Back of the Share Buyback

Nicolas Marmagne, XO Investments

2 minutes de lecture

Les rachats d'actions augmentent à un niveau record en 2022 pour presque atteindre le niveau de distribution des dividendes. Mais la montée des taux pourrait retourner la situation.

Les rachats d'actions au niveau des dividendes

Le printemps est traditionnellement la période de distribution des dividendes pour les sociétés européennes ou suisses. Le niveau des dividendes est en légère hausse sur 3 ans (+6%) mais varie fortement d’un secteur à l’autre. Le rendement au dividende est aujourd’hui le plus élevé dans le secteur des métaux et mines et dans le secteur de l’énergie avec des rendements de l’ordre de 5%.  La technologie ou les télécommunications offrent aujourd’hui le plus faible niveau de rendement (1%).

Rendement au dividende (%)

De manière globale sur le marché, les 1200 plus grandes compagnies ont versé 1390 milliards d’USD de dividendes en 2022. C’est un niveau jamais atteint auparavant. Ce niveau est seulement légèrement supérieur aux rachats d’actions de l’année qui progressent pour atteindre 1310 milliards d’USD.

Rachat d'actions et dividendes (milliards USD)

La croissance des rachats d’actions est de 22% en 2022. Même si les évolutions sont volatiles, les dernières années, à l’exception de 2020, ont vu à ces rachats d’exploser.

Croissance des rachats d'actions

Le rachat d’actions est une opération au cours de laquelle la société rachète ses propres actions sur le marché. Ceci permet de réduire le nombre d’actions en circulation et donc augmente le bénéfice par action. Ainsi la société verse théoriquement un dividende identique pour moins d’actionnaires, ce qui augmente le dividende par actionnaire. Ce mécanisme tend finalement à augmenter la valeur des actions.

Ratio rachat d'actions - dividende

Le ratio entre rachat d’actions et dividende augmente massivement dans le temps. Il y a 10 ans, les rachats d’actions représentaient seulement 52% de la valeur des dividendes servis, le niveau actuel atteint presque 95% en 2022.

Des rachats concentrés

Le ratio entre rachat d’actions et dividende augmente massivement dans le temps. Il y a 10 ans, les rachats d’actions représentaient seulement 52% de la valeur des dividendes servis, le niveau actuel atteint presque 95% en 2022.

Rachats d'actions par région (milliards USD)

Au niveau sectoriel ce sont les sociétés technologiques et financières qui sont historiquement les plus gros contributeurs aux programmes de rachats d’actions.

Rachat d'actions par secteur (milliards USD)

En 2022 la technologie représente 22% des volumes de rachats. Mais le plus grand contributeur à la croissance sur l’année est évidemment le secteur énergétique avec 135 milliards de rachats d’actions, soit presque 4 fois le niveau de 2021.

Rachats d'actions par secteur 2022

Croissance des rachats d'actions par secteur, 2022

Des programmes qui pourraient se réduire

Les programmes de rachats d’actions et leur croissance importante ces dernières années s’expliquent en partie par des profits en croissance et un bon niveau de Free Cash-Flow. Mais plus important, ils sont aussi la conséquence de la période de taux d’intérêts bas. Des taux bas qui encouragent les sociétés à s’endetter à bon marché pour racheter des actions et améliorer la profitabilité de l’entreprise. Malheureusement cela ne se traduit pas toujours par une amélioration de la performance boursière et certains investisseurs préfèrent le versement de dividende, même si la fiscalité peut être différente.

La hausse des taux récente pourrait changer le phénomène. Cela n’affectera pas les sociétés technologiques qui croulent sous les liquidités (ex: Apple) mais va inévitablement conduire nombre d’entreprises moins profitables à reconsidérer les rachats d’actions. Des sociétés qui vont désormais devoir arbitrer entre le remboursement de leurs prêts pour éviter la hausse des charges et le rachat d’actions afin d’améliorer la profitabilité par action à court terme. La fin de la période des taux bas permettra enfin de revenir à une gestion moins court-termiste des entreprises.

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