La danse délicate des marchés financiers

Geoffroy Brochard, Raiffeisen Suisse

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La pression des marchés financiers est une épreuve financière et psychologique. Comment y faire face?

La question persistante de savoir quand prendre des profits devient une énigme, surtout lorsque les valorisations des grandes capitalisation boursières suscitent des interrogations profondes. Le dicton «No one ever went broke taking profits» résonne comme une vérité indiscutable. Mais est-ce vraiment le cas?

Porter ses fruits

La tentation de vendre et de récolter les fruits de ses investissements est forte. Il s’agit d’un biais de finance comportementale connu sous le nom «d’effet de disposition», qui consiste à vendre trop tôt des titres dont la valeur a augmenté et trop tard ceux dont la valeur a baissé. Et ce sans autre fondement que la variation du prix par rapport au cours d’achat. La sagesse exige de ne pas succomber à cette tentation sans y avoir porté une réflexion. Prendre des profits peut sembler prudent mais ne pas le faire ne signifie pas forcément faire preuve de cupidité ou d’inconscience. Les gestionnaires de fonds jonglent avec des attentes multiples: vendre une position gagnante pour engranger des bénéfices ou la maintenir et s’exposer aux critiques de ne pas l’avoir fait si le titre recule temporairement. Il s’agit donc d’un équilibre délicat entre la satisfaction immédiate et la vision à long terme.

Pour réussir dans l’univers tumultueux des investissements, la patience est essentielle. 

Passer ou non à l’action

Pour l'investisseur, la prise de profits peut sembler être une idée séduisante, mais l'investissement en actions révèle une asymétrie. Deux actions sur trois sous-performent le marché monétaire à long terme, soulignant l'importance de persévérer (holding discipline) et de conserver en portefeuille les gagnantes. L’histoire suggère de garder les entreprises à succès et d'identifier les stars montantes: une poignée d'entreprises génère la majeure partie des gains à long terme, et c'est sur ces actifs que l’accent doit être mis. Une étude révèle que moins de 3% des sociétés génèrent la quasi-totalité de la création de valeur. Alors que la baisse est limitée à une perte totale de l'investissement, les gains sont potentiellement illimités. L'exemple notoire de Goldman Sachs investissant 3 millions de dollars dans Alibaba dans les années 2000 et réalisant un rendement de 7x en vendant cette participation illustre cette asymétrie. En effet, la vente de cette participation a rapporté près de 22 millions de dollars. Néanmoins, si cette participation avait été conservée, sa valeur aurait dépassé celle de la banque tout entière.

Garder son cap

Pour réussir dans l’univers tumultueux des investissements, la patience est essentielle. Résister à la tentation de vendre sous la pression du court terme et ne pas succomber aux biais comportementaux sont des impératifs. Il est crucial de rester ancré dans les positions gagnantes, même lorsque la mer agitée des marchés financiers tente de nous ébranler. C’est en maintenant le cap avec détermination que l’on peut espérer naviguer avec succès.

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