Les infrastructures cotées: maillons essentiels d’un monde en transformation

Mark Ebert & David Giboudeau, Quaero Capital

2 minutes de lecture

Au vu des évolutions fondamentales de la société, le secteur des infrastructures, qui représente environ 10% du MSCI World, nous paraît plus que jamais bien positionné.

Les infrastructures offrent à la collectivité le cadre physique indispensable à son bon fonctionnement. Services publics, transports, énergie, écoles, hôpitaux, mais aussi communications, traitement de l’eau et des déchets fournissent autant de conditions-cadres essentielles à la bonne marche de notre société moderne.

Naturellement, les transformations sociétales vont de pair avec la mise à niveau des infrastructures qui sous-tendent à leur développement.

Prenons deux exemples de transitions fondamentales en cours actuellement: la transformation du secteur de l'énergie et l’augmentation de la consommation de données. L’une et l’autre sont confrontées à des défis importants, qui ne peuvent être relevés que grâce à des investissements massifs dans les infrastructures correspondantes.

Les défis de la transformation du secteur de l’électricité

La transformation du secteur de l’électricité se caractérise par l’évolution du mix électrique vers une part accrue d'énergies renouvelables, ainsi que par une hausse de la demande, tirée par l’électrification généralisée (véhicules électriques, pompes à chaleur, hydrogène vert etc.). Cette transformation rencontre plusieurs défis, le principal étant d’augmenter significativement la capacité installée des énergies renouvelables, afin de compenser les facteurs de charge plus élevés du nucléaire ou du charbon. Le second défi est de répondre à l’inadéquation géographique entre les ressources solaires et éoliennes d’une part, et les zones de consommation d’autre part. La production d'électricité devenant plus décentralisée, l’extension et la modernisation du réseau deviennent des impératifs. Enfin, troisième défi et non des moindres: le manque de flexibilité des énergies renouvelables, inhérents à l’imprédictibilité du vent et du soleil, a pour conséquence d’augmenter sensiblement la volatilité des prix de l'électricité (et de les voir occasionnellement tomber en territoire négatif, notamment pendant les pics de production solaire).

Face à ces problématiques, nous avons identifié trois segments de marchés investissables: les développeurs d'énergie purement renouvelable, les utilities intégrées et les sociétés de transmission et de distribution (T&D). Dans notre portefeuille, nous favorisons ces dernières, maillons essentiels de la transition énergétique, du fait de leurs perspectives de croissance entre 6% et 12% par an jusqu'en 2030, selon les zones géographiques.

Le challenge de l’augmentation du volume de données

La seconde tendance de fond à laquelle nous assistons est celle de l’augmentation exponentielle de la consommation de données. Cette croissance se monte à plus de 30% par an, tendance «boostée» par la mise en service de la 5G. Elle nécessite le déploiement de tours télécom supplémentaires, de centres de données et de fibre optique pour les connecter. L'activité de location devrait rester élevée, stimulée par la demande croissante des données mobiles, et la nécessité technique pour les opérateurs mobiles d'avoir un réseau 5G plus dense qu'en 4G compte tenu des contraintes inhérentes à la 5G (longueur d'ondes plus courte).

Les opérateurs de télécommunications, de câbles et les opérateurs satellite font face à une concurrence accrue et à des difficultés structurelles (détérioration de l'environnement des chaînes de télévision basées sur la publicité, prix des données soumis à une forte pression au cours des 5 dernières années) et ne sont donc pas représentés dans notre portefeuille.

En revanche, le secteur des tours télécoms bénéficie de fondamentaux favorables, de barrières à l’entrée élevées et d’une bonne protection contre l’inflation, grâce à des contrats long terme et à une indexation à l’IPC. Les possibilités de croissance par acquisition offrent de surcroit des perspectives intéressantes. Les acteurs européens en particulier ont encore une marge de manœuvre importante en matière de consolidation, dans une industrie toujours fragmentée.

Les centres de données présentent également des caractéristiques attrayantes du fait de la tendance à long terme à l’externalisation des données. De 10% des données actuellement stockées dans le cloud, on devrait passer à 35% d’ici 2030. La croissance de l'externalisation de la gestion des centres de données, les déploiements de nouvelle génération basés sur l'IA, l’expansion des données en temps réel provenant d'appareils (capteurs, streaming, véhicules électriques), seront autant d’accélérateurs de cette tendance de fond. Parallèlement, il est de plus en plus difficile de construire de nouveaux centres de données (contraintes locales liées à la consommation électrique et l'approvisionnement en eau), ce qui rend les actifs déjà existants d'autant plus précieux.

Ces deux secteurs, tours télécoms et centres de données, constituent donc des expositions intéressantes.

Un secteur bien positionné

Au vu des évolutions fondamentales de la société, le secteur des infrastructures, qui représente environ 10% du MSCI World, nous paraît plus que jamais bien positionné. Il présente par ailleurs des caractéristiques très attrayantes dans l’environnement de marché actuel: une approche actions défensive, une protection contre l'inflation grâce à l’indexation des prix à l’IPC, une bonne visibilité des bénéfices sur 5 à 10 ans grâce à la génération de flux de trésorerie récurrents et un rendement des dividendes élevé. Enfin, avec une valorisation EV/EBITDA de moins de 10x, il présente un point d’entrée intéressant par rapport à sa moyenne historique de 11x EV/EBITDA.

A lire aussi...