Cryptos: 1% minimum

Anne Barrat

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Pour Marcelo Sampaio de Hashdex, le nouvel émetteur admis en Suisse: «Même si vous détestez les cryptos, investissez au moins 1%, ou vous finirez par vous haïr vous-même».

A l’occasion du lancement de l’ETP Hashdex Nasdaq Crypto Index Europe (HCNIE) sur le SIX Marcelo Sampaio est revenu sur le parcours de Hashdex, la société de crypto qu’il a créée en 2018 à Rio de Janeiro et qui a lancé le premier tracker sur un indice, le Hashdex Nasdaq Crypto Index, co-développé avec le Nasdaq début 2021. Le gérant d’actifs afficha connu un véritable succès auprès des investisseurs aussi bien individuels qu’institutionnels, qui lui permet d’afficher aujourd’hui un encours de 750 millions de dollars. C’est la Suisse que l’émetteur brésilien, également présent à New York, a choisie pour comme hub européen de son expansion à l’international. Pour une gestion indicielle et thématique des actifs cryptos avec le Brésilien francophone Marcelo Sampaio, CEO et co-fondateur de Hashdex.

Comment expliquez-vous le succès remporté par le tracker Hashdex sur l’indice Nasdaq Crypto Index, un produit a priori plus compliqué que les déjà classiques et nombreux ETP sur Bitcoin ou Ethereum?

D’une part, parce que les investisseurs, en particulier les institutionnels, sont très demandeurs d’une exposition aux actifs cryptos qui permettent de réduire le risque autant que possible. L’approche indicielle de la gestion des actifs cryptos répond non seulement à cette volonté, mais aussi à celle de diversification, les deux étant liés. Nous sommes convaincus depuis que nous avons créé Hashdex que les investisseurs veulent plus que des trackers adossés à une seule cryptomonnaie. Qui est avant tout un point d’entré mais dont ils se lasseront. C’est dans cet esprit que nous avons concentré tous nos efforts sur le développement de solutions offrant une double exposition, d’une part à des paniers de cryptomonnaies qui combinent diversification et décorrélation, d’autre part aux thèmes les plus porteurs d’une industrie qui croît très vite, aujourd’hui la Finance décentralisée et les smarts contrats, demain le web 3.0 etc.

«La collaboration avec la première bourse technologique mondiale a incontestablement contribué à aiguiser l’appétit des investisseurs, séduits par la marque Nasdaq.»

D’autre part, la collaboration avec la première bourse technologique mondiale a incontestablement contribué à aiguiser l’appétit des investisseurs, séduits par la marque Nasdaq, à la fois rassurante et associée à l’innovation. Derrière cette image justifiée se cache un véritable savoir-faire qui s’est illustré dans la méthodologie que les équipes de Nasdaq ont mise au point pour construire le HCNI. Cet indice repose aujourd’hui sur huit cryptomonnaies sous-jacentes avec un système de pondération lié à la capitalisation boursière de ces dernières; la composition est revue tous les trimestres. Nasdaq nous a également accompagné dans l’adaptation européenne de l’indice, rendue nécessaire par des règles d’éligibilité sensiblement différentes. Les trackers de ces deux indices, le HNCI et le HNCIE, sont appelés à devenir des «must» de la gestion beta dans l’univers crypto.

Pensez-vous que cette stratégie indicielle rencontrera le même succès en Europe?

Sans aucun doute. Nous sommes partis d’une page blanche en lançant HASH11 – l’ETF adossé au HNCI – sur la bourse brésilienne B3 en février 2021. Un an plus tard, nous comptions 260’000 investisseurs, dont 40% d’institutionnels et 60% d’individuels. L’Europe, la Suisse en particulier, est prêt pour accueillir une solution d’investissement crypto disruptive à l’échelle régionale. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: Hashdex est le 12e émetteur à avoir été accepté par le SIX Swiss Exchange, qui cote actuellement plus de 160 ETP cryptos. Ce segment a connu une forte croissance du nombre de transaction en 2021 – 354’542 au total soit six fois plus qu’en 2020 – ainsi que du volume d’affaires généré – 8,6 milliards de francs en 2021 contre 1,1 milliard de francs en 2020, soit une augmentation de 673%. Il est particulièrement intéressant de noter que la grande majorité de ce volume d’affaires (71,8% en 2021 contre 33,1% en 2020) a été réalisé par des ETP cryptos, signe de la préférence des investisseurs pour des solutions sécurisées et collatérisées. Essentiellement adossés à une seule devise crypto (le bitcoin en particulier), ils représenteront très prochainement un panier ou un indice d'actifs cryptos.

«Le SIX Swiss Exchange se distingue à nos yeux comme l’un des tout premiers marchés réglementés au monde pour la classe d’actifs des cryptos.»
Pourquoi avoir retenu le SIX et, plus généralement, la Suisse comme point d’entrée en Europe?

Précisément pour le dynamisme de l’activité crypto sur le SIX Swiss Exchange, qui se distingue à nos yeux comme l’un des tout premiers marchés réglementés au monde pour cette classe d’actifs. Nulle part en Europe une bourse ne propose aujourd’hui une telle diversité de produits cryptos – 236 exactement, basés sur 18 cryptomonnaies différentes. Ce dynamisme est indissociable de l’avance qu’affiche la Suisse en matière de cadre juridique et fiscal pour les gérants et les actifs cryptos. La Crypto Valley suisse est une preuve tangible de cette avance à laquelle elle contribue.

Quels sont vos projets pour ce développement européen?

Nous avons l’intention de non seulement déployer la gamme de solutions que nous proposons outre-Atlantique et qui nous a permis de devenir le premier gérant d’actifs cryptos en Amérique latine – HASH 11 et DEFI 11, l’ETP dédié à la finance décentralisée que nous venons de lancer sur le B3 –, mais aussi de continuer à étoffer cette gamme avec de nouvelles solutions d’investissement thématiques. C’est pour nous la meilleure manière de satisfaire les attentes des investisseurs européens et de nous démarquer d’une concurrence aussi fragmentée que féroce dans la région.

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