en raison du manque de ressources nécessaires.

Pourquoi l’expansion vous tient-elle à cœur?

Lorsque vous servez un client – qu’il soit basé à Londres ou à Genève – la question reste la même: où trouver les meilleurs investissements? Cette question ne devrait pas être biaisée par le domicile du client. À titre d’illustration, le marché américain a enregistré une performance de plus de 250% depuis la Grande Crise, alors qu’elle tombe à 85% en Europe. Nous souhaitons donc détenir une partie non négligeable de nos portefeuilles investis aux USA; et c’est plus évident en ayant nos propres équipes sur place pour sélectionner les meilleurs investissements locaux. Les perles du monde de Private Equity américain sont difficilement accessibles sans des équipes d’investissement sur le terrain. Ce n’est pas une démarche «corporate» qui nous anime quand nous parlons d’expansion, mais la volonté de mieux servir les clients.

Quel regard portez-vous sur l’industrie?

La gestion de fortune est polarisée entre deux extrêmes. D’un côté les grandes banques privées qui ont de vastes ressources mais qui sont teintées par la vente de produits d’investissement qui engendrent des conflits d’intérêts. De l’autre, des centaines de gérants indépendant dépourvus de conflits d’intérêt mais qui n’ont le plus souvent pas les ressources nécessaires pour couvrir toutes les classes d’actifs à travers le monde. Ces dernières ont la vertu, mais pas les ressources. Stanhope Capital est l’un des rares acteurs capables d’offrir le meilleur de ces deux mondes.

Quelles sont les prochaines étapes de votre développement international?

Nous couvrons le monde géographique, mais avons encore quelques efforts à poursuivre afin d’être mieux exposés en Asie. Des réflexions afin d’accroitre nos capacités et d’investir de manière intelligente sur ce marché sont sur la table.

Et pour la Suisse, votre second marché de prédilection après la Grande-Bretagne?

Basés à Genève, nous explorons des possibilités de rapprochement avec un nombre important de sociétés indépendantes sis à Zurich, où nous aimerions nous implanter. La Suisse alémanique constitue un marché différent de la Romandie et suscite notre intérêt.

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