Banque centrale européenne: nouvelle formule

Jon Levy, Loomis Sayles

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Si le marché s'attend à ce que les taux descendent, l'effet des hausses de taux sur l'inflation pourrait être réduit.


La Banque centrale européenne (BCE) a commencé à mettre fin à la plus importante mesure de politique quantitative qu'elle ait jamais prise. Bien que le processus semble clair, la communication sur le comportement des investisseurs a été limitée. Qu'est-ce que cela signifie pour les marchés?

Début 2014, la BCE a mis en place une nouvelle politique majeure, introduisant des taux négatifs et des achats d'actifs à grande échelle, ainsi qu'une orientation plus agressive en matière de taux d'intérêt. Cette combinaison de politiques complémentaires a été conçue pour lutter contre une inflation trop faible.

À l'époque, l'un des problèmes de la BCE était que les primes de terme étaient trop élevées, compensant les investisseurs pour l'éventualité d'une hausse des taux. Pour contribuer à la baisse des taux futurs attendus, la BCE souhaitait que les primes de terme diminuent. Cela impliquait une baisse des rendements à long terme des obligations d'État.

Si la BCE devait être explicite quant à ses intentions, elle se démarquerait nettement des autres mesures prises par les banques centrales du monde entier.
Neuf ans plus tard

En 2023, il semble que la combinaison nécessaire de mesures et d'objectifs politiques ait radicalement changé. Face à un environnement d'inflation persistante supérieure à l'objectif, la BCE a commencé à réduire son stock d'actifs de bilan accumulés par le biais des programmes d'achat d'actifs. Cependant, contrairement à 2014, Les différentes nuances d’intention de la BCE pour les primes à terme semble être plus complexes.

La BCE n'a pas communiqué de manière explicite sur l'intention de ses actions politiques. Cependant la BCE pourrait envisager d'émettre un avis sur l'importance des primes de terme positives. À la lumière de son opinion favorable sur l'efficacité de ses programmes d'actifs, cela serait logique.

Si la BCE devait être explicite quant à ses intentions, elle se démarquerait nettement des autres mesures prises par les banques centrales du monde entier. Par exemple, la Réserve fédérale et d'autres banques centrales ont généralement laissé la liquidation des bilans se faire plus ou moins en arrière-plan, tout en mettant l'accent sur l'importance des taux directeurs.

Gérer les attentes

La BCE voudra probablement éviter une attente de baisse des taux directeurs à l'avenir. Même si elle est susceptible de réduire les taux, elle doit dissiper les certitudes du marché à ce sujet. Par exemple l'inversion inhabituelle de la courbe des taux souverains allemands à laquelle l’on a assisté au cours des derniers mois. Ces facteurs de marché peuvent être considérés comme impliquant des taux plus bas à l'avenir, ce qui peut inquiéter la BCE. Si le marché s'attend simplement à ce que les taux redescendent rapidement, l'effet des hausses de taux sur le contrôle de l'inflation pourrait être réduit.

Dans nombre de ses communications sur l'impact des achats d'actifs, la BCE a insisté sur le fait que les achats d'actifs fonctionnaient de concert avec les taux négatifs et l'orientation prospective. Actuellement, la BCE dispose de nouveaux outils, notamment des options, pour aider à protéger la transmission de la politique entre les pays. Ces outils sont structurés de manière à permettre à la BCE d'influencer les taux d'intérêt à long terme tout en atténuant le risque qu'ils augmentent trop dans certaines parties de la zone euro.

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