UBS: les pressions inflationnistes continueront sur le long terme

AWP

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«Au cours des dix prochaines années, la BNS restera influencée par les pressions inflationnistes», estime Daniel Kalt, économiste en chef d’UBS Suisse.

Les pressions inflationnistes ne risquent pas de disparaître à moyen terme et la politique des taux de la Banque nationale suisse (BNS) devra s’en accommoder. Les chances sont grandes de ne pas assister à un premier fléchissement des taux avant le premier semestre 2024, et encore à condition que la BNS estime le risque d’inflation en Suisse écarté durablement, ont indiqué mercredi les économistes d’UBS dans une étude.

«Au cours des dix prochaines années, la BNS restera influencée par les pressions inflationnistes. Sa réputation et ses moyens d’intervention devraient lui permettre de maintenir l’inflation en dessous de 2%, mais pour ce faire, elle devra fixer son taux directeur à un niveau nettement plus élevé qu’au cours de la dernière décennie», estime Daniel Kalt, économiste en chef d’UBS Suisse.

La Suisse devra composer avec plusieurs pressions inflationnistes d’ordre structurel. D’une part la pénurie de collaborateurs, qui risque encore de se renforcer avec les départs en retraite de la génération des baby-boomers, devrait se traduire par une pression à la hausse sur les salaires. Cette tendance pourrait néanmoins être atténuée par les progrès de la robotique et de l’intelligence artificielle. D’autre part, les tensions entre la Chine et les Etats-Unis poussent les entreprises à réagencer leurs chaînes d’approvisionnement, quitte à voir les coûts augmenter.

La banque s’attend à une évolution de l’inflation dans un couloir de 1 à 1,5% au cours de la prochaine décennie, qui ira de pair avec des taux d’intérêt de 1 à 1,25% et une rémunération des obligations à 10 ans de 1,75% en moyenne. Ces perspectives sont toutefois menacées par un autre scénario. En effet, en cas de récession sévère aux Etats-Unis, les perspectives de l’économie se dégraderont considérablement et la baisse des taux sera plus vigoureuse, projettent les économistes.

Un retour à l’inflation très faible de cette dernière décennie, assortie de taux d’intérêt négatifs et de rendements à 10 ans quasi nuls, ne peut par conséquent être exclu. Mais ce scénario ne se matérialiserait que dans le cas d’une profonde récession mondiale ainsi qu’en Suisse.

Pic des taux franchi?

A plus brève échéance, soit au troisième trimestre, la question sur toutes les lèvres sera de savoir si le pic des taux directeurs a été franchi, alors que les économistes s’attendent à un dernier relèvement à 2% en septembre. La banque centrale américaine et la Banque centrale européenne (BCE) devraient mettre fin à la hausse des taux directeurs avant la fin de l’année, ce qui rendra plus difficile pour la BNS de relever ses propres taux, expliquent les spécialistes d’UBS.

Du côté des emprunts de la Confédération, les rendements à 10 ans ont fortement augmenté l’an passé, l’inflation et les hausses de taux de la BNS et d’autres banques centrales ayant pris les marchés obligataires par surprise. Par la suite, les rendements sont restés stables, malgré les hausses de taux au premier semestre, car les marchés ont assimilé le durcissement des politiques monétaires. Toutefois, en seconde moitié d’année, le marché obligataire devrait commencer à intégrer dans ses anticipations de possibles baisses de taux l’an prochain, ce qui devrait peser légèrement sur la rémunération à 10 ans, projette UBS.

Sur le volet des devises, le franc suisse dispose d’un fort potentiel d’appréciation face au dollar, celui-ci restant surévalué. Par rapport à l’euro, peu de changements sont attendus les prochains mois, alors que le spectre d’une crise énergétique s’est estompé et, avec lui, l’attrait du franc suisse comme valeur refuge.

Le PIB suisse est attendu en progression de 0,9% en 2023 et de 1,3% en 2024.

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