Allianz Suisse: le bon élève du groupe Allianz

Philippe Rey

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La fusion d’Elvia, de la Bernoise Assurance et d’Allianz Schweiz pour créer Allianz Suisse en 2002 apparaît fructueuse jusqu’ici dans un marché compétitif. Entretien avec Stefan Rapp.

Une des meilleures filiales de l’assureur allemand Allianz SE, Allianz Suisse le doit à une allocation du capital et à une gestion du risque disciplinées, comme l’explique son directeur financier Stefan Rapp. C’est un impératif ainsi que d'être à l'écoute des clients et d'avoir un fonctionnement efficient dans un marché très compétitif, en particulier l’assurance auto.

Quel bilan tirez-vous des vingt années d’existence du groupe Allianz Suisse?

Allianz a préalablement exploité trois compagnies d’assurances en Suisse durant des années: Elvia, la Bernoise Assurance et Allianz Schweiz. Toutes les trois entreprises possédaient une longue tradition. Elvia était très forte, tandis qu’Allianz Schweiz était plutôt petite.

La fusion de ces trois sociétés intégrées dans un seul système d'exploitation, conforme au système central du groupe Allianz, constitue les fondements d'une simplification des opérations et d'un meilleur rapport coût-efficacité. Au reste, Elvia demeure la marque en ligne d’Allianz Suisse pour les clients adeptes du contact en ligne.

D'autre part, suite à cette fusion, Allianz Suisse a optimisé son portefeuille d’activités, dans le sens de saisir les opportunités de marché, d'une simplicité et d’une meilleure allocation du capital.

Pouvez-vous en donner quelques exemples?   

Nous avons, entre autres, repris l’assurance de protection juridique DAS Suisse en 2018, après avoir intégré CAP Protection Juridique comme société filiale en 2002. Le marché de l’assurance protection juridique croît, avec une bonne marge, de 5% à 7% par an, soit bien au-dessus de la moyenne du marché de l'assurance.

La nouvelle solution de réassurance réalisée avec le réassureur Resolution Re a été la plus grande transaction du genre en Europe au moment de sa conclusion.

En revanche, nous avons abandonné l’activité de réassurance active, qui n’appartient pas au cœur des affaires d’Allianz Suisse. D'autres exemples sont les cessions à Helvetia en 2010 des compagnies Alba et Phénix, qui n'avaient pas la taille critique, ni ne remplissaient les conditions économiques d'une intégration, ni ne complétaient bien le portefeuille d'Allianz sur le plan stratégique.

Vous avez même cédé des affaires dans le cadre d’une solution de réassurance dans les affaires vie…

Nous ne l’avons fait qu'il y a peu pour sécuriser nos garanties de taux d'intérêt, ainsi que renforcer l'efficience du capital et réduire la volatilité. La nouvelle solution de réassurance réalisée avec le réassureur Resolution Re a été la plus grande transaction du genre en Europe au moment de sa conclusion. Et nous a permis d’améliorer le taux de solvabilité SST (ndlr; test suisse de solvabilité) d'environ 20 points de pourcentage ainsi que d'augmenter le rapport rendement-risque de nos affaires vie.

Nous avons ainsi transféré au réassureur des risques d'assurance et de marché provenant de contrats antérieurs, dans le cadre d'une réassurance en quote-part. Toutefois, cela ne change rien pour les clients. Leurs relations contractuelles demeurent en effet inchangées. Allianz Suisse Vie reste le partenaire contractuel et l'interlocuteur pour toutes les questions relatives aux polices d'assurance vie.

Comment jugez-vous l’évolution du ratio combiné (ndlr: taux de frais + taux de sinistres) d’Allianz Suisse au regard de la concurrence?

Le ratio combiné a reculé au premier semestre 2022 de 4,3 points de pourcentage à 89,3%, en raison d’une baisse des charges liées aux intempéries. C’est une bonne performance en comparaison de la concurrence. Nous voulons continuer sur cette voie. En outre, notre entreprise a pour ambition de croître, mais seulement si cela se révèle rationnel d'un point de vue économique. Ce qui requiert de la discipline.

L’assurance auto est exposé au risque d’une profonde mutation des voitures et de leur utilisation dans le futur…

Cela pose certainement un défi, à la fois pour les assureurs, les fabricants et les concessionnaires. Le canal de distribution par les concessionnaires est un domaine de croissance. Allianz Suisse y est fortement représentée. De cette position, nous observons avec grande attention les développements, et nous y préparons avec des offres flexibles, qui répondent le mieux à ces nouveaux besoins.

Il existe encore des lacunes considérables en matière de prévoyance individuelle liée, à l’instar d’ailleurs de l’assurance protection juridique, dont le besoin reste sous-estimé par le public.
Le fait de demeurer un assureur toutes branches est-il un avantage?

Oui, car Allianz Suisse peut tout offrir d’une seule main, ce qui constitue un atout vis-à-vis des PME, qui forment l’épine dorsale de l’économie suisse. Ainsi, nous sommes une des seules compagnies à continuer d’offrir fermement l’assurance complète dans la prévoyance professionnelle, qui aide considérablement les clients. A fortiori dans la période actuelle de forte volatilité des marchés financiers.

Nous mettons en valeur ce positionnement au moyen de tous nos canaux de distribution, c’est-à-dire à travers les agences, la numérisation, les partenariats et les courtiers indépendants. Sans perdre de vue que le contact physique avec le client demeure essentiel, en particulier pour ce qui touche à l’assurance complète en prévoyance professionnelle et à la prévoyance individuelle.

Nous interrogeons régulièrement notre clientèle au sujet de la qualité du conseil, du règlement des sinistres, etc., pour mesurer son degré de satisfaction et améliorer constamment le service. Ce qui est très bien perçu par les clients.

Le troisième pilier 3a recèle-t-il encore un potentiel de croissance important?

Oui, car il existe encore des lacunes considérables en matière de prévoyance individuelle liée, à l’instar d’ailleurs de l’assurance protection juridique, dont le besoin reste sous-estimé par le public. En tout état de cause, nous voyons un grand potentiel dans les affaires vie individuelle, à plus forte raison après avoir renforcé notre position concurrentielle et notre capital par une solution de réassurance innovante pour la couverture de garanties de taux.

Quel est l’impact de l’inflation sur les coûts, les primes et les placements de capitaux?

Le principal effet pour les assureurs est une augmentation quasi-mécanique de la charge des sinistres. Par exemple par des coûts de réparation plus élevés dans le secteur des véhicules à moteur. Pour les assurances-ménage, nous bénéficions en compensation de mécanismes d’indexation avec des revalorisations tarifaires appliquées par l’assureur sur les primes originales. Des relèvements de primes s’opèrent également en cas de sinistre.

Avec nos actifs immobiliers, nous avons par ailleurs une protection naturelle contre l'inflation.

En vie, une hausse des taux d’intérêt est plutôt positive, avec des réinvestissements à des taux plus élevés.

Dans les affaires vie vous parlez d’une véritable innovation avec le produit «Smart Invest». Mais est-ce réellement vrai?

Les clients peuvent déterminer eux-mêmes dans quelle proportion ils souhaitent miser sur la sécurité ou sur les opportunités de rendement. De plus, si les taux d’intérêt montent, ils bénéficient, pour leurs versements, d’un modèle de taux inédit, doté d’un mécanisme d’ajustement automatique. Celui-ci constitue, à notre connaissance, une solution nouvelle à ce jour sur le marché suisse.

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