Les caisses de pension sont pour la plupart solides

Communiqué, Swisscanto

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Etude sur les caisses de pension suisses 2023: les différences de rendement ont fortement augmenté au cours de la mauvaise année de placement – l'inflation entame la rémunération.

  • Le test de résistance sur les marchés financiers révèle d'énormes différences dans les rendements des placements: l'écart entre la performance la plus élevée et la plus faible est énorme, de -1% à -16,2%. Il s'agit de l'écart le plus important depuis la crise financière de 2008
  • Le rendement moyen de –8,8% est le deuxième plus mauvais depuis la parution de l'étude sur les caisses de pension suisses en 2000
  • Les caisses de pension au positionnement défensif et aux quotes-parts d'obligations élevées ont fait partie des plus grands perdants en 2022, celles avec une part plus élevée de placements illiquides ayant fait mieux que la moyenne
  • Malgré des rendements négatifs, les caisses de pension ont réalisé un rendement moyen de 1,9% nettement supérieur au taux d'intérêt minimal LPP
  • Pour la première fois depuis plus de vingt ans, l'inflation a entraîné une rémunération réelle négative de -0,9% pour les assurés. Alors que la compensation de l'inflation pour les retraités reste irréaliste, les assurés actifs pourraient même bénéficier d'une amélioration à long terme des prestations
  • Les caisses de pension sont pour la plupart solides: environ un tiers des caisses de pension de droit privé affichent un degré de couverture supérieur à 115%

Une performance négative de -8,8%, des degrés de couverture inférieurs d'environ 10 points de pourcentage en moyenne et, pour la première fois depuis des décennies, une rémunération négative réelle des avoirs de prévoyance: la dernière étude sur les caisses de pension suisses de Swisscanto montre à quel point l'année 2022 a été difficile pour les institutions de prévoyance suisses. Toutefois, la majorité des caisses de pension ont bien résisté à l'année de placements mouvementée et restent bien positionnées.

Pour la première fois, la forte inflation a entraîné une rémunération réelle négative

Tout avait pourtant bien commencé: début 2022, après une bonne année de placement, les caisses de pension jouissaient d'une situation financière plus confortable que jamais. Mais dès le premier trimestre 2022, les tensions géopolitiques, l'inflation élevée et la hausse des taux d'intérêt ont entraîné de fortes corrections sur les marchés financiers. Par conséquent, les généreuses réserves des caisses de pension ont rapidement diminué: le degré de couverture moyen des caisses de droit privé a dégringolé de 122,1% à 110,1% fin 2022, ce qui a nettement réduit leur marge de manœuvre.

La bonne surprise, compte tenu de la performance négative du marché, c'est que les avoirs de vieillesse des assurés ont malgré tout été rémunérés à 1,9% en moyenne (contre 4,3% en 2021), soit légèrement au-dessus du taux d'intérêt minimal LPP fixé à 1%. L'inflation tempère cependant ce signal fort en provenance des caisses: pour la première fois depuis la parution de la première étude sur les caisses de pension en 2000, le renchérissement élevé a entraîné une rémunération réelle négative de –0,9% sur les capitaux d'épargne vieillesse des assurés actifs.

Plus les caisses sont en forme, plus elles peuvent rémunérer le capital vieillesse, comme en témoigne la fourchette comprise entre 0,96% et 4,28%. Le taux d'intérêt quatre fois inférieur désavantage considérablement et dans la durée les assurés des caisses les moins performantes pour la constitution de leur avoir d'épargne vieillesse.

Les taux de conversion se stabilisent

La plupart des caisses de pension peuvent profiter aujourd'hui de leur bonne gestion de ces dernières années. En effet, malgré une année de placement difficile, trois évolutions positives se dessinent du côté des prestations: au niveau du taux d'intérêt technique, des taux de conversion et de la redistribution.

Le revirement de tendance qui se dessine au niveau du taux d'intérêt technique et la stabilisation des taux de conversion donnent de l'espoir. La forte hausse inattendue des taux en 2022 a certes pesé sur les marchés, mais elle promet une base de revenus plus stable à long terme. «C'est une condition essentielle pour toute amélioration de la performance sur le long terme pour les assurés actifs», déclare Heini Dändliker, responsable Key Account Management et responsable Marché suisse de la clientèle entreprises pour la Zürcher Kantonalbank.

La redistribution, non prévue par le système mais qui a eu cours pendant plus de deux décennies, a été annulée pour deux raisons. Premièrement en raison du revirement de tendance du taux d'intérêt technique: après une baisse continue pendant des décennies, sauf de 2003 à 2004, le taux d'intérêt technique a légèrement augmenté pour la première fois en 2022, passant en moyenne de 1,46% à 1,52% pour les institutions de prévoyance de droit privé, et de 1,72% à 1,75% pour les caisses de droit public. Pour la première fois depuis 2001, le taux d'intérêt technique correspond à nouveau à la réalité économique et au rendement des obligations de la Confédération à dix ans. Une condition importante pour l'équité intergénérationnelle.

La baisse des taux de conversion a aussi contribué à la désamorce. Après plus de dix ans de baisse, une stabilisation se profile. «La question de savoir si les taux de conversion ont été trop fortement corrigés à la baisse devrait surtout être abordée du point de vue des nouveaux retraités, notamment au regard de l'inflation», déclare Heini Dändliker. En effet, pour les retraités, compenser l'inflation serait actuellement impossible en raison du manque de liquidités, alors qu'ils ont été frappés de plein fouet par l'inflation de +2,8% en 2022.

La stratégie de placement choisie responsable d'énormes écarts de rendement

Le test de résistance sur les marchés financiers a révélé d'énormes différences de rendement entre les placements. Entre -1,0% et -16,2%, la meilleure performance et la pire performance font le grand écart. Il s'agit de la plus large fourchette de rendements depuis la crise financière de 2008. Si l'on compare le dixième des caisses qui ont réalisé les rendements les plus élevés et les plus faibles au cours des cinq dernières années, on obtient un tableau similaire: -3,8% pour la caisse la plus performante et -12,7% pour la caisse la moins performante en 2022.

Cette grande différence s'explique par l'allocation d'actifs, devenue encore plus déterminante en 2022. L'analyse montre que les caisses défensives aux quotes-parts d'obligations élevées de 38,7% en moyenne ont compté parmi les principales perdantes. La catégorie d'actifs soi-disant sûre n'a pas livré ses qualités défensives, bien au contraire. Le dixième des caisses qui a connu les meilleurs résultats a investi près de 50% dans des placements illiquides et alternatifs, dont l'immobilier – une part importante même en comparaison internationale. Ce sont les placements illiquides qui ont soutenu la performance lorsque les principales catégories d'actifs, à savoir les actions et les obligations, ont subi des pertes à deux chiffres.

L'écart important entre les rendements ne s'explique pas seulement par le contexte difficile de l'année 2022. Car on observe aussi des écarts de rendement importants sur cinq ans: alors que le meilleur dixième des caisses a réalisé 3,9% par an sur cinq ans, le moins bon dixième des caisses a réalisé 0,2% par an. A 116,5%, les plus performantes affichent en moyenne des degrés de couverture nettement supérieurs à ceux des moins performantes (102,9%). De plus, l'étude actuelle sur les caisses de pension montre que les placements à gestion active ont fait leurs preuves dans les années boursières difficiles: les institutions de prévoyance qui géraient plus de 30% de leur fortune de manière active ont réalisé un rendement supérieur à celui des institutions dont la part en gestion active était plus faible. Sur une période de dix ans, les premières ont réalisé en moyenne 3,7% par an, et les dernières 3,5%, avec une majorité de placements passifs. «Le choix de la stratégie de placement est et reste fondamental, non seulement pour la santé financière des caisses, mais aussi pour les prestations aux assurés», résume Iwan Deplazes, responsable Asset Management de la Zürcher Kantonalbank. «Les assurés sont fortement désavantagés si les caisses de pension réalisent une faible performance pendant plusieurs années. Les énormes écarts de rendement montrent que certaines caisses ont besoin de revoir leur allocation d'actifs.»

Toutes les crises ne se ressemblent pas: parmi les caisses, les meilleures élèves restent bien positionnées

L'étude actuelle montre qu'il existe des différences entre les turbulences du marché de 2022 et la crise financière de 2008: les pertes sur placement ont été bien plus importantes en 2008 (–12,6%) qu'en 2022 (–8,8%). De plus, les caisses de pension étaient financièrement mieux positionnées en 2022: «Jusqu'à fin 2021, les institutions de prévoyance ont pu étoffer leurs réserves de fluctuation de valeur grâce aux bonnes années boursières et ont donc abordé les turbulences en position de force», explique Iwan Deplazes.

La durabilité progresse – du moins pour les grandes caisses

Selon l'étude sur les caisses de pension suisses, ces dernières accordent de plus en plus d'importance au thème de la durabilité. Plus d'un tiers d'entre elles ont désormais intégré des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leurs règlements de placement. Au cours des trois dernières années, cette proportion est passée de 25% à 37%, sachant que la part des institutions de prévoyance de droit public concernées était déjà supérieure à 71%, nettement devant les caisses de droit privé à 32%. Comme on peut s'y attendre, les grandes caisses dont la fortune est supérieure à 500 millions de CHF ont continué à progresser au niveau de la mesure de l'empreinte CO2 des portefeuilles ou de la fixation des objectifs de réduction réels. Comme le montre l'étude, cela ne changera pas grand-chose dans un avenir proche. Seuls 5% des caisses de petite taille et 8% des caisses de plus grande taille s'engagent actuellement dans cette réflexion.

 

Cliquez ici pour télécharger l'étude sur les caisses de pension suisses 2023.

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