Boris Collardi épinglé par la Finma dans l’affaire vénézuélienne

AWP

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L’actuel associé gérant de Pictet était sous enquête dans le sillage de cas présumés de corruption au Venezuela. La banque genevoise lui renouvelle sa confiance.

Le banquier Boris Collardi a écopé d’un blâme écrit du gendarme financier pour une affaire de blanchiment d’argent qui remonte à la période où il dirigeait le gestionnaire de fortune Julius Baer. L’actuel associé gérant de Pictet était sous enquête dans le sillage de cas présumés de corruption au Venezuela. La banque genevoise lui renouvelle sa confiance.

Dans une prise de position envoyée jeudi à AWP, Boris Collardi se dit à titre personnel satisfait de la fin de la procédure du régulateur. «J’accepte le blâme qui a été prononcé sur cette base. Cette décision - et c’est là l’essentiel - met un point final au dossier pour moi», affirme le banquier romand.

Pour sa part, le groupe bancaire genevois prend note de la décision. «Pictet soutient Boris Collardi, qui a toute notre confiance», affirme l’établissement. M. Collardi a quitté la tête de Julius Baer en novembre 2017 et rejoint le collège des associés de Pictet en juin 2018.

L’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) a statué sur le cas de quatre personnes qui étaient cadres supérieurs de Julius Baer au moment de cette affaire de fonds vénézuéliens, afin de déterminer les responsabilités individuelles en termes de violation des dispositions contre le blanchiment d’argent. Le gendarme financier a notamment ouvert une enquête approfondie (enforcement) à l’encontre d’un ancien responsable de la banque zurichoise. La Finma a prononcé des blâmes à l’encontre de deux autres personnes - dont Boris Collardi.

Le régulateur financier a renoncé à toute procédure concernant un quatrième dirigeant, celui-ci ayant renoncé à toute position de direction dans un établissement financier, selon les indications fournies dans un communiqué distinct. L’autorité n’a pas divulgué les noms de ces personnes, ce qu’elle fait rarement lorsqu’elle lance des procédures ou décide de sanctions.

Les fonds ayant transité par Julius Baer étaient liés à de potentiels actes de corruption autour de la compagnie étatique vénézuélienne Petróleos de Venezuela S.A. PDVSA et de la Fédération internationale de football Fifa. Les faits remontent aux années 2009 à 2018, période lors de laquelle Boris Collardi dirigeait la banque.

Aucune sanction financière

Selon le site d’informations financières Inside Paradeplatz, le successeur de M. Collardi à la tête de Julius Bär, Bernhard Hodler, serait le deuxième dirigeant à avoir écopé d’un blâme. Un porte-parole de M. Hodler, cité par le portail internet, affirme que l’éphémère patron de la banque, qui a occupé le poste moins de deux ans, aurait «pris connaissance» de la sanction. Bernard Hodler a travaillé pour le groupe zurichois durant plus de 20 ans.

Contactée par AWP, la banque Julius Baer n’a pas souhaité commenter et précisé qu’il s’agissait de quatre ex-cadres supérieurs du gestionnaire de fortune zurichois.

La Finma avait déjà fixé le sort de Julius Baer il y a près d’un an, constatant de graves manquements dans la lutte contre le blanchiment d’argent. Aucune sanction financière n’avait été prise à l’encontre de l’établissement, invité par le gendarme financier à revoir sa politique de recrutement et la gestion des conseillers à la clientèle. Le régulateur a néanmoins interdit à Julius Baer de procéder à toute acquisition d’entreprise importante, en attendant l’implémentation de ces mesures prudentielles.

Il ne s’agit pas de la seule affaire qui touche Julius Baer. La Finma cherche depuis l’été à déterminer si l’établissement a enfreint les dispositions anti-blanchiment en prêtant service à un entrepreneur argentin.

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