Credit Suisse répond aux interrogations d’Ethos

AWP

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La banque assure avoir fait tout son possible pour éviter la débâcle Greensill et ne pas détenir de fonds ayant des problèmes similaires.

Credit Suisse a répondu lundi in extenso aux nombreuses questions soulevées par la Fondation Ethos sur la gestion de l’affaire Greensill et la fuite de données «Suisse Secrets», avant la prochaine assemblée générale de la banque. L’établissement assure avoir fait tout son possible pour éviter cette débâcle et ne pas détenir de fonds ayant des problèmes similaires.

Dans un document d’une vingtaine de pages, le groupe bancaire zurichois a répondu aux questions de la fondation sur l’affaire des fonds Greensill, du nom des quatre fonds «Supply Chain Finance Funds» (SCFF) liés à la société d’affacturage britannique qui a fait faillite en 2021.

Revenant sur la période avant l’effondrement de ces fonds, la banque assure avoir confronté Greensill aux informations de presse faisant état des difficultés financières de la société. Cette dernière a «à chaque fois été en mesure de livrer des réponses satisfaisantes», amenant l’établissement «à renoncer à des mesures supplémentaires». Les articles de presse relayant les problèmes de Greensill en 2019 et 2020 ne permettaient pas de penser que Greensill faisait face à de graves difficultés financières, a détaillé la banque dans ses réponses à Ethos.

Credit Suisse s’efforce actuellement de rembourser quelque 10 milliards de dollars aux clients ayant investi dans ces véhicules de placements, liquidés préventivement avant la défection de Greensill. Quelque 6,7 milliards ont pour l’heure été reversés aux investisseurs. Les démarches auprès des débiteurs et des assurances pourraient s’étendre sur cinq ans, a averti la banque.

Responsables licenciés et privés de bonus

Pour la banque, «certains responsables et employés auraient pu empêcher le dommage à la réputation et l’échec économique, s’ils s’étaient comportés plus correctement ces dernières années». Dans la foulée de cette affaire, le numéro deux bancaire helvétique a licencié dix employés tenus pour responsables de cette débâcle. Leurs bonus au titre de 2021 ont été annulés.

Credit Suisse a par ailleurs détaillé que les parts des fonds SCFF ont été acquis par 1200 investisseurs institutionnels et professionnels. Selon l’enquête menée par la banque, cette dernière ne détient pas d’autre fonds «ayant les mêmes caractéristiques et problèmes» que les fonds Greensill.

Ethos avait également pointé du doigt le manque de transparence de Credit Suisse sur ces affaires et le refus de l’établissement de publier le rapport d’enquête sur Greensill. Credit Suisse argue pour sa part qu’elle doit faire valoir ses droits auprès des débiteurs et des assureurs. Aussi, en prévision d’éventuels litiges judiciaires, le rapport d’enquête et ses conclusions ne seront pas publiés, a répété l’établissement.

Le conseil d’administration avait confié au cabinet d’avocats zurichois Walder Wyss, assisté par le cabinet d’audit Deloitte Touche Tohmatsu, le mandat de réaliser une enquête externe indépendante sur l’affaire SCFF. «Le rapport correspondant est terminé» et ses conclusions ont été transmises à l’organe de surveillance et au gendarme des marchés financiers Finma, a ajouté Credit Suisse dans son invitation à l’assemblée générale.

En prévision de la réunion du 29 avril, la banque aux deux voiles recommande à ses actionnaires de rejeter la demande d’Ethos d’un contrôle spécial dans cette affaires et la fuite de données «Suisse Secrets». Pour la banque, «des secrets commerciaux et autres intérêts légitimes du Credit Suisse s’opposent à la publication d’un rapport de contrôle spécial».

Sentiment de ras-le-bol

«Il s’agit d’un premier élément de transparence, mais les réponses laissent un peu songeur», a réagi Vincent Kaufmann. Selon le directeur d’Ethos, «l’objectif de nos questions était d’apporter un peu plus de transparence, mais les réponses apportées restent insuffisantes et surtout ne sont pas vérifiées par un tiers indépendant».

La fondation maintient donc sa demande de contrôle spécial, «afin qu’un juge nomme un expert indépendant qui vérifie ces réponses. Nous recommandons aussi aux actionnaires de voter contre la décharge du conseil d’administration et de la direction, hors l’affaire Greensill, en raison des nombreuses autres affaires» notamment la débâcle du fonds Archegos et l’affaire au Mozambique, a indiqué M. Kaufmann à l’agence AWP.

Pour le dirigeant, «il y a un ras-le-bol des actionnaires en raison de la succession des affaires et du cours historiquement bas de l’action».

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