«La clientèle suisse est très importante à nos yeux»

Nicolette de Joncaire

3 minutes de lecture

Actifs en hausse, nouvelles équipes: la banque privée est l'un des moteurs de croissance du groupe Barclays. Avec Rahim Daya.

Depuis Genève, Rahim Daya est CEO de Barclays Private Bank pour la Suisse, le Moyen-Orient – y compris la Turquie et Israël - et maintenant l’Afrique. Pour ce qui est de l’Afrique, Barclays a connu un essor significatif de ses activités de banque privée grâce à l'intégration de clients très fortunés en provenance de Credit Suisse suite à un accord, passé l’an dernier, de recommandation d’une banque à l’autre. De manière plus générale, les chiffres sont au vert avec une augmentation des actifs gérés de 9% en 2022 due à un afflux d’argent frais de 3,4 milliards. Dans un contexte de marchés en pleine évolution sur les deux dernières années, Rahim Daya nous confie aussi sa perception des réactions de la clientèle à l’inflation et aux hausses de taux. Point de situation.

Comment votre masse sous gestion a-t-elle évolué récemment?

En 2022, le total des actifs gérés a augmenté de 9% pour atteindre 17 milliards de francs grâce à un afflux net d'argent frais de 3,4 milliards de francs de la part de clients existants et de nouveaux clients.

Une partie de cette augmentation est imputable à la reprise d’activités de Credit Suisse en Afrique l’an dernier. Qu’en est-il?

L'année dernière, Barclays Private Bank a repris une partie des activités en Afrique de Credit Suisse, plus particulièrement au Ghana, au Nigeria et au Kenya. Cela correspond à environ 150 clients qui ont tous fait l’objet d'un nouvel audit pour assurer un haut niveau de diligence et des actifs de qualité. Nous avons embauché l’ensemble de l'équipe de Credit Suisse dédiée à ce marché, soit 18 personnes entre Dubaï et Zurich et ils ont réembarqué leurs propres clients avec un taux de succès de 98%. Nous servons donc désormais des personnes fortunées et des familles aisées en Afrique sub-saharienne ce qui s’harmonise très bien avec notre approche.

Et la clientèle suisse?

Tous les marchés internationaux viennent en Suisse. Mais la clientèle suisse reste naturellement centrale. Nous avons des équipes dédiées à Genève et à Zurich qui se concentrent sur le marché suisse. Nous avons également ouvert un bureau saisonnier à Verbier.

Certains ont effectivement accru leur exposition au cash mais ils sont restés présent sur toute la gamme des actifs, les changes en particulier.
Continuez-vous à recruter?

Depuis octobre 2022, Barclays Private Bank a recruté 38 personnes en Suisse. Ce sont avant tout des banquiers privés et des spécialistes. Zurich a connu une croissance exponentielle, car c'est là que se fait la majeure partie de l'embauche, dont un certain nombre d’anciens de Credit Suisse. Nous restons ouverts à de nouveaux recrutements.

Dans un contexte de marchés en pleine évolution, comment réagissent vos clients?

Nous connaissons très bien nos clients et nous nous référons généralement à trois catégories lorsqu’il s’agit de répartir leurs actifs: liquidité, héritage et style de vie. Cette classification aide à structurer leur avenir à court, moyen et long terme, chaque individu ayant ainsi ses propres priorités et sa propre vision de l'allocation de ses fonds. Comme nous en comprenons intimement les biais, cela nous évite largement toute mauvaise surprise. A travers les crises récentes: Covid, Ukraine, tensions au Moyen-Orient, inflation, bouleversements de la politique monétaire des banques centrales, nous n’avons perçu aucun sentiment de panique et peu de changement des priorités. N’oubliez pas que les stratégies que nous offrons sont à long terme – tant pour ce qui est des placements que des prêts pour l’acquisition d’immobilier en Grande-Bretagne ou en Suisse, et que la conjoncture ne les fait pas varier brutalement.

Certains clients se sont-ils tournés davantage vers le cash?

Certains ont effectivement accru leur exposition au cash mais ils sont restés présent sur toute la gamme des actifs, les changes en particulier.

Avez-vous constaté une baisse de l’intérêt pour la finance durable, comme on l’entend parfois?

Non, nous n’avons constaté aucune désaffection pour nos mandats durables qui continuent à être très populaires.

Quelle est votre offre sur les marchés privés?

L’offre Private Markets de Barclays Private Bank permet la création d'un portefeuille diversifié en private equity, crédit privé et actifs réels grâce à des investissements financés et directs. L'environnement actuel du marché a été particulièrement favorable aux stratégies axées sur le crédit privé ainsi que sur les marchés secondaires. Néanmoins, nous continuons à voir des opportunités attrayantes dans l'espace du private equity, en particulier avec des contreparties expérimentées qui disposent de vastes réseaux et d'avantages informationnels sur le marché. Nous continuons à identifier des opportunités attrayantes dans des entreprises solides et de haute qualité dans divers secteurs, et nous constatons des fondamentaux plus solides pour les entreprises technologiques ou associées à la technologie, ainsi que pour le secteur de la santé.

Vous évoquiez il y a deux ans un immense transfert de richesse intergénérationnel., accompagné d’un changement de perspective sur la notion de gestion de patrimoine.

Les nouvelles générations ne veulent pas être traitées comme l’ont été leurs parents à coup de déjeuners occasionnels. Ils ne veulent pas hériter du profil de risque de leurs prédécesseurs. Ils cherchent une banque plus agile, plus à l’écoute, plus prête à partager des idées. Nous ne leur offrons pas un unique interlocuteur mais de multiples interfaces avec de multiples expertises. Les clients doivent avoir la sensation que la banque entière travaille à leur service.

Barclays est une très grande banque. Que représente le Private Banking dans le groupe?

Barclays Private Bank est l'un des moteurs de croissance de la banque dans son ensemble et bénéficie d'un soutien important de la part du siège social.

A lire aussi...