UBS voit son gain trimestriel fondre de moitié sous le coup de provisions

AWP

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Ajusté de ces effets, le bénéfice avant impôts sous-jacent est ressorti à un peu plus de 2,35 milliards de dollars, soit 22% de moins qu’un an plus tôt.

Sur le point d’avaler son désormais ex-rival Credit Suisse (CS), UBS a fait état mardi d’un bénéfice avant impôts amputé de près de moitié après les trois premiers mois de 2023 en raison de la constitution de nouvelles réserves destinées à solder un litige juridique vieux de quinze ans aux Etats-Unis.

Face aux nombreux doutes qui entourent toujours la fusion historique sous la contrainte des deux colosses du secteur bancaire helvétique, la direction d’UBS s’est voulue rassurante, réaffirmant sa solide dotation en capital et sa politique en matière de rémunération des actionnaires, tout en renvoyant au second semestre les questions liées à l’intégration et à la restructuration de CS.

Au cours de la période sous revue, la banque aux trois clés a dégagé un bénéfice avant impôts en repli de 45% sur un an, à 1,5 milliard de dollars, en raison notamment de la constitution de provisions à hauteur de 665 millions dans le cadre d’anciennes activités en lien avec le marché hypothécaire (RMBS).

Ajusté de cet effet, le profit sous-jacent est ressorti à un peu plus de 2,35 milliards de dollars, soit 22% de moins qu’un an plus tôt. Le résultat attribuable aux actionnaires a fondu de plus de moitié (-51,8%) à 1,03 milliard de dollars.

Les revenus se sont contractés de 6,8% sur un an, à 8,74 milliards de dollars, alors que les charges ont enflé de 8,7% à 7,21 milliard, débouchant sur un ratio correspondant de 82,5%, contre 70,7% douze mois plus tôt.

Afflux nets de capitaux

Les afflux nets de capitaux dans la gestion de fortune (GWM) se sont montés à 28 milliards, dont 7 milliards après l’annonce de la reprise de CS. Dans la gestion d’actifs (AM), ils ont atteint 14 milliards, dopés par les fonds monétaires. Pour rappel, CS avait fait état lundi de reflux pour de 60 milliards de francs depuis le début de l’année.

Si les recettes ont légèrement dépassé les attentes, les bénéfices en revanche sont restés nettement en deçà des projections les plus conservatrices des analystes sondés par AWP, en raison de l’impact inattendu des nouvelles provisions pour les RMBS, un dossier dans lequel UBS affirme avoir réalisé des progrès avec le département américain de la Justice (DoJ) en vue d’une résolution.

Pour la suite de l’exercice, UBS entend concentrer ses efforts sur le mariage forcé annoncé le 19 mars, qui devrait selon toute probabilité être finalisé avant la fin du deuxième trimestre. Quelques feux verts réglementaires ont déjà été obtenus dans plusieurs marchés clés du groupe, même si celui du régulateur boursier étasunien (SEC) et de la Commission européenne font encore défaut.

La direction de la banque aux trois clés s’attend à ce que l’absorption de son ancien rival lui permette d’étayer sa position tant comme gestionnaire de fortune à l’échelle mondiale, avec une masse sous gestion (AuM) estimée à 5000 milliards de dollars, que comme numéro un dans la banque universelle sur le marché helvétique.

Réduction du risque

UBS entend «réduire activement» le risque et l’utilisation de ressources de la banque d’investissement (IB) de CS. «Nous sommes conscients de la dimension et de la complexité de l’intégration et de la restructuration de Credit Suisse», reconnaît le numéro un bancaire helvétique, tout en mettant en avant que cette fusion représente «une opportunité unique de créer une valeur extraordinaire et durable pour toutes les parties prenantes».

En téléconférence, l’ancien et nouveau directeur général (CEO) Sergio Ermotti a une nouvelle fois affiché sa confiance dans l’issue favorable de la transaction, affirmant qu’UBS était «prêt pour la reprise» et «plus fort que jamais».

A fin mars, le ratio de fonds propres durs (CET1) s’établissait à 13,9%, contre 14,2% au bouclement de 2022. La direction estime que, même après la conclusion de la transaction, la banque disposera d’une capitalisation nettement supérieure aux exigences réglementaires et aux 13% visés.

L’établissement, qui a racheté pour 1,3 milliard de dollars de ses propres titres depuis le début de l’année, a aussi assuré vouloir reprendre «dès que possible» ses rachats d’actions, suspendus à l’annonce de la reprise de CS. La rémunération des actionnaires ne devrait pas non plus être menacée. Pour l’exercice en cours, quelque 400 millions de dollars ont déjà été mis de côté à cet effet.

Les avis de la communauté financière sont partagés. Certains saluent les afflux nets dans l’ensemble des régions, ainsi qu’un bénéfice trimestriel supérieur de 3% aux expectatives, hors effet des provisions alors que d’autres prédisent un abaissement des estimations du consensus.

Les investisseurs ne savaient pas trop sur quel pied danser. Après avoir plongé de près de 5,2% dans les premiers échanges, la nominative UBS s’est reprise et reculait encore de 0,9% à 18,04 francs à 15h35, dans un SMI en hausse de 0,52%.

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