Garder une attitude prudente en matière de crédits hypothécaires

Yves Hulmann

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Daniel Wenger, le nouveau directeur de la Banque Cantonale de Fribourg, privilégie la qualité du portefeuille plutôt qu’une augmentation du bilan.

Malgré la crise sanitaire, la Banque Cantonale de Fribourg (BCF) est parvenue à légèrement améliorer son bénéfice à 133,3 millions de francs (+1,3%) en 2020. Sur ce montant, 69,9 millions de francs seront versés au canton, aux communes et aux paroisses du canton. En raison de la crise sanitaire, un versement supplémentaire et extraordinaire de 8 millions de francs a été octroyé à l’Etat pour soutenir les mesures cantonales liées à la pandémie, a indiqué jeudi la BCF à l’occasion de la publication de ses résultats annuels. 

Le bilan a augmenté de 2,1 milliards de francs pour s’élever à 26,7 milliards de francs, en hausse de 8,4%. A l’actif, les créances hypothécaires ont atteint 17 milliards de francs, en augmentation de 4,9%. Au passif, les dépôts de la clientèle, toutes formes confondues, ont progressé «de manière exceptionnelle» de 1,5 milliard de francs à 15,9 milliards (+10,4%), a relevé la banque dans son communiqué. 

Notre mission première consiste à continuer de soutenir et accompagner
nos clients, en particulier les commerçants et entreprises locales en difficulté.»

Du côté du compte de résultat, le résultat net des opérations d’intérêts a légèrement progressé de 0,3% pour s’établir à 235,8 millions de francs, tandis que le résultat des opérations de commissions et de prestations de services a, lui, augmenté de 1,5% pour atteindre 31,6 millions de francs. En revanche, le résultat des opérations de négoce, composé essentiellement des produits de devises, de change et des métaux précieux, a reculé de 16,7% à 8,4 millions de francs.

Le début de l’année 2021 est également marqué par le passage de témoin au sein de la direction de la BCF. Entré en fonction en janvier, Daniel Wenger, le nouveau président de la direction générale, succède à Edgar Jeitziner qui prendra sa retraite fin février. Entretien avec Daniel Wenger.

Vous dirigez la Banque Cantonale de Fribourg (BCF) depuis janvier. Quelles seront vos priorités à la tête de l’établissement au cours des prochains mois?

Je suis actuellement dans une phase d’observation afin de bien comprendre la banque d’un point de vue interne mais également externe. Je suis en train d’analyser les différentes divisions de la banque. Notre mission première consiste à continuer de soutenir et accompagner nos clients, en particulier les commerçants et entreprises locales en difficulté en raison de la crise sanitaire actuelle.

A l’instar de nombreuses autres banques cantonales, la BCF dépend beaucoup du marché hypothécaire, qui a continuellement progressé ces dernières années. Quelle est votre approche concernant l’évolution du marché hypothécaire pour l’année 2021 et les suivantes?

La BCF a toujours adopté une attitude prudente s’agissant des crédits hypothécaires. Nous nous attendons à une croissance mesurée avec pour objectif de nous concentrer sur la qualité du portefeuille plutôt qu’une augmentation du bilan. 

«L’arrivée d’un nouvel acteur de l’importance de PostFinance
ne sera pas sans impact sur le marché hypothécaire.»
Lundi dernier, le directeur de PostFinance, Hansruedi Köng, annonçait viser un volume de 50 milliards de francs de crédits immobiliers à moyen terme. S’agit-il juste d’un concurrent de plus sur le marché hypothécaire en Suisse ou redoutez-vous une pression supplémentaire sur les prix dans ce domaine?

Nous avons pris acte de l'annonce faite par le Conseil fédéral concernant la privatisation de PostFinance ainsi que des objectifs annoncés par PostFinance. L’arrivée d’un nouvel acteur de l’importance de PostFinance ne sera pas sans impact sur le marché hypothécaire.

Prévoyez-vous de mettre en place une politique plus prudente en matière d’octroi de crédits si la situation économique devait se dégrader au cours des prochains mois?

Nous avons toujours appliqué une politique prudente en matière d’octroi de crédits et nous sommes sereins quant à la qualité de notre portefeuille hypothécaire. Nous restons attentifs à l’évolution de la situation économique en cette période singulière et continuerons de soutenir les commerçants et entreprises locales par le biais de divers outils.

«La BCF a longtemps résisté à appliquer les taux négatifs.»
Beaucoup d’établissements bancaires suisses incitent leurs clients à davantage investir dans des produits de placement, plutôt que de conserver des liquidités. Quelle est la stratégie de la BCF en la matière?

Nous abordons ce sujet d’une manière proactive avec et dans l’intérêt de nos clients. Nous examinons la situation particulière de chaque client afin de pouvoir lui offrir la solution la plus adaptée. Dans le contexte actuel, nous orientons nos clients vers des investissements diversifiés dans des fonds, des mandats de gestion, des mandats de conseil, des comptes à terme ou bons de caisse.

A partir de quel seuil, les taux négatifs sont-ils répercutés à la clientèle? Des adaptations sont-elles prévues?

La BCF a longtemps résisté à appliquer les taux négatifs. Nous avons néanmoins commencé l’année dernière de facturer d’une manière ciblée des taux négatifs.

La BCF est «CO2 neutre» depuis 2013. Comment ce bilan est-il calculé?

La compagnie Climate Services SA, accréditée par la Fondation Carbon Fri pour la quantification des émissions CO2 et la validation des plans d'action des entreprises, a établi le bilan CO2 de la BCF. Le périmètre du projet ainsi que les sources d'émissions ont été définis selon les principes du Greenhouse Gas Protocol Corporate Accounting and Reporting Standard (Revised Edition) d’après la norme ISO 14064-1.

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