2024: l’année de l’investissement obligataire?

Peter Bentley, Insight Investment (BNY Mellon IM)

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Avec la remontée des taux d’intérêt, certains investisseurs constatent une nette amélioration sur de nombreux segments du marché obligataire.

Malgré la volatilité accrue des marchés financiers et des tensions géopolitiques toujours très vives, l’année 2024 pourrait bien offrir aux investisseurs obligataires de belles opportunités de rendement. Avec la remontée des taux d’intérêt jusqu’à des niveaux jamais vus depuis la crise financière mondiale de 2008, certains investisseurs constatent en effet une nette amélioration sur de nombreux segments du marché obligataire. 

Ainsi, le marché de l’investment grade, c’est-à-dire les obligations qui jouissent des meilleures notations par les agences de rating, d’ordinaire moins attractives d’un point de vue purement pécunier, aiguise l’appétit des investisseurs grâce à un endettement des entreprises nettement inférieur que le pic atteint lors de la pandémie de Covid-19.

Le high yield, autrement dit les obligations moins bien notées et donc plus risquées, devrait lui aussi devenir plus attractif à court terme, tout comme les obligations d’entreprises des marchés émergents ou les «fallen angels», ces obligations d’entreprises autrefois très prisées et désormais déclassées. Il est même fort à parier que certaines de ces classes d’actifs présentent des rendements supérieurs aux marchés actions cette année.

Une série d’incertitudes

Tout cela s'inscrit bien évidemment dans un contexte de hausse des taux d’intérêt des banques centrales dans le but de freiner l'inflation. Les investisseurs doivent donc rester très vigilants aux prochaines échéances de la Banque Centrale Européenne et de la Réserve Fédérale américaine, susceptibles de perturber les marchés obligataires. Car s’il est probable que les taux d'intérêt ont atteint un plafond, et qu’ils devraient rester inchangés pour l’instant, une question subsiste: à partir de quand ces banques centrales vont-elles commencer à baisser les taux directeurs et dans quelles proportions?

Une autre incertitude concerne les nombreuses échéances électorales dans le monde cette année (Etats-Unis, Taïwan, Union Européenne, Royaume-Uni, Inde…), qui se dérouleront dans un climat géopolitique encore très tendu. Un terrain fertile à une plus grande volatilité des marchés, mais qui pourrait offrir de nouvelles opportunités aux investisseurs, à condition d’opter pour une gestion plus active des portefeuilles, ce qui donnera l'occasion aux gérants de montrer leur véritable valeur et leur capacité à éviter les écueils pour générer des performances élevées. Une approche globale sur le marché obligataire leur permettra en outre d’accéder à un ensemble plus large d’opportunités et diversifier les risques en cas de retournement du marché.

De nouvelles opportunités

Un autre élément notable est la divergence entre les marchés du crédit européen et américain. Il existe en effet un écart important entre les spreads de crédit en euro, c’est-à-dire l’écart entre les rendements obligataires et le taux de la banque centrale, et les spread de crédit en dollar. Une situation que les gérants actifs sauront exploiter pour trouver de nouvelles opportunités. Les spreads européens paraissent encore bon marché par rapport à leurs homologues américains, même si l'on tient compte de certains problèmes sur le marché immobilier du Vieux Continent.

Enfin, il convient de ne pas négliger la dette émergente. Même si la prudence reste toujours de mise, le niveau de risque concernant la dette des entreprises de ces pays est souvent inférieur à ce que beaucoup imaginent. Leurs fondamentaux peuvent constituer un solide amortisseur en cas de ralentissement de la croissance mondiale et, ce qui est peut-être surprenant, l'effet de levier d’endettement dans les pays émergents reste inférieur à celui de nombreux marchés développés. En somme, une classe d'actifs de taille conséquente qui peut offrir de véritables opportunités de rendement dans le contexte actuel.

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