Réformes et gouvernance en Corée du Sud – si pas maintenant, quand?

Andrea Astone, BMO Global Asset Management

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Les normes en matière de gouvernance des entreprises en Corée du Sud préoccupent les investisseurs internationaux.

Ce phénomène a été amplifié par le fait que de nombreux autres marchés de la région ont amélioré leurs normes en matière de gouvernance dans l’optique de devenir plus attractifs pour les investisseurs étrangers. Le Président Park avait été nommé en 2013 avec la promesse de réformer les «chaebols» (élites politiques et économiques qui contrôlent une part importante des actifs du pays). Toutefois, avec l'affaiblissement des perspectives économiques, il est rapidement devenu évident que cet élan ne se concrétiserait pas. Le président Park a été destitué au début de 2017 à la suite d'un scandale politique impliquant des hauts fonctionnaires et des chefs d'entreprise, dont Lee Jae-yong, le chef intérimaire du Groupe Samsung. Le tumulte suscité par ce scandale au sein de l'opinion publique a conduit à la nomination de Moon Jae-in à la présidence, avec un mandat fort pour réformer les chaebols. Les réformes récemment proposées comprennent la protection des actionnaires minoritaires, le renforcement des pouvoirs des régulateurs, tels que la Fair Trade Commission (FTC), et le traitement des questions de structure de la propriété.

Développements en matière d’administration

En 2016, le Korean Stewardship Code a été introduit. Alors que l'adoption initiale du code a été relativement lente, le principal investisseur du marché, le National Pension Service (NPS), l'a maintenant adopté. Cela devrait encourager d'autres investisseurs locaux à faire de même. Il y a actuellement plus de 50 signataires du code. Un autre changement important ayant été introduit est la suppression du "vote fictif" (shadow voting). Ceci, lié à l'adoption accrue des systèmes de vote électronique par les entreprises, devrait se traduire par une plus grande sensibilité aux votes des investisseurs minoritaires, ce qui représente un élément positif en termes de gestion d'entreprise.

Les administrateurs externes sont définis comme des personnes
qui ne participent pas à la gestion quotidienne de l'entreprise.
Problèmes de gouvernance persistants

Le marché sud-coréen se caractérise depuis longtemps par des structures de propriété circulaires, les chaebols utilisant une participation relativement minime pour contrôler le conglomérat dans son ensemble. Les faibles distributions de dividendes et les pratiques de gouvernance qui favorisent la famille ayant le contrôle aux dépens des investisseurs ordinaires ont incarné leur existence. Le gouvernement cherche à gérer cette problématique mais jusqu'à présent seules des réformes volontaires ont eu lieu. Un certain nombre de structures de propriété circulaires continuent de fonctionner, les plus prolifiques étant le groupe Samsung et le groupe Hyundai.

Le rôle des administrateurs externes

Contrairement à de nombreux marchés dans le monde, en Corée du Sud, il est obligatoire pour les conseils d'administration des grandes entreprises d'avoir une majorité d'administrateurs «externes» (un quart pour les petites entreprises). Les administrateurs externes sont définis comme des personnes qui ne participent pas à la gestion quotidienne de l'entreprise, à l'instar d'un administrateur non exécutif siégeant à un conseil d'administration au Royaume-Uni. Cela donne l'impression d'un conseil bien structuré, la réalité est quelque peu différente. Sur le marché, il y a une tendance à nommer une grande proportion d'administrateurs externes provenant du milieu universitaire ou de la fonction publique. Ces personnes n'ont souvent pas l'expérience des affaires et de la gestion nécessaire pour remettre en question la gestion.

Si les espoirs des investisseurs internationaux ont été anéantis par le passé, il est temps de se poser la question d'une véritable réforme de la gouvernance: si pas maintenant, quand?