Rappel à l’ordre

Axel Botte, Ostrum AM

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Le ping-pong se poursuit entre la Fed et les marchés qui veulent croire à l’assouplissement monétaire.

La réaction des marchés financiers au statu quo sur les taux américains est probablement allée au-delà des intentions de la Fed. Jerome Powell a donc profité de son allocution lors de la réunion du FMI pour réaffirmer la nécessité d’agir en cas de nouvelle hausse de l’inflation. La forte baisse des rendements a laissé place à des prises de profits la semaine passée ramenant le T-note aux alentours de 4,60%. La sensibilité des actions aux taux longs s’est manifestée par un net décrochage des indices boursiers à l’issue de l’adjudication difficile du 30 ans américain jeudi. Le Bund se situe à 2,70% en fin de semaine après les propos de Christine Lagarde annonçant des taux inchangés au premier semestre 2024. Les anticipations d’inflation refluent avec la baisse de 4 dollars du baril de brut. Parallèlement, les spreads souverains se resserrent à l’exception de la dette portugaise par suite de la démission du Premier ministre. Les swap spreads poursuivent leur tendance au rétrécissement entrainant le crédit et les dettes liées au taux swap. Le dollar est globalement stable sur des niveaux élevés alors que le yen reprend sa spirale baissière. Les marchés d’actions semblent consolider le rebond du début du mois.

Christine Lagarde se fait l’écho de Jerome Powell

Le calendrier des publications américaines était peu fourni la semaine passée. La situation conjoncturelle des Etats-Unis reste favorable. La révision du solde commercial devrait toutefois induire une révision marginale de la croissance au troisième trimestre. Les nouvelles inscriptions au chômage n’annoncent pas d’inflexion significative. En zone euro, le sondage de la BCE rapporte une hausse des anticipations d’inflation des ménages à 1 an en septembre (4%). Le rebond transitoire du pétrole explique probablement ce rebond. En Chine, la déflation réapparait.

La démission du premier ministre Antonio Costa, au Portugal, engendre des prises de profit. Les élections anticipées sont prévues en mars prochain.

La mauvaise adjudication de 30 ans américain semble finalement un épiphénomène compte tenu de la reprise de l’aplatissement de la courbe. C’est toutefois symptomatique du risque de refinancement aux Etats- Unis qui perdurera l’an prochain. La reconstitution de la prime de terme n’est sans doute pas achevée malgré cette volatilité actuelle. Le T-note oscille autour de 4,60%. Les points morts à terme se sont dégradés récemment faisant écho à la remontée des anticipations de prix des ménages (4,2% à 1 an). En zone euro, Christine Lagarde s’est fait l’écho de Jerome Powell pour rappeler la nécessité de maintenir des taux élevés. Le Bund revient vers 2,70%. La poursuite du rebond des taux se dessine avec comme objectif un retour vers le seuil de 3%. Les spreads souverains se sont bien comportés avec des succès d’émission en Italie et en Autriche. La démission du premier ministre Antonio Costa, au Portugal, engendre des prises de profit. Les élections anticipées sont prévues en mars prochain. Le crédit souverain portugais reste bien orienté de sorte que la dette devrait converger vers 100% du PIB en 2024. La dette grecque s’approche de ses plus bas récents. Le resserrement des spreads peut sembler excessif notamment sur l’Italie (187pb). Sur les souverains émergents, les spreads se sont réduits de 10pb avec quelques émissions primaires (Costa Rica, Colombie) pour alimenter la demande.

Le marché du crédit bénéficie du resserrement des swap spreads. L’iTraxx semble accentuer la tendance en surperformant l’obligataire. Les émissions totalisent environ 15 milliards d’euros sur la semaine écoulée réparties équitablement entre financières et non- financières. Les inquiétudes sur l’immobilier commercial américain se répercutent sur le secteur des Pfandbrief en Allemagne, mais les foncières résistent dans l’ensemble. Les dettes hybrides et les subordonnées assurantielles surperforment. Le marché du high yield est porteur. Le spread moyen du high yield européen se situe à 468pb contre Bund, en baisse de 5pb sur la semaine. L’ampleur du resserrement de l’indice Crossover (412pb) depuis un mois incite néanmoins à la prudence et au rachat de protection. Le segment des AT1 qui s’anime avec la première émission d’UBS, depuis la reprise de Crédit Suisse, offre encore une décote appréciable en comparaison des spreads sur les notations B.

Les actions terminent la semaine sans tendance claire. Les FANG s’adjugent néanmoins 3% alors que les petites valeurs américaines reculent de près de 4%. En Europe, le marché progresse légèrement grâce au couple croissance/qualité.

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