Changement de génération à la tête de Dynagest

Emmanuel Garessus

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La nomination d’Aymeric Converset à la tête de Dynagest by ONE promet une accélération de la stratégie. Portrait.

Aymeric Converset, 37 ans, prend la tête de Dynagest by ONE, division de ONE swiss bank qui gère les activités de gestion d’actifs. A ce titre, il rejoint également le Comité exécutif de la banque. Cette nomination exprime un changement de génération – il succède à Alex Kuhn –, mais s’inscrit aussi dans la continuité. N’a-t-il pas durant ses études en finance à l’Université de Genève fait un stage dans cette société. Dans une interview à Allnews, il l’exprime lui-même: «Je suis issu du centre de formation Dynagest. J’ai été imprégné par ses valeurs de déontologie et de passion pour certaines spécialisations en finance. J’essaierai de les faire perdurer en essayant d’accélérer notre stratégie dans la robotisation et l’innovation».

Dynagest by ONE, le département de gestion d’actifs de ONE swiss bank, gère environ 2 milliards de francs d’actifs, dont plus de la moitié dans l’obligataire, ne reniera pas son passé: «Nous avons une carte à jouer sur des marchés de niche où nous avons une valeur ajoutée auprès d’une clientèle locale et professionnelle qui nous amène à réfléchir et à innover», déclare Aymeric Converset. L’accent local porte non seulement sur la clientèle mais aussi ses collaborations, par exemple dans la finance durable et avec le master en finance de l’Université de Genève.

La concurrence est,  à son avis un peu moins forte dans ces domaines. Dans des segments tels que les obligations à haut rendement, les grandes sociétés américaines ont de la peine à informatiser et automatiser compte tenu de la complexité des «corporate actions». La même tendance, pour des raisons différentes, est observée dans la gestion semi-passive, l’allocation dynamique et l’overlay.

Trois métiers sont au menu de Dynagest by ONE. L’échantillonnage optimisé obligataire est le premier. La gestion dynamique de l’allocation (gestion semi-passive), le deuxième métier, ambitionne de couvrir les coûts de l’investisseur et de générer légèrement plus que l’indice. La gestion de l’overlay, le troisième, est une technique de gestion de l’exposition à travers des dérivés qui pourrait profiter de marchés plus volatiles et moins unidirectionnels.

«Nos techniques financières nous semblent intéressantes et robustes et nous souhaitons capitaliser dessus en les mettant au service des idées d’investissements de nos clients. J’ai acquis la conviction qu’une des meilleures sources d’innovation est d’être à l’écoute de nos clients, précise Aymeric Converset.

Les gains de productivité sont considérables dans l’automatisation des tâches manuelles. Ils permettent de libérer du temps pour la recherche et l’innovation.

Interrogé sur les figures qui ont marqué son parcours, Aymeric Converset cite Olivier Scaillet et Tony Berrada, les professeurs rencontrés à l’Université de Genève, des références mondiales. «J’y ai beaucoup appris, et notamment la passion de coder, cette liberté de recherche». Il mentionne également que lors de son parcours chez Dynagest il a eu la chance de côtoyer des personnes qui l’ont beaucoup impressionné. «Au sein de notre équipe, je suis entouré de personnes qui partagent la même philosophie que moi et il y a une excellente atmosphère entre nous».

Le nouveau dirigeant de Dynagest a commencé sa carrière dans la gestion obligataire chez un gérant néerlandais, puis, après deux ans, chez Dynagest, alors dirigé par René Sieber et Alex Kuhn. Promu à plusieurs reprises, il a assumé diverses responsabilités et participé à la fusion avec Banque Profil de Gestion puis avec ONE swiss bank. «Chaque opération nous a permis d’augmenter notre zone de chalandise, de proposer nos produits à la clientèle privée, notamment la gestion d’allocation dynamique, et de transposer les stratégies dans le haut rendement à la clientèle privée. Cet effet d’accélérateur est encore plus significatif avec ONE swiss bank, ajoute-t-il.

Le terme d’humilité revient souvent dans la bouche de ce père de deux petits garçons qui apprécie et pratique le volleyball pour ses valeurs collectives.

Dans l’obligataire également, son approche est empreinte d’une grande humilité. Elle se fonde sur la conviction qu’il importe d’être très diversifié. Dans le segment à haut rendement, la taille des sociétés, la probabilité de défauts, le manque d’information ou les événements exogènes rendent l’exercice de sélection de titres très périlleux. Les processus de sauts de prix sont par ailleurs fréquents, rapides et importants. C’est pourquoi le fonds comprend 700 positions. Dynagest by ONE est convaincue qu’un univers très large traduit un univers optimisé. Le gérant cherche plutôt à exploiter des biais structurels décrits dans la littérature académique afin d’apporter un surplus de performance. Il en va ainsi, selon le gérant, de la complexité des obligations comportant par exemple des clauses optionnelles complexes. Il en est de même de la participation au marché primaire, laquelle offre une prime. Ces quelques «tilts» permettent au gérant de présenter un rendement légèrement meilleur que l’indice. Par contre, il ne cherche pas à tirer profit des facteurs conjoncturels des marchés. Cette technique obligataire est mise en œuvre depuis plus de dix ans et ses résultats sont convaincants, affirme Aymeric Converset.

L’innovation est un autre maître mot. Une révolution industrielle est en cours avec l’intelligence artificielle et la robotisation, assure Aymeric Converset. Les gains de productivité sont considérables dans l’automatisation des tâches manuelles. Ils permettent de libérer du temps pour la recherche et l’innovation. Dynagest by ONE entend notamment accélérer ses efforts dans la modélisation et dans les méthodes quantitatives. Il s’agit d’exploiter les biais structurels des marchés. Dynagest by ONE ne délègue pas à la machine la création des modèles, mais lui demande de mieux observer les marchés. La pierre angulaire de l’innovation réside, selon son nouveau directeur, dans l’attribution de performance à partir de ses observations. Sur un univers de 12’000 titres obligataires, l’humain en est incapable.

Sur les marchés actuels, les modèles multi-actifs de Dynagest by ONE suggèrent d’acheter des obligations. La difficulté consiste à gérer les points d’entrée et de sortie durant l’année, donc à être précis dans les «rebalancements». «L’Investment Grade offre de belles opportunités, avec des rendements attractifs sur des sociétés en bonne santé et un retour de la décorrélation entre les actifs. Nous n’intervenons jamais contre le modèle», précise le directeur de Dynagest by ONE.

En matière d'investissements durables, la réflexion de Dynagest by ONE porte sur les obligations dites durables (sustainable bonds) dont le revenu promeut la transition climatique. «Leur régulation est  incertaine». Notre interlocuteur prend l’exemple, relevé par un de ses clients, d’un groupe pétrolier.  Ce dernier peut émettre des obligations vertes pour financer un parc éolien. Mais de cette façon il abaisse ses coûts de financement et peut employer ces capitaux à d’autres fins qu’à la transition climatique. Chaque institutionnel a ses propres contraintes en matière ESG, note-t-il. Dès lors Dynagest by ONE, centré sur des mandats en gestion passive, préfère travailler sur la construction de l’univers investissable pour ses stratégies indicielles plutôt que, par exemple, sur la commercialisation de fonds actifs ESG. L’équipe de la société vient d’être renforcée dans ce domaine.

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