Dans les starting-blocks pour le pivot

Salima Barragan

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Lorsque la Fed basculera sa politique monétaire, la technologie reviendra en force. Avec Rebecca Chesworth de State Street Global Advisors.

Soyez prêts avant le pivot de la Réserve fédérale, qui est le point de retournement de sa politique monétaire restrictive. A partir de cette occasion, les investisseurs rechercheront à nouveau les thèmes de croissance qui avaient longtemps prédominé. Selon Rebecca Chesworth de State Street Global Advisors, la baisse des attentes en matière de taux d'intérêt combinée aux poches de liquidités prêtes à être déployées redonneront un nouvel élan au secteur technologique. Entretien.

Comment les investisseurs institutionnels sont-ils actuellement positionnés?

Nous avons assisté à l'achat de valeurs défensives telles que les biens de consommation de base, comme les producteurs d’alimentation et de boissons, ainsi que les soins de santé. Les sorties des financières américaines observées sont dues à la détérioration attendue des conditions économiques au niveau mondial et à l'inversion de la courbe des taux aux États-Unis, même si les premiers signes d’un retournement de tendance apparaissent chez les investisseurs institutionnels. Les investisseurs institutionnels ont adopté une posture d'aversion au risque, revenant à une position neutre dans la plupart des régions. Cela se reflète dans la vente de l'exposition surpondérée aux États-Unis ainsi que dans l'achat de l'Europe sous-exposée, y compris au Royaume-Uni et dans les pays émergents. Globalement, les investisseurs restent légèrement positionnés, avec des liquidités colossales.

Les groupes pétroliers réinjectent leurs profits dans les énergies renouvelables via leurs propres investissements ainsi que par des fusions et acquisitions.
Comment devraient-ils utiliser ces liquidités afin de tirer parti du pivot de la Fed, qui est le point de retournement de sa politique monétaire restrictive?

Les secteurs constituent un bon moyen de jouer un marché qui bouge très vite. La technologie devrait revenir en force après une forte baisse. Il en est de même pour les financières européennes même si les investisseurs ont l’impression qu’elles sont plus risquées. Elles ont affiché des résultats généralement solides alors que leurs valorisations sont très basses. Bien que les bancaires vont réduire leur activité de prêts en raison de la récession, les assurances, peu volatiles, devraient contrebalancer les banques.

Comment déterminer le bon moment pour rentrer à nouveau sur le thème de la croissance?

On ne sait pas encore quand aura lieu le pivot, mais nous avons pu observer que le marché des actions anticipe généralement les mouvements de taux de la Fed de six mois environ. Mais nous observons attentivement le comportement des investisseurs qui en dit souvent long. Ces derniers devront deviner les futurs agissements de la Fed et d’autres banques centrales dans les mois à venir. Nous avons décelé des changements d’allocation en octobre, mais pas auprès des institutionnels qui donnent en général le ton. Les rendements des obligations restent aussi d’excellents indicateurs pour déterminer le moment propice. Nous sommes dans un marché étrange où les mauvaises nouvelles deviennent de bonnes nouvelles, et où les bonnes nouvelles deviennent les mauvaises.

D’ici là, alors que la récession se fait de plus en plus menaçante, quels sont vos secteurs d’intérêt du moment?

Nous restons convaincus que la santé, qui était sous-représentée il y a à peine plus d’un an et qui souffre beaucoup moins que d’autres secteurs de la récession imminente, ainsi que l’énergie, qui semble a priori à contre-courant, restent de bons secteurs où se réfugier.

Il ne faut donc pas prendre des profits sur l’énergie qui a bien marché cette année?

Nous aimons toujours ce secteur parce que l’OPEP exerce sa contrainte sur le marché, et que les États-Unis sont en train de consommer leurs réserves stratégiques , ce qui signifie que l’approvisionnement demeure tendu. En raison de la récession, la demande en hydrocarbures pourrait baisser, mais c’est sans compter la Chine qui va probablement rouvrir son économie et stimuler la demande mondiale.

En raison des implications écologiques de l’énergie fossile, beaucoup d’investisseurs étaient sous-investis, mais avec les événements récents, l’aspect social est davantage pris en compte, tout comme l’environnemental. Il faut aussi savoir que les groupes pétroliers réinjectent leurs profits dans les énergies renouvelables via leurs propres investissements ainsi que par des fusions et acquisitions.

Quelles sont les implications d’un dollar fort sur les secteurs?

Dans cette optique, l’Europe offre des perspectives de gains: nous avons vu des investisseurs davantage concentrés sur les entreprises européennes de la santé et de l’énergie au détriment de leurs pairs américaines, d’autant plus que le dollar ne va pas se retourner de si vite.

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