UniCredit: Orcel à la manoeuvre pour racheter Monte dei Paschi

AWP

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A peine arrivé à la tête d’UniCredit, Andrea Orcel a commencé à bousculer le secteur financier italien.

Bénéfice largement supérieur aux attentes, négociations avec le gouvernement sur le rachat d’une participation dans Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS): à peine arrivé à la tête d’UniCredit, Andrea Orcel a commencé à bousculer le secteur financier italien.

L’annonce inattendue jeudi soir de l’ouverture de discussions exclusives avec le Ministère de l’économie en vue d’un éventuel rachat «sélectif» de la banque de Sienne, renflouée par l’État en 2017, a été plébiscitée vendredi par les investisseurs.

Cette nouvelle a dopé les titres des deux banques à la Bourse de Milan, où BMPS s’envolait vers 16H20 de 5,83% à 1,20 euro et UniCredit de 4,04% à 12,23 euros, dans un marché en baisse de 0,12%.

Andrea Orcel, un banquier haut en couleurs de 58 ans, avait pris en avril la succession de Jean-Pierre Mustier, qui était plus que réticent à l’idée de racheter la banque toscane.

La riche expérience de M. Orcel dans le domaine des fusions-acquisitions, qui lui a valu le surnom de «Cristiano Ronaldo des banquiers», tombe à pic alors que le gouvernement cherche à se délester de sa part de 64% dans la plus ancienne banque au monde fondée en 1472.

«BMPS est la meilleure option et la seule sur la table», a lâché M. Orcel vendredi lors d’une conférence avec des analystes, tout en martelant que la décision sur une transaction ne serait prise qu’à l’issue de «plusieurs semaines de négociations» avec le gouvernement.

«Synergies importantes»

Une fusion des réseaux d’agences des deux banques permettrait à UniCredit de déplacer son centre de gravité vers le centre-nord, une région prospère où est implantée Banca Monte dei Paschi di Siena, a-t-il fait valoir. «Nos réseaux sont très complémentaires», a-t-il ajouté.

Des gains de parts de marché qui pourraient permettre à UniCredit de renforcer sa position sur le marché italien où sa grande rivale Intesa Sanpaolo lui a ravi sa première place en absorbant Ubi Banca.

BMPS pourrait apporter en guise de dot quelque 4 millions de clients, 80 milliards d’euros de prêts à la clientèle et 62 milliards d’euros d’actifs sous gestion, selon M. Orcel, qui table sur des «synergies importantes».

Parmi les conditions négociées par UniCredit figurent le retrait «de tous les litiges non liés à l’activité bancaire ordinaire» et «l’exclusion des créances douteuses» de BMPS de la transaction.

Autre exigence, une éventuelle acquisition doit être «neutre» pour la solidité des capitaux d’UniCredit, qui a affiché fin juin un ratio de fonds propres (CET1) de 15,5%, supérieur à celui de la banque de Sienne (12,2%).

Au bord d’une faillite retentissante, BMPS avait bénéficié en 2017 d’une injection de 5,4 milliards d’euros de la part de l’Etat, qui est depuis son principal actionnaire.

BMPS, qui avait évoqué en février un manque de capitaux de 2,5 milliards d’euros, est sortie du rouge au premier trimestre après avoir enchaîné les pertes, dégageant un bénéfice net de 119,3 millions d’euros.

Une goutte d’eau pour UniCredit qui a vu son bénéfice net plus que doubler à 1,03 milliard d’euros au deuxième trimestre.

Objectif relevé

Cette fusion hypothétique a éclipsé quelque peu les résultats financiers présentés vendredi par Andrea Orcel, qui ont largement dépassé le consensus des analystes.

Le chiffre d’affaires a progressé de 5,5% à 4,39 milliards d’euros, tiré par les commissions qui ont bondi de 21,4%.

A l’inverse, le revenu net d’intérêts a cédé 8% à 2,2 milliards d’euros en raison de la baisse des taux sur les marchés.

Les provisions pour pertes sur prêts ont atteint 360 millions d’euros, s’avérant nettement moins élevées que les 647 millions prévus par les analystes.

Du coup, Andrea Orcel en a profité pour relever l’objectif de bénéfice net sous-jacent (hors éléments exceptionnels) d’UniCredit, qui devrait désormais dépasser les 3 milliards d’euros sur l’année 2021.

Un trésor de guerre non négligeable en vue de l’éventuelle acquisition d’une participation dans BMPS, qui dévoilera ses résultats financiers jeudi prochain.

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