Le principal actionnaire de la banque italienne en difficulté Carige a annoncé lundi avoir retenu la proposition de rachat de sa concurrente Bper Banca en vue de l’ouverture de négociations exclusives, infligeant ainsi un revers à Crédit Agricole, également en lice.

Le Fonds interbancaire de protection des dépôts (FITD), qui détient 80% de Carige après l’avoir renflouée en 2019, a indiqué avoir «décidé d’accorder à Bper Banca un délai exclusif» d’ici le 15 février en vue de la négociation d’un contrat pour l’acquisition de la banque.

Bper Banca avait proposé en décembre de reprendre pour un euro symbolique 88,3% de Carige, dont 8,3% détenus par Cassa Centrale Banca (CCB), et de lancer une offre publique d’achat (OPA) sur le capital restant, au prix de 0,80 euro l’action.

La banque italienne a confirmé lundi soir ce prix, pourtant inférieur au cours de clôture de lundi (0,89 euro), mais a annoncé avoir revu dimanche à la baisse sa demande d’augmentation de capital préalable à réaliser par le FITD, à 530 millions d’euros, contre un milliard auparavant.

Crédit Agricole, qui n’a jamais officialisé sa proposition de rachat, a également offert de racheter Carige pour un euro et demandé une augmentation de capital préalable, selon la presse italienne.

Sollicitée par l’AFP, la banque française n’a pas souhaité faire de commentaire.

Le groupe mutualiste s’était offert en avril 2021 la banque régionale italienne Credito Valtellinese (Creval) pour quelque 785 millions d’euros, et comptait encore renforcer sa présence en Italie.

Crédit Agricole avait déjà racheté fin 2017 trois banques régionales en Italie du Nord, les Caisses d’épargne de Cesena, de Rimini et de San Miniato.

Mais une présence accrue du groupe français dans la péninsule est vue d’un mauvais oeil par certains acteurs politiques en Italie comme la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini et le Mouvement cinq étoiles (M5S, antisystème), tous deux membres de la coalition au pouvoir.

Matteo Salvini s’est félicité de la décision du FITD, en estimant que «l’intérêt national est protégé» et que «l’embryon de ce qui pourrait être un troisième pôle bancaire dédié aux territoires et à l’économie réelle émerge».

Carige était également convoitée par le fonds d’investissement américain Cerberus.