Les statistiques confortent l’espoir d’un atterrissage en douceur

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Il y a quelques jours, l’indice S&P 500 flirtait avec ses sommets historiques, à la faveur de la bonne tenue des indicateurs économiques américains. Décryptage.

La croissance du PIB des Etats-Unis s’est avérée plus forte que prévu au quatrième trimestre 2023. Cela suggère que rien ne presse la Réserve fédérale américaine (Fed) à amorcer la baisse de ses taux d’intérêt.

La croissance de 3,3% du PIB en rythme annualisé est supérieure à la prévision du consensus (2%) des économistes sondés par Bloomberg. D’ailleurs, aucun d’entre eux n’avait anticipé une croissance aussi forte. Cela fait maintenant depuis le troisième trimestre 2022 que la croissance est supérieure au taux de croissance tendanciel de l’économie américaine, estimé par la Fed à 1,8%.

Les Etats-Unis restent donc probablement en bonne voie pour un atterrissage en douceur, avec une combinaison de croissance économique positive (même si elle ralentit) et d’inflation modérée, un environnement favorable aux marchés.

Des chiffres de l’inflation rassurants

L’indice des dépenses de consommation personnelles hors alimentation et énergie (le baromètre préféré de la Fed pour mesurer l’inflation) est ressorti en décembre en hausse de 2,9% en glissement annuel, contre 3,2% en novembre. Même si l’inflation annuelle reste supérieure au taux de 2% visé par la Fed, elle est au plus bas depuis mars 2021.

La consommation, les investissements des entreprises et les achats ou ventes dans l’immobilier résidentiel ont tous contribué à la croissance. 

Ces chiffres permettent d’expliquer pourquoi les participants au marché ont des attentes élevées en ce qui concerne le rythme de l’assouplissement à venir de la politique de la Fed, malgré la vigueur de la croissance économique. Récemment, les contrats à terme reflétaient quasiment 140 points de base de baisses de taux cette année.

Même si cela semble excessif – le scénario de base de la Recherche d’UBS envisage une baisse de 100 points de base en 2024 – cette perspective reste porteuse pour les obligations de qualité et pour le marché des actions dans son ensemble. Une baisse des taux de cette ampleur serait particulièrement avantageuse pour les petites capitalisations, qui empruntent davantage à taux variable que les grandes entreprises.

Ralentissement de la croissance mais pas de récession

Les chiffres du PIB au quatrième trimestre sont globalement très bons. La consommation, les investissements des entreprises et les achats ou ventes dans l’immobilier résidentiel ont tous contribué à la croissance. Les exportations et la dépense publique ont également eu une incidence favorable. Il est peu probable que la consommation des ménages ralentisse brusquement dans la mesure où leur revenu disponible a augmenté de 2,5% en glissement trimestriel.

Néanmoins, la Recherche d’UBS table bel et bien sur un ralentissement de la croissance de la consommation cette année. Compte tenu des freins existants tels que l’immobilier qui reste cher, la suppression des allocations pour garde d’enfants, la restriction du nombre de bénéficiaires du régime d’assurance-maladie Medicaid et la fin du moratoire sur les remboursements de prêts étudiants, la croissance devrait tomber légèrement en deçà de sa tendance.

A l’instar des chiffres du PIB, les chiffres de l’emploi sont dernièrement plutôt de bonne facture. 

Des chiffres de l’emploi cohérents avec un atterrissage en douceur

A l’instar des chiffres du PIB, les chiffres de l’emploi sont dernièrement plutôt de bonne facture. Le nombre de créations d’emplois en décembre (216'000) s’est avéré supérieur aux attentes. Toutefois, la révision à la baisse des chiffres relatifs aux mois précédents montre que le chiffre n’était pas aussi bon qu’au premier abord. En janvier, le consensus table sur seulement 173'000 créations d’emplois.

En outre, le chiffre hebdomadaire des premières inscriptions au chômage pour la semaine qui s’est achevée le 20 janvier – 214'000 demandes d’allocation, contre 189'000 la semaine précédente – s’est révélé plus élevé que prévu, ce qui est le signe d’un fléchissement de la demande de main-d’œuvre.

Continuer à privilégier la qualité

Par conséquent, les statistiques économiques américaines reflètent toujours une situation favorable pour les marchés avec une croissance qui résiste bien, une décrue de l’inflation et la perspective d’une baisse des taux directeurs. La Fed envisagera sans doute sereinement une baisse de ses taux à compter du mois de mai, même s’il faudra pour cela de nouveaux signes de décélération de l’économie d’ici-là.

Dans ce contexte, on peut toujours recommander de mettre l’accent sur la qualité, aussi bien pour les actions que pour les obligations. Les investisseurs pourraient aussi compléter l’exposition aux actions de qualité par une allocation aux petites capitalisations. Ces dernières devraient bien se comporter si le scénario de base d’un atterrissage en douceur se vérifie, mais aussi dans le scénario optimiste, celui d’une conjoncture économique idéale (ni trop chaude, ni trop froide).

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