La Malaisie annonce des poursuites pénales contre Goldman Sachs

AWP

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Ces poursuites concernent des filiales de Goldman Sachs ainsi que les anciens employés Tim Leissner et Ng Chong Hwa.

Les autorités de Kuala Lumpur ont annoncé des poursuites pénales lundi contre la banque américaine Goldman Sachs et deux de ses employés soupçonnés d’avoir détourné des milliards de dollars dans le scandale du fonds souverain 1MDB impliquant l’ex-premier ministre Najib Razak.

Les poursuites concernent des filiales de Goldman Sachs ainsi que les anciens banquiers Tim Leissner et Ng Chong Hwa, a déclaré dans un communiqué Tommy Thomas, l’Attorney general de Malaisie, le principal conseil juridique du gouvernement, chargé des poursuites majeures.

Ils sont soupçonnés d’avoir détourné à leur profit 2,7 milliards de dollars, d’avoir acheté des responsables et d’avoir fourni de fausses déclarations en réalisant des émissions obligataires pour le compte de 1MDB.

La spoliation présumée de milliards de dollars du fonds d’investissement dans le cadre d’une fraude audacieuse impliquant l’ancien Premier ministre et ses alliés, ayant servi entre autres à l’achat d’oeuvres d’art et de yachts, explique en bonne partie la défaite surprise du gouvernement de M. Razak aux élections de mai.

L’ex-Premier ministre, son épouse et des proches ont été inculpés dans le scandale mais le dirigeant dément toute malversation.

Les deux anciens employés de Goldman ont déjà été inculpés aux Etats-Unis le mois dernier. M. Leissner a plaidé coupable tandis que M. Ng a été arrêté en Malaisie.

Low Taek Jho, financier malaisien en fuite soupçonné d’être le cerveau de la fraude, a également fait l’objet lundi de nouveaux chefs d’accusation.

Il s’agit d’une nouvelle grave atteinte à la réputation de Goldman Sachs, après des années d’efforts pour redorer son image de banque des puissants faisant passer ses intérêts devant ceux de ses clients.

«La banque s’est présentée comme un +conseiller/arrangeur+ mondial de premier plan en matière d’obligations et doit observer les standards les plus élevés. Ils ne sont pas à la hauteur de ces standards», a déclaré Tommy Thomas.

Ces accusations sont «mal avisées», a réagi la banque. «Nous allons les combattre avec vigueur».

«Tromper» la Malaisie

La banque américaine avait réalisé trois émissions obligataires pour le compte de 1MDB pour un total de 6,5 milliards de dollars, en 2012 et 2013, recevant pour ses services 600 millions de dollars de commissions.

D’après M. Thomas, la banque et ses anciens employés ont fait de fausses déclarations afin de détourner les 2,7 milliards de dollars en question.

MM. Leissner, ancien patron de Goldman Sachs en Asie du sud-est et Ng, son ancien collège malaisien, sont accusés d’avoir conspiré avec Low Taek Jho et d’autres pour verser des pots-de-vin à des responsables malaisiens afin de s’assurer que la banque serait choisie pour réaliser les émissions obligataires.

Les honoraires versés à Goldman pour ce travail étaient «considérablement plus élevés» que les taux de rémunération habituellement pratiqués, ajoute le communiqué de M. Thomas.

Les mis en cause sont soupçonnés d’avoir bénéficié personnellement de la fraude présumée, tout en percevant des bonus considérables et en améliorant leurs perspectives de carrière. Les déclarations présentées aux investisseurs laissaient croire à ces derniers que les fonds levés serviraient à des buts légitimes, a-t-il encore accusé.

Le parquet va réclamer des amendes largement supérieures aux 2,7 milliards qui auraient été indument empochés ainsi qu’aux 600 millions de commissions perçues, de même que de longues peines de prison.

Ces poursuites découlent des lois malaisiennes sur la sécurité. Les suspects encourent jusqu’à 10 ans de réclusion.

Le nouveau Premier ministre Mahathir Mohamad, arrivé au pouvoir en promettant de faire toute la lumière sur le scandale, a durci le ton envers le géant de Wall Street, l’accusant d’avoir «trompé» la Malaisie.

Le département américain de la Justice estime que 4,5 milliards de dollars ont été ainsi spoliés.

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