BPCE réussit son rachat de Natixis, ouvrant la voie à son retrait de la cote

AWP

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Le groupe mutualiste réussit son pari et pourra devenir le premier groupe bancaire non coté d’Europe.

BPCE a annoncé jeudi soir avoir franchi le seuil de 90% des parts détenues dans sa filiale Natixis. Prochaine étape: demander son retrait de la bourse et devenir le premier groupe bancaire non coté d’Europe.

Le groupe mutualiste réussit donc son pari, tandis que l’offre, qui avait été prolongée d’environ une semaine pour laisser le temps à certains fonds de se positionner, doit expirer vendredi après la clôture de la bourse.

«La demande de retrait obligatoire interviendra dans la foulée», a annoncé BPCE qui, avant le début de l’opération lancée le 4 juin, détenait 70,7% de Natixis.

Plus tôt dans la journée, à l’occasion d’une conférence de présentation du plan stratégique du groupe, Laurent Mignon, président du directoire de BPCE, s’était dit «confiant» quant à l’issue de cette opération qui doit permettre de revoir l’organisation de la banque.

«Cela simplifie l’organisation du groupe: cela veut dire que nous n’avons pas un groupe dans un groupe», avait-il expliqué, soulignant ne pas avoir «besoin de la Bourse comme acteur d’accès à des capitaux pour pouvoir financer le développement» de BPCE.

En proposant un prix de 4 euros par action, soit un montant total de 3,7 milliards d’euros, le groupe a déçu certains actionnaires historiques qui avaient investi en 2006 pour un montant de 19,55 euros par action.

Mais depuis, la crise est passée par là, d’abord celle de 2008 qui a envoyé l’action sous la barre d’un euro, avant de se redresser quelque peu bon an mal an. L’offre à 4 euros, au moment de son annonce, représentait une prime de 40% sur la moyenne des cours de Bourse des 60 derniers jours et de 16% par rapport au cours de clôture du vendredi précédent.

Se faire plus discret

Pour BPCE, cette opération de rachat facilitera la réorganisation que souhaite opérer le groupe, en déplaçant les métiers de l’assurance et du paiement, aujourd’hui chez Natixis, vers une entité réunissant les réseaux Banque Populaire et Caisse d’Epargne.

Les métiers restants de Natixis, c’est-à-dire la gestion d’actifs et de fortune, et la banque de grande clientèle, pour les grandes entreprises et institutions, seront réunis dans un nouvel ensemble baptisé «Global Financial Services».

Cerise sur le gâteau, en sortant Natixis de la cote, les déboires que connaît la société «ressortiront beaucoup moins» dans la presse, souligne un connaisseur du secteur.

Cette volonté de rachat de Natixis par sa maison-mère intervient en effet après plusieurs années chahutées pour la filiale, en proie à des turbulences liées notamment au fonds problématique H2O, avec qui la banque veut rompre les liens, ou encore un coûteux revers sur les activités de dérivés actions en Asie fin 2018.

Il y a quelques semaines, Natixis a en outre été condamnée à une amende de 7,5 millions d’euros pour information trompeuse durant la crise des subprimes. La société a fait appel.

Enfin, selon une enquête de Mediapart, l’annonce du rachat de Natixis par BPCE aurait été accélérée en raison d’une «suspicion de fuite» et d’un possible délit d’initié, avec de très nombreux achats observés la veille de l’annonce, faite en février.

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