Les banques US surprennent agréablement, mais restent prudentes

AWP

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Les dirigeants des établissements américains, Jamie Dimon (JPMorgan) en tête, tempèrent les ardeurs en évoquant la forte inflation aux Etats-Unis et les tensions géopolitiques grandissantes.

Le bal saisonnier des résultats bancaires s’est ouvert vendredi avec des performances meilleures qu’attendues car dopées par des éléments exceptionnels qui devraient s’estomper dans un contexte d’inflation élevée aux Etats-Unis et d’incertitudes géopolitiques.

Première des grandes banques à se lancer sur la piste, JPMorgan Chase a annoncé un bénéfice net en forte hausse au troisième trimestre (+35% à 13,15 milliards de dollars), supérieur aux prévisions des analystes.

Son patron Jamie Dimon a immédiatement tempéré les réjouissances.

«C’est peut-être l’époque la plus dangereuse que le monde a connu depuis des décennies», a-t-il relevé dans un communiqué, mentionnant la guerre en Ukraine et celle entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas déclenchée il y a une semaine.

«Ma prudence vient du fait que nous faisons face à tellement d’incertitudes», a-t-il explicité plus tard lors d’une audioconférence avec des analystes.

En ce qui concerne les Etats-Unis, il a expliqué s’attendre à ce que l’inflation reste à un niveau élevé pendant encore un certain temps.

«A l’heure actuelle, les consommateurs et les entreprises américaines restent en bonne santé même si les consommateurs dépensent leurs réserves de sécurité», a-t-il noté.

«Cependant, le marché du travail qui persiste à rester tendu et des niveaux extrêmement hauts d’endettement de l’Etat, avec le déficit budgétaire le plus élevé jamais vu en temps de paix, accroissent le risque que l’inflation reste forte et que les taux d’intérêt augmentent davantage», a-t-il estimé.

Normalisation

Et concernant son groupe, plus grande banque américaine par la taille des actifs, il a affirmé avoir profité d’une situation exceptionnelle en matière de coûts du crédit «inférieurs à la normale» et de revenus nets d’intérêts (NII), précisant que ces deux variables «se normaliseront dans le temps».

Les NII sont la différence entre les intérêts perçus sur les prêts consentis aux clients et les intérêts versés aux épargnants et aux créanciers.

Le directeur financier Jeremy Barnum est revenu sur ce sujet lors de l’audioconférence: «Nous ne savons pas exactement quand, mais nous savons que cela va» se normaliser.

«Nous réagirons face à la concurrence», a-t-il assuré.

Son homologue chez Citigroup Mark Mason a également insisté sur la meilleure santé du consommateur, en mettant en avant la hausse de 4% des montants dépensés avec les cartes de crédit.

Il a noté une «dynamique qui perdure en termes de croissance des revenus mais nous constatons que les taux d’intérêts appliqués commencent à baisser un peu» sans pour autant retrouver les niveaux d’avant la pandémie.

Mais il a aussi mis en avant «les nombreuses incertitudes» à prendre en compte, en référence aux conflits en Ukraine et en Israël.

L’établissement a également fait mieux que le consensus avec un bénéfice net en hausse de 2% sur un an à 3,54 milliards de dollars.

Sa directrice générale Jane Fraser, citée dans un communiqué, a noté «un rebond des émissions de dette et des signes de vie sur les émissions d’actions».

Plombé par le resserrement monétaire brutal de la banque centrale américaine (Fed), les marchés de capitaux ont tourné au ralenti pendant plusieurs mois, en particulier les introductions en Bourse qui ont redémarré en septembre.

Citigroup a entamé une réorientation stratégique majeure, qui a entraîné un désengagement de nombre de filiales de banque de détail à l’international. Elle se recentre sur les clients institutionnels, la banque privée et la gestion de fortune ainsi que les cartes de crédit.

Des précisions sur les nombreuses suppressions de postes qui vont en découler doivent être fournies lors de la présentation des résultats annuels début 2024.

A l’instar de JPMorgan, les NII de Wells Fargo se sont également étoffés et lui ont permis de présenter des résultats meilleurs qu’anticipés. Son chiffre d’affaires s’est établi à 20,85 milliards de dollars et son bénéfice net à 5,75 milliards.

Ils ont «profité de taux d’intérêts plus élevés et des investissements que nous avons opérés dans nos activités», a avancé Charlie Scharf, patron de la banque, cité dans un communiqué.

«Bien que l’économie ait continué d’être résiliente, nous voyons un impact du ralentissement de l’économie avec des montants de prêts en déclin et des taux de radiation qui continuent de se détériorer modestement», a-t-il ajouté.

Vers 18H30 GMT, l’action JPMorgan gagnait 1,97% à 148,62 dollars à la Bourse de New York, celle de Citigroup prenait 0,42% à 41,701 dollars et celle de Wells Fargo grimpait de 2,67%.

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