L'investissement est un marathon, pas une course

Aziz Hamzaogullari, Loomis Sayles

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Les mauvaises évaluations qui résultent du court-termisme de certains créent des opportunités pour les autres.

©Keystone

La croissance n’arrive pas avec un claquement de doigts. En effet, les entreprises capables de soutenir et de développer des portefeuilles sur des années doivent être en mesure de maintenir leur trajectoire de croissance pendant de très longues périodes. Pour ce faire, elles doivent disposer d'avantages concurrentiels particulièrement résistants.

Pour autant, Il est rare que des entreprises soient en mesure de créer et de maintenir un avantage concurrentiel. De manière empirique, seul 1% des entreprises sont en mesure de conserver un avantage concurrentiel, ce qui se traduit par une croissance durable et rentable à long terme.

L’on observe que lorsqu'une entreprise obtient des rendements et une croissance supérieurs à la moyenne, elle attire la concurrence et les capitaux. La plupart des entreprises ne parviennent pas à défendre leur position car leurs modèles peuvent être reproduits avec suffisamment de temps et de capitaux.

A la recherche d’avantages concurrentiels

Les entreprises de bonne qualité sont rares. L’on recherche des avantages qui ne changent pas en un jour, un trimestre ou même une décennie.

Ainsi, malgré le succès à long terme de Meta (Facebook) et d'Alphabet (Google), les investisseurs ont régulièrement douté de la durabilité des avantages concurrentiels et des opportunités de croissance de ces deux entreprises de haute qualité. Ces entreprises présentent des atouts qu'il est difficile, voire impossible, de reproduire et méritent d'être incluses dans un portefeuille de croissance de haute qualité.

Le catalyseur de la mauvaise évaluation est souvent le rendement trimestriel qui ne correspond pas aux attentes du consensus.

Plus de 3,6 milliards de personnes utilisent les réseaux Meta, ce qui représente 75% des utilisateurs de l'internet dans le monde. Sa portée est inégalée, attirant environ 200 millions d'entreprises dans le monde entier sur ses plateformes. Ces entreprises le font en raison du retour sur investissement qu'elles peuvent obtenir sur les réseaux Meta, et qu'il est difficile de reproduire par d'autres canaux publicitaires. Que l’on dépense 2 dollars ou 2 millions de dollars avec Facebook, l’on peut mesurer avec précision vos coûts par rapport à votre rendement.

De plus, les investissements nécessaires créent une forte barrière à l'entrée pour les concurrents potentiels. Par exemple, Meta a dépensé environ 75 milliards de dollars en recherche et développement et 50 milliards de dollars en ventes et marketing rien qu'au cours des cinq dernières années. Et même ce niveau de dépenses ne garantirait pas le type de reconnaissance de la marque qui a permis à Google d'avoir un quasi-monopole sur les moteurs de recherche.

La patience paye

Aussi, les acteurs du marché ont tendance à se mettre à l'abri à la moindre mauvaise nouvelle ou à s'engager dans des transactions en raison d'un optimisme mal placé. Les mauvaises évaluations qui en résultent créent des opportunités pour les investisseurs actifs, à long terme et axés sur l'évaluation.

Le catalyseur de la mauvaise évaluation est souvent le rendement trimestriel qui ne correspond pas aux attentes du consensus. Amazon est une entreprise formidable, mais de temps à autre, elle connaît ce que les investisseurs à court terme considèrent comme un mauvais trimestre. En fait, au cours des 16 dernières années, Amazon a raté ses résultats trimestriels 12 à 13 fois. Pas moins de 11 fois, ces nouvelles ont déclenché une baisse du cours de l'action de 20% ou plus, même si les avantages structurels et les opportunités de croissance à long terme d'Amazon sont restés intacts.

Les chiffres décevants à court terme ont souvent une raison stratégique valable. Les dépenses d'investissement en sont une. Lorsqu'Alphabet, par exemple, a acheté YouTube pour 1,65 milliard de dollars en 2006, de nombreux investisseurs se sont montrés sceptiques. Pourquoi payer si cher pour si peu de retour sur investissement? Mais Google avait bien compris que la vidéo deviendrait une composante essentielle de la publicité en ligne.

Ce type d'opportunités d'arbitrage n'existe que lorsqu'il y a un écart de points de vue entre investisseurs sur l'avenir d'une entreprise. Pour en tirer parti, il faut un processus rigoureux et un tempérament patient. L’on doit être à l'aise lorsque les autres ne le sont pas.

Les investisseurs passifs affirment souvent que les sociétés à grande capitalisation sont évaluées de manière précise. Cependant, ces exemples mettent en évidence le fait que des incidents peuvent se produire et se produisent même dans les sociétés à grande capitalisation les plus connues.

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