Ethos rejoint la plateforme lemania-pension hub

Emmanuel Garessus

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Un fonds Ethos géré par la BCV étoffera la plate-forme de prévoyance, indiquent Pasquale Zarra, de lemania-pension hub, et Vincent Kaufmann d’Ethos.

Vincent Kaufmann, CEO d’Ethos

 

La plateforme digitale de prévoyance lemania-pension hub créée à Genève en 2018, prend pied dans le canton de Vaud. Elle annonce en effet un partenariat avec le fonds d’allocation stratégique Ethos Sustainable Balanced 33 géré par la BCV. Comme indiqué dans son communiqué, «après le choix d’Edmond de Rothschild (Suisse) SA, comme banque dépositaire et partenaire stratégique, et de Mirabaud Asset Management Suisse SA, comme gérant OPP2, lemania-pension hub poursuit activement son expansion avec cette nouvelle collaboration». Pasquale Zarra, CEO du lemania-pension hub, et Vincent Kaufmann, CEO d’Ethos, répondent aux questions d’Allnews:

Quel est l’intérêt pour Ethos de rejoindre lemania-pension hub?

Vincent Kaufmann (VK): Nous sommes très satisfaits que notre fonds balancé Ethos Sustainable Balanced 33 ait été sélectionné dans le cadre d’un processus visant à identifier une solution de placement pour les assurés de lemania. Nous partageons plusieurs points communs, sur la gouvernance, les relations entre la Fondation et la société opérationnelle et la vision de l’investissement à long terme pour les assurés. Les assurés pourront choisir ce fonds durable parmi d’autres solutions de placement.

«Pour lemania-pension hub et les assurés qui souscriront à ce fonds, c’est la garantie d’investir dans une solution qui respecte les principes de durabilité d’Ethos.»

Quelles sont les particularités du fonds Ethos Sustainable Balanced 33?

VK: Ce fonds balancé (avec 33% en actions et 66% en obligations) est le seul fonds balancé de la gamme Ethos. Il s’agit d’un fonds de fonds dont la BCV assure la gestion financière en sélectionnant différents autres fonds de la gamme Ethos. Pour lemania-pension hub et les assurés qui souscriront à ce fonds, c’est la garantie d’investir dans une solution qui respecte les principes de durabilité d’Ethos, qui répond à nos critères d’exclusion et qui exerce les droits de vote aux assemblées générales conformément à nos lignes directrices (pour la partie en actions).

Quelle a été sa performance et la taille des actifs?

VK: La performance historique a été bonne. Celle de sa composante actions a été très satisfaisante puisqu’elle s’approche de la performance d’un indice comprenant 40% en actions. Nous avons de bons rendements pour le sous-fonds en actions suisses et pour celui des obligations. Un compartiment a un peu souffert, celui des actions internationales, en raison de la hausse des valeurs fossiles et de l’armement en 2022 et 2023, deux secteurs que nous excluons, et de notre sous-pondération de la «Big Tech» en raison des mauvaises notes ESG de certains de ses acteurs.

En termes d’actifs, nous sommes un peu déçus, puisque ce fonds plafonne entre 20 et 30 millions de francs. Il est vrai que les avoirs des caisses de pension sont souvent gérés par des banques, lesquelles n’aiment guère investir dans des solutions toutes faites. Le partenariat avec lemania-pension hub est une bonne nouvelle sous cet angle.

Au total, avec la BCV, nous avons plus de 2,5 milliards d’actifs sous gestion auxquels il faut ajouter 916 millions avec le fonds Vontobel Small & Mid Caps et 43 millions dans le fonds «Clartan-Ethos ESG Europe Small & Mid Cap».

Quelles sont les caractéristiques durables du fonds?

VK: Elles dépendent des différentes classes d’actifs.. Dans les actions, toutes les poches respectent les critères d’exclusion d’Ethos. Les critères «best in class» sont aussi appliqués à la plupart des composantes. Et la plupart comprennent le rating «carbone» d’Ethos qui permet de réduire l’empreinte CO2 par rapport à l’indice de référence. Nous appliquons aussi nos principes d’actionnariat actif (droits de vote Ethos) et de dialogue actionnarial (l’engagement). Pour la partie obligataire, nous appliquons un filtre ESG qui autorise le gérant à investir uniquement dans les meilleures notes.

Pourquoi lemania-pension hub a-t-il porté son choix sur ce fonds Ethos?

Pasquale Zarra (PZ): Ce fonds nous permet d’étoffer notre gamme de produits aux assurés et de diversifier notre offre, sachant que nous n’avions pas encore de fonds répondant aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Or nous partageons de nombreuses valeurs avec Ethos. L’un des critères consistait à identifier un fonds durable géré en fonction des règlements de la prévoyance professionnelle (OPP2). Avec un pourcentage de 33% en actions du fonds Ethos, il correspond à l’une des solutions les plus appréciées des assurés.

Est-ce que lemania-pension hub cherchera un partenaire pour des fonds balancés avec d’autres pourcentages en actions?

PZ: Nous n’avons pas d’autres projets en ce sens. Il faut savoir que le besoin de disposer d’un fonds OPP2 est une contrainte majeure. Mais nous restons ouverts à d’autres opportunités.

Quel est le rôle de la BCV dans ce partenariat?

VK: La BCV est, depuis 2020, responsable de la gestion financière de la grande majorité des fonds Ethos, dont celui du fonds Ethos Sustainable Balanced 33. L’ombrelle Ethos est présente chez Gérifonds et la gestion de la plupart des compartiments sont chez BCV Asset Management, à l’exception du fonds «Clartan-Ethos», dont la gestion est assurée par Clartan Associés, et du fonds Ethos Swiss Mid&Small Caps, qui est aussi dans le fonds balancé et qui est géré par Vontobel. Ce fonds va fêter ses 20 ans cette année et dispose actuellement de 916 millions de francs d’actifs. L’alliance avec lemania-pension hub exprime la concrétisation de notre partenariat avec la BCV.

PZ: La participation de la BCV à cet accord envoie un signal fort au marché puisque c’est l’un des plus grands établissements du pays. Elle traduit aussi l’intention que nous avions formulée d’entrer en terres vaudoises.

«La question consiste à savoir si nous cherchons à avoir un impact positif ou seulement à obtenir une performance financière positive en gérant les risques ESG.»

Quelle est la prochaine étape du développement d’Ethos dans la gestion d’actifs?

VK: Ethos dispose de plusieurs lignes de services dédiées à la durabilité. Un nouveau fonds, sur le climat, vient d’être autorisé à la commercialisation. Pour nous démarquer de la concurrence, nous nous profilons de plus en plus sur le créneau des solutions offrant un haut degré de conviction en matière de durabilité. Pour nous adresser aux caisses de pension, il faut présenter un historique de rendement assez long. Aujourd’hui, les institutions de prévoyance apprécient plutôt les solutions indicielles. Pour satisfaire ce segment de clientèle, nous venons de lancer un indice ESG avec la bourse suisse, le Swiss Responsible Equity Index. La capacité d’introduire notre marque sur des produits durables nous permet d’élargir notre public.

Quelle est la croissance des fonds gérés chez lemania-pension hub et votre prochaine étape?

PZ: Nous administrons environ 220 millions de francs. A l’avenir, nous souhaitons poursuivre la croissance des avoirs de prévoyance qui nous sont confiés à hauteur de 50 à 70 millions de francs par an. Au niveau de notre développement opérationnel, nous venons de changer l’administrateur de nos fondations avec la nomination au 1er janvier 2024 de la société Gestion de Caisse de pension - GCP à Cortaillod. En ce moment, nous sommes en train de finaliser ce processus qui se déroule parfaitement par rapport à la planification prévue. L’objectif est de continuer à simplifier et à automatiser toujours plus nos processus de gestion numérique des données de cycle de vie de nos assurés «client life cycle management». En 2024, nous entendons également rendre disponible à nos assurés et à nos intermédiaires financiers agrées notre «cockpit de gestion».

Les discussions sur l’avenir des fonds durables vous amènent-elles à modifier votre stratégie?

VK: En Europe et en Suisse, la réglementation encourage une transparence accrue. Toute l’industrie devra prendre garde à la façon de déclarer et de définir les fonds de placement. Le but consiste à éviter le greenwashing. Aujourd’hui, l’industrie qualifie parfois trop hâtivement de durable des fonds sans réel impact.

La question consiste à savoir si nous cherchons à avoir un impact positif ou seulement à obtenir une performance financière positive en gérant les risques ESG. Selon nous, un fonds dit durable devrait toujours chercher à atteindre cette double matérialité. Je trouve que ces développements sont positifs.

Cela nous amènera peut-être à revoir des approches historiques telles que les «best in class» pour être sûrs que les sociétés détenues dans nos fonds cherchent à avoir un impact positif. Nous nous préparons à ces changements également en introduisant de nouveaux outils d’analyse. Nous avons, depuis 2 ans, une nouvelle technologie qui détermine la part «verte» du chiffre d’affaires, selon nos critères. Nous surpondérons les secteurs avec un impact positif (notamment les énergies renouvelables, santé, éducation) et évitons les secteurs à impact négatif. En juin, nous avons enfin lancé une nouvelle méthode d’analyse environnementale des sociétés en regardant la crédibilité de leur stratégie climatique d’ici 2050.

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