Les affaires ont encore plombé Credit Suisse au deuxième trimestre

AWP

2 minutes de lecture

Le bénéfice net s'est établi à 253 millions de francs, amputé de 78% par rapport au résultat de 1,16 milliard dégagé entre avril et juin 2020.

L’ombre des affaires a continué à planer sur le deuxième trimestre de Credit Suisse. La débâcle du fonds spéculatif américain Archegos a pesé à hauteur de 594 millions de francs sur les résultats du numéro deux bancaire helvétique, portant le total à quelque 5 milliards sur le premier semestre.

Le bénéfice net a ainsi chuté de 78% à 253 millions de francs, indique jeudi la grande banque. Credit Suisse avait indiqué préalablement que l’affaire Archegos allait lui coûter 600 millions au deuxième partiel, contre 4,4 milliards au premier, bouclé dans les chiffres rouges.

Le résultat avant impôts a chuté de 48% sur un an à 813 millions de francs. Apuré de l’impact d’Archegos, cet indicateur s’est inscrit à 1,3 milliard de francs, ce qui représente un recul de 11%.

Le produit d’exploitation a reculé de 18% à 5,10 milliards de francs, ou -14% sans l’effet Archegos. En excluant les effets exceptionnels, Credit Suisse déplore avoir subi une baisse de recettes dans l’activité stratégique qu’est la gestion de fortune, un repli touchant les deux divisions dédiées, mais également dans l’unité de banque d’affaires.

La gestion d’actifs a généré un chiffre d’affaires en hausse, tandis que les recettes de la banque universelle suisse, vaisseau amiral du géant bancaire, se sont révélées stables, précise le communiqué.

Les charges d’exploitation ont baissé de 1% à 4,32 milliards. Là encore, l’établissement aurait pu améliorer sa performance sans Archegos, les dépenses ayant reculé de 6% sans tenir compte des conséquences de cette affaire.

Quatrième remboursement lié à Greensill

Les chiffres publiés par Credit Suisse manquent les prévisions du consensus AWP, à l’exception du résultat avant impôts attendu en moyenne à 745 millions de francs.

Le deuxième trimestre a été marqué par une forte décollecte, les reflux d’argent ayant atteint 4,7 milliards de francs. Pour le directeur financier David Mathers, ces sorties sont liées à un processus de réduction des risques touchant principalement la région Asie-Pacifique.

Parallèlement aux chiffres trimestriels, la banque aux deux voiles a publié le rapport d’experts sur Archegos, dont les conclusions exonèrent Credit Suisse de tout acte illicite mais soulignant cependant les graves manquements dans la gestion des risques.

Depuis février, la grande banque subit le contrecoup d’engagements hasardeux, dont Archegos, mais également Greensill, du nom de la société britannique d’affacturage en faillite. «Nous prenons ces deux événements très au sérieux et sommes déterminés à en tirer toutes les leçons qui s’imposent», a réaffirmé le directeur général Thomas Gottstein, cité dans le communiqué.

Credit Suisse poursuit la liquidation des fonds Greensill, les «Supply Chain Finance Funds» ou SCFF. Un quatrième remboursement de 0,4 milliard de dollars (0,36 milliard de francs) est prévu en août, portant le montant restitué aux clients à 5,9 milliards. Les résultats de l’enquête sur Greensill devraient être connus au 3e trimestre.

Les investisseurs ne prenaient pas de gants, précipitant le titre Credit Suisse à 9,072 francs (-2,4%) à 12h53. Le SMI était stable. En début de séance, le titre a plongé à 8,80 francs.

 

Credit Suisse: des manquements, mais rien d’illicite lié à Archegos
Pour Credit Suisse, les événements ayant mené à l’affaire Archegos ne révèlent pas d’»activités frauduleuses» ou ne sont pas entachés d’une quelconque «mauvaise intention» de la part des employés concernés. L’enquête interne diligentée par la grande banque pointe du doigt l’»inefficacité» dans la gestion des risques.

Le numéro un bancaire publie jeudi les conclusions de ces investigations lancées après la débâcle du fonds spéculatif américain Archegos, dont le défaut de paiement remonte au 25 mars. Cette affaire a coûté à la banque 4,4 milliards de francs au 1er trimestre et 594 milliards supplémentaires au 2e partiel, plombant la performance.

La gestion des risques dans la division de banque d’affaires (Investment Bank) – plus spécifiquement l’activité Prime Services – est considérée comme la principale responsable du fiasco Archegos chez Credit Suisse.

Près de 80 entretiens d’employés ainsi que la consultation de millions de documents et données ont permis d’identifier des «manquements» dans les première et deuxième «lignes de défense», précise le communiqué, qui évoque également des soucis dans la «transmission des risques par voie hierarchique». Un manque de contrôle est également signalé.

«Si la banque a déjà pris une série de mesures décisives pour renforcer le cadre de gestion des risques, nous sommes déterminés à tirer toutes les leçons qui s’imposent et à améliorer encore nos fonctions de contrôle pour en sortir renforcés», affirme le président António Horta-Osório, cité dans le communiqué.

Le géant bancaire zurichois a renforcé les fonctions de gestion du risque, notamment en recrutant de nouvelles personnes, et passé en revue les expositions importantes du groupe.

Les 23 personnes désignées comme directement responsables de ces pertes ne vont cependant pas s’en tirer sans conséquences. La banque a pris des «actions» allant du licenciement au remboursement de bonus perçus, pour un montant total de 70 millions de dollars (63,6 millions de francs), en passant par la suppression de rémunération variable.

A lire aussi...