Ardian-GIP ne participera pas au projet de «nouveau Suez»

AWP

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«Après neuf mois d’examen, le projet qui vient d’être choisi ne nous satisfait pas. Nous n’en ferons pas partie», a dit le patron d’Ardian Infrastructure Mathias Burghardt.

Nouveau rebondissement d’une saga qui n’en a jamais manqué: les fonds d’investissement Ardian et GIP ne participeront pas au projet de «nouveau Suez», le futur groupe prévu par l’accord de rapprochement entre Suez et Veolia.

«Après neuf mois d’examen, le projet qui vient d’être choisi ne nous satisfait pas. Nous n’en ferons pas partie», a dit le patron d’Ardian Infrastructure, Mathias Burghardt, aux Echos mardi soir.

L’accord trouvé le 11 avril entre Veolia et Suez pour mettre un terme à huit mois de guerre autour de l’OPA de l’un sur l’autre, n’est «pas acceptable» pour les deux fonds, annoncés pourtant parmi les repreneurs du futur Suez issu du deal.

Le consortium franco-américain, qui n’avait pas été associé aux dernières négociations entre les deux géants de l’eau et des déchets, a cité «plusieurs points de blocage», dont le périmètre du futur Suez et sa gouvernance.

Depuis, «nous n’avons pas eu de discussions avec le ministère des Finances, ni de pourparlers pour tenter d’aménager un accord», a expliqué M. Burghardt. «Nous n’avons en aucun cas essayé de détricoter le nouveau projet entre Suez et Veolia. La question était : est-ce que nous sommes capables de participer ? Et la réponse était négative».

Pour GIP-Ardian, «un certain nombre de sujets» étaient «problématiques», notamment le fait que le futur Suez ne comprenne que 25% d’activités internationales, et aucune aux Etats-Unis. Ils «auraient souhaité un meilleur équilibre entre activités françaises et internationales», a expliqué une porte-parole à l’AFP.

Au sujet de la gouvernance du futur Suez, le projet prévoyait 40% pour ce consortium, 40% pour le fonds Meridiam, le reste partant à la Caisse des dépôts (CDC) et aux actionnaires salariés.

Or «Ardian et GIP investissent dans des entreprises au sein desquelles ils ont les moyens de mettre en place leur stratégie industrielle», ajoute-t-on. En clair, 20% chacun cela ne fait pas une majorité.

Le consortium cite enfin l’importance d’un «soutien du corps social» de Suez au projet.

Or côté syndical, le secrétaire CGT du comité d’entreprise Franck Reinhold von Essen a exprimé un «sentiment de trahison» dès l’accord connu, estimant que «les moyens de négocier autre chose existaient».

Un actionnariat en majorité français

Le 11 avril, au terme de près de huit mois de bataille, les dirigeants de Veolia et de Suez se sont finalement entendus pour que le premier absorbe une bonne part du second et forme un «champion» de l’eau et des déchets pesant quelque 37 milliards d’euros.

L’accord de principe, conclu après médiation de l’ancien patron historique de Suez Gérard Mestrallet, prévoit le maintien d’un Suez représentant 7 milliards d’euros de revenus, moins de la moitié du groupe actuel. Surtout concentrée sur la France, la société aurait été reprise par GIP-Ardian, Meridiam et la CDC, pour un actionnariat majoritairement français. Mais GIP et Ardian n’étaient pas à la table de l’hôtel Bristol.

«Il va falloir qu’on travaille avec eux», avait souligné Philippe Varin le 12 avril. «Notre accord est un accord de principe. Il faut maintenant que les termes détaillés soient établis, ceci suppose bien sûr des discussions qui vont se tenir notamment dans le prochain mois», avait-il dit.

La direction de Suez avait sollicité Ardian dès l’automne dernier, pour en faire son repreneur alternatif face au projet d’OPA de Veolia.

Veolia a racheté début octobre auprès d’Engie 29,9% de Suez, avant de lancer une OPA sur le reste des parts, au grand dam de son rival assiégé.

Pour reprendre les activités de Suez que les lois anti-trust lui interdiraient de garder, le numéro un du secteur avait pour sa part conclu un accord de revente avec le fonds Meridiam.

Celui-ci a confirmé après l’accord du 11 avril qu’il était prêt à prendre une participation d’»au moins» 40% dans le nouveau Suez.

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