Baisse du risque économique européen

François-Xavier Chauchat, Dorval Asset Management

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Le scénario de résilience a son revers de la médaille puisqu’il implique que la BCE continuerait à monter les taux d’intérêt.

Alors que le consensus table sur une récession cette année, les données économiques récentes montrent une nette résilience européenne. Aux Etats-Unis les choses semblent plus confuses, le marché du travail restant dynamique alors que les indices des directeurs d’achats (ISM/PMI) chutent fortement. Ce qui est clair en revanche c’est que les pressions inflationnistes diminuent, ce qui implique que le resserrement monétaire à venir est déjà largement dans les cours.

De quel côté penche la balance?

Selon le dernier consensus de prévision réalisé par Bloomberg, la probabilité de récession dans les douze mois en zone euro et aux Etats-Unis est très nettement supérieure à 50%. Les arguments qui soutiennent ce scénario sont pertinents, et la forte baisse de l’indice des directeurs d’achats des services au mois de décembre (49,6) ne peut que les renforcer. Dans un tel scénario l’inflation américaine serait rapidement terrassée et un nouveau cycle s’enclencherait. Dans cette hypothèse les inconvénients d’une récession pour les marchés des actions (profits en baisse) seraient plus que compensés par la visibilité retrouvée que procurerait la baisse de l’inflation et des taux d’intérêt. C’est d’ailleurs ce qui s’était passé lors des récessions de 1974 et 1991.

S’il se confirme, le scénario de résilience a son revers de la médaille puisqu’il implique que la Réserve fédérale et surtout la BCE continueraient à monter leur taux d’intérêt afin de limiter les pressions inflationnistes sur le marché du travail.

A ce stade cependant un scénario de résilience semble au moins aussi probable. C’est en tout cas ce que suggèrent les indicateurs récents qui montrent une dynamique toujours positive du marché du travail américain sans accélération des salaires. Il est donc possible (mais pas certain) que les données d’enquêtes (PMI, ISM) reflètent par leur faiblesse la fin du boom des commandes lié à la réouverture de l’économie plutôt qu’une véritable récession. Les prochaines semaines seront donc déterminantes pour voir dans quel sens penche la balance.

Ce qui est clair en revanche c’est que le thème de la baisse du risque européen sort particulièrement renforcé des évolutions récentes. La perspective d’un hiver sans grosses pénuries ni faillites et la baisse des prix des matières premières ont permis un nouveau rebond de la confiance économique en décembre et une nette baisse des craintes inflationnistes des ménages.

S’il se confirme, le scénario de résilience a son revers de la médaille puisqu’il implique que la Réserve fédérale et surtout la BCE continueraient à monter leur taux d’intérêt afin de limiter les pressions inflationnistes sur le marché du travail. Les risques liés à ces resserrements deviennent cependant plus limités car les marchés ont désormais bien intégré les hausses de taux prévisibles pour les prochains mois. Les niveaux de 5/5,25% pour les taux de la Fed et d’environ 3,5% pour les taux de la BCE correspondent en effet peu ou prou aux dernières indications fournies par les membres des banques centrales.

Dans les fonds globaux il faut augmenter les taux d’investissement en actions en renforçant les thèmes de baisse du risque européen (petites valeurs, valeurs financières) et des marchés émergents. Ceci, en continuant à engranger du rendement monétaire en gérant très activement la partie cash des portefeuilles. Dans les fonds européens les taux d’exposition aux actions sont élevés et le beta des portefeuilles a été augmenté au cours des dernières semaines.

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