Prudence des banques américaines malgré des résultats solides

AWP

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Le CEO de Wells Fargo, Charles Scharf, met en avant «la solidité de la position financière» de ses clients tandis que son homologue chez Citigroup, Jane Fraser (photo), mentionne «la santé et la résilience des consommateurs US».

Les grandes banques américaines ont dévoilé des résultats de bonne tenue pour le premier trimestre, l’économie restant solide et les traders actifs, mais les spectres de l’inflation et de la guerre en Ukraine pèsent sur leurs perspectives.

Toutes ont vu reculer leurs bénéfices par rapport au premier trimestre 2021, quand leurs résultats avaient été dopés par la forte reprise de la croissance après le trou d’air du début de la pandémie de COVID-19.

Mais elles ont continué à gagner de l’argent, et plus que prévu par les analystes.

Leurs traders ont été particulièrement actifs sur des marchés très agités et les revenus qu’ils ont générés ont, soit reculé moins que prévu (JPMorgan Chase, Citigroup), soit augmenté (Goldman Sachs, Morgan Stanley).

Surtout, les comptes des consommateurs et entreprises restent dans leur ensemble de bonne tenue.

Le patron de Wells Fargo, Charles Scharf, a ainsi mis en avant jeudi «la solidité de la position financière» de ses clients tandis que son homologue chez Citigroup, Jane Fraser, a mentionné «la santé et la résilience des consommateurs américains», qui paient à temps leurs crédits.

Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase, avait aussi estimé mercredi que «l’économie sous-jacente (était) très solide».

Mais, avait-il ajouté juste après, «deux forces font contrepoids: la hausse des taux et l’inflation, et l’Ukraine».

L’incertitude sur ces deux éléments a déjà affecté l’activité de banque d’affaires des firmes de Wall Street, les entreprises étant réticentes à lever de l’argent sur les marchés.

Le chiffre d’affaires tiré de la banque d’investissement a ainsi reculé de 28% chez JPMorgan, de 36% chez Goldman Sachs, de 37% chez Morgan Stanley.

La guerre en Ukraine et les remous qu’elle a causés sur les marchés ont déjà eu des effets.

Le patron de Goldman Sachs, David Solomon, a ainsi fait part d’une perte de 300 millions de dollars directement liée à la Russie et l’Ukraine tandis que JPMorgan a perdu 120 millions de dollars en raison des fortes fluctuations sur le marché du nickel.

Les banques s’attendent à de plus amples conséquences.

Citigroup a ainsi provisionné 1,9 milliard de dollars pour faire face aux éventuelles pertes liées «à son exposition en Russie et à l’impact plus large du conflit en Ukraine sur l’environnement macroéconomique».

Selon ses scénarios les plus pessimistes, elle pourrait perdre au total 2,5 à 3 milliards de dollars, a indiqué son directeur financier, Mark Mason.

Pas d’atterrissage en douceur

Les banques se montrent aussi soucieuses de la situation aux États-Unis.

«Le niveau de chômage (dans le pays) est bas et les salaires augmentent mais l’inflation est au plus haut depuis des décennies», a ainsi rappelé David Solomon avant de mentionner pêle-mêle les tensions sur les chaînes d’approvisionnement, la hausse des prix de l’essence ou du logement et des signaux «mitigés» sur la confiance des consommateurs.

La confluence de ces éléments «rendra certainement plus compliqué toute prévision économique», a avancé le patron de Goldman Sachs.

«Je ne prédis pas une récession. Mais est-ce possible? Absolument», avait de son côté déclaré Jamie Dimon mercredi.

JPMorgan a augmenté ses réserves de 902 millions de dollars pour faire face aux éventuels risques liés à l’inflation et à la guerre en Ukraine.

Pour tenter de freiner l’inflation, la banque centrale américaine (Fed) a commencé à relever ses taux directeurs, qui étaient depuis mars 2020 au plus bas pour stimuler l’économie. Mais certains craignent que remonter trop vite les taux bride la croissance et alimente une récession.

La demande de prêts pour l’achat ou le refinancement d’un logement a déjà chuté, ont indiqué les responsables de Wells Fargo.

Que les résultats des banques baissent un peu après une année record pour plusieurs d’entre elles n’est pas une surprise, analyse Stuart Plesser, spécialiste du secteur bancaire chez S&P Global Ratings.

Elles vont profiter au fur et à mesure de l’année de la remontée des taux, qui leur permet de gagner plus d’argent sur les sommes qu’elles prêtent à leurs clients. Et leurs clients continuent à rembourser leurs emprunts, ajoute-t-il.

Mais entre l’inflation, la guerre en Ukraine, l’impact encore inconnu de la remontée des taux sur l’économie et les actions de la Fed, l’environnement reste «incertain». Tous ces éléments combinés «ne donnent en général pas lieu à un atterrissage en douceur», reconnaît-il.

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