Il y a de moins en moins de banques privées en Suisse. Analyse de l’impact des rapprochements bancaires sur Genève avec Edouard Cuendet de la Fondation Genève Place Financière.
Le nombre d’établissements bancaires suisses est en repli. Selon une étude de KPMG parue en fin d’été, le nombre de banques privées opérant en Suisse est passé de 101 à 96 entre début 2020 et mi-2021. Une fois que les transactions de fusion-acquisition déjà annoncées seront réalisées, il n’en restera que 93. Comment Genève, deuxième place financière du pays, est-elle affectée par cette tendance? Les réponses d’Edouard Cuendet, directeur de la Fondation Genève Place Financière, en marge de la publication de l’enquête conjoncturelle 2021-2022 et de la conférence annuelle de la fondation.
La consolidation est un phénomène constant dans une industrie compétitive. Entre 2017 et 2020, le nombre d’établissements bancaires à Genève a passé de 104 à 92.
Sur la même période, l’emploi purement bancaire a enregistré une légère baisse, de 18'341 à 17'366 postes. En revanche, si l’on prend en considération l’ensemble du secteur financier, le nombre de collaboratrices et de collaborateurs a augmenté de 35'582 à 35'617. A cela s’ajoute que le taux de chômage est resté très stable. Ces éléments démontrent qu’il existe un effet de vases communicants entre le secteur bancaire au sens strict et la place financière plus globalement. Ceci constitue un point positif, dans la mesure où les compétences élevées du personnel bancaire sont conservées à Genève. Par ailleurs, dans le processus de consolidation, du point de vue de la Fondation Genève Place Financière, il est important que les établissements consolidateurs aient leur centre de décision dans le canton.
Il est difficile d’évaluer l’impact précis sur le total des actifs gérés. En tout état, l’enquête conjoncturelle 2021-2022 révèle que tous les établissements, quelle que soit leur taille, ont vu leur masse sous gestion augmenter de manière significative.
Les résultats de l’enquête conjoncturelle 2021-2022 montrent que le domaine bancaire et financier fait partie des industries qui ont fait preuve d’une remarquable résilience durant la crise économique engendrée par la pandémie de Covid-19. Plusieurs indicateurs démontrent la bonne santé de ce secteur: le bénéfice net et les apports nets de fonds sont en augmentation au premier semestre 2021. L’attrait pour la place financière genevoise est confirmé au Moyen-Orient et la masse sous gestion en provenance de la clientèle européenne est en hausse. Pour 2022, les acteurs financiers se montrent optimistes et anticipent une augmentation de leurs effectifs.
La finance durable est largement intégrée aujourd’hui dans le modèle d’affaires des établissements présents à Genève. Cette tendance de fond va encore s’intensifier. Les banques et autres intermédiaires financiers proposent déjà une large gamme de produits conformes aux critères ESG, en appliquant diverses stratégies de placements («best in class», impact, exclusion, engagement). Ce phénomène ressort des chiffres publiés par Swiss Sustainable Finance en juin 2021 qui font état d’une croissance de 31% entre 2019 et 2020 des actifs gérés de manière durable. Cela représente plus de CHF 1'500 milliards. Genève occupe une position unique en regroupant sur son sol les organisations onusiennes, de très nombreuses ONG, un secteur académique de pointe et une place financière de premier plan. Toutes ces parties prenantes, auxquelles s’ajoutent la Confédération, le Canton et la Ville de Genève, ont uni leur expertise dans le cadre de l’initiative «Building Bridges» dont la seconde édition se tiendra fin novembre 2021.
Les gérants indépendants représentent un atout important pour la Place genevoise. Ils emploient plus de 3'000 collaboratrices et collaborateurs et participent depuis le début à notre Enquête conjoncturelle annuelle. Compte tenu de l’entrée en vigueur récente de la LSFin/LEFin et des délais transitoires prévus par cette législation, il est encore trop tôt pour se prononcer sur son impact éventuel.
Comme on a pu l’observer dans le domaine bancaire, la spécialisation touche aussi les gestionnaires de fortune indépendants. Certains d’entre eux se concentrent sur la gestion privée, d’autres sur l’asset management et d’autres encore proposent des fonds de placement, par exemple dans l’immobilier. Les compétences et les modèles d’affaires sont donc très diversifiés.
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