Industrie allemande: un médiocre rebond attendu

Bruno Cavalier, ODDO BHF

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Un rebond est anticipé pour la production allemande, mais le climat industriel n’est pas favorable.

Sur l’année écoulée, la production industrielle a été globalement stable, un résultat qui peut paraître étonnant compte tenu du choc énergétique historique causé par la guerre en Ukraine. Derrière cette image de stabilité, il y a des mouvements très différents selon les industries. Tout d’abord, il y a la spécificité du secteur automobile, qui bénéficie de la fin des problèmes d’approvisionnements apparus au début de la pandémie. Cela avait plombé la production en 2021. Au premier trimestre 2023, la production automobile était encore 4 points sous son niveau de fin 2019. La normalisation n’est sans doute pas loin d’être achevée. A l’autre extrême, les secteurs intensifs en énergie (environ 20% de la valeur ajoutée industrielle), ont souffert l’an dernier, leur production chutant de 15%. Le point positif est l’absence de contagion significative aux autres branches industrielles. La rechute des prix de l’énergie est un soulagement et devrait bénéficier à l’ensemble de l’économie allemande. En regard, les effets du resserrement monétaire continuent d’infuser. Cela pèse en particulier sur la construction, secteur qui est un donneur d’ordre pour l’industrie. A ce jour, l’activité de construction a résisté grâce aux commandes passées mais les nouvelles commandes se contractent rapidement. Le moral des industriels n’est pas bon. Les investissements liés à la transition énergétique sont un soutien pour certaines activités mais dans l’ensemble le secteur manufacturier va continuer de peser sur les perspectives de croissance de l’Allemagne en 2023.

La tendance est bien installée en zone de contraction à cause du choc sur le pouvoir d’achat.

La forte chute de la production industrielle allemande en mars (-3,4% m/m) parait exagérée, tout comme celle des commandes. Un rebond est anticipé mais fondamentalement le climat industriel n’est pas favorable: baisse des prix industriels, langueur de la demande chinoise, hausse des taux d’intérêt. Le climat industriel est certes morose en Allemagne, mais le plongeon des commandes de 10,7% m/m enregistré en mars exagère certainement la tendance baissière. Une forte correction dans l’autre sens est probable.

Fortement influencé par les prix de l’énergie, les prix à la production au sein de l’Union Européenne corrigent rapidement leur envolée passée. L’inflation de l’indice des prix à la production était négative début 2021, elle a bondi jusqu’à +43% sur un an en août dernier. Elle n’est pas loin de retomber à zéro. Hors énergie, les prix de production s’assagissent moins vite mais la tendance pointe vers le bas.

Les indices nationaux déjà publiés laissent attendre un léger rebond des ventes au détail en avril. Pour autant, la tendance est bien installée en zone de contraction à cause du choc sur le pouvoir d’achat.

Déflation chinoise

Alors que les pays développés connaissent une inflation historique, la Chine tangente la déflation. L’inflation de l’indice des prix à la consommation est proche de zéro, celle de l’indice des prix à la production est négative. La baisse récente de la devise pourrait un peu raffermir les prix via les importations. La devise a nettement baissé contre dollar en février et à nouveau en mai. Si les autorités tolèrent cette dépréciation, c’est peut-être qu’elles en espèrent un certain soutien en termes d’échanges de marchandises. Dernièrement l’excédent commercial chinois a grossi, en bonne partie à cause de la faiblesse des importations, non de la vigueur des exportations. La reprise de l’économie chinoise suite à la fin de la politique Zéro-Covid semble s’essouffler. La cible de croissance fixée vers 5% cette année n’est pas en risque compte tenu du rattrapage du premier trimestre, mais un ralentissement est probable au deuxième semestre.

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