«Fearless girl» dans les marchés émergents

Karine Hirn, East Capital

2 minutes de lecture

Le taux de féminisation des conseils d’administration et des équipes de gestion reste faible dans les pays émergents et marchés frontières.

© Keystone

Du fait de la pression sociale et l’influence exercée par les autorités de tutelle et par les investisseurs, la thématique de la diversité des sexes au sein des conseils d'administration et des directions d’entreprise reçoit une attention croissante. Même si la tendance est à l'amélioration, les progrès restent très lents à l’échelle mondiale. Qu’en est-il dans les pays émergents?

Womentum global?

Aujourd'hui, il y a en moyenne 20% de femmes administrateurs dans les sociétés incluses dans l'indice MSCI ACWI, soit une augmentation de 2,1 points de pourcentage par rapport à l'année précédente. A ce rythme, une répartition hommes / femmes 50/50 pourrait être atteinte d'ici 2044!

Certains gestionnaires d'actifs ont récemment annoncé leur engagement à voter contre toutes les nominations aux conseils d'administration en Amérique du Nord et au Royaume-Uni, où il n'y a pas au moins 25% de représentation féminine. Une banque d'investissement de premier plan des États-Unis avait déclaré précédemment qu'elle n'aiderait pas les entreprises à devenir publiques aux États-Unis et en Europe, sans au moins une femme membre du conseil d'administration en 2020 et deux en 2021.

Parmi les sociétés américaines du Fortune 500, 23 seulement sont dirigées
par des femmes. On est donc loin d'un «Womentum» à l’échelle mondiale.

À l'échelle mondiale, le nombre de conseils d’administration à majorité féminine a doublé en 2019 par rapport à 2018. Cependant, ces 22 entreprises représentaient moins de 1% des composants de l'indice MSCI ACWI en octobre 2019 et 98,7% des conseils demeurent à prédominance masculine. Alors que la gent féminine représente 47% de la main-d'œuvre mondiale, d’autres statistiques atterrantes montrent que seulement 7% des gouvernements et 3% des entreprises sont dirigés par des femmes. Parmi les sociétés américaines du Fortune 500, 23 seulement sont dirigées par des femmes. On est donc loin d'un «Womentum» à l’échelle mondiale.

Bilans encore pires sur les marchés émergents et frontières…

Même en considérant la diversité culturelle et géographique de notre univers d’investissement, il nous faut conclure que les taux de féminisation des conseils d’administration et des équipes de gestion sont inférieurs dans les pays émergents et marchés frontières. Dans notre tableau de bord ESG, nos attentes minimales en matière de représentation féminine sont de 30% du conseil d'administration et de la direction, avec un score négatif pour les entreprises qui n’atteignent pas ce niveau.

Nous sommes convaincus que la diversité de la gouvernance produit un avantage compétitif pour l’entreprise, ainsi que plusieurs résultats bénéfiques à long terme. Elle améliore la qualité des décisions, et est un élément essentiel du rôle crucial des équipes de direction et des conseils d’administration, à savoir celui d’apporter à l’entreprise des ressources, conseils stratégiques, connaissances et réseaux. Dans les secteurs de produits et services destinés aux consommateurs, nous rencontrons encore trop d'entreprises qui semblent ignorer l’importance d’une structure de gouvernance plus apte à une bonne compréhension du marché et nous notons l’hétérogénéité d’une façon systématique.

L'introduction d'administrateurs non exécutifs et indépendants
permet un dialogue sur la mixité au sein des entreprises.

Dans l'ensemble de nos portefeuilles et sur la base de notre propre analyse ESG (toutes nos sociétés ne divulguant pas de données dans des bases de données externes), le nombre moyen de femmes administrateurs est de 14%. Nos deux stratégies avec le taux le plus élevé sont East Capital New Europe et East Capital Balkan, avec 17%. Seules deux de nos sociétés ont un conseil d'administration avec plus de 50% de femmes, une société chinoise (marché domestique A) et une société vietnamienne.

Relevons la barre!

Nos engagements auprès des entreprises sont depuis de nombreuses années centrés sur la présence et la compétence d’administrateurs indépendants. Alors que les profils ESG de nos sociétés de portefeuille s'améliorent, la diversité des sexes est une dimension supplémentaire qui devient une priorité. Nous constatons que l'introduction d'administrateurs non exécutifs et indépendants permet un dialogue sur la mixité au sein des entreprises.

Dans les pays baltes, où nous avons un solide réseau local, nous travaillons pour influencer la diversité des sexes et sensibiliser les équipes de direction aux risques pour les affaires et la réputation d’une entreprise. En Europe centrale, nous avons concentré notre engagement auprès du régulateur polonais, soulignant la faible présence des femmes dans les entreprises cotées à Varsovie. En Russie, la diversité des genres est également de plus en plus discutée lorsqu'il s'agit de trouver des candidats notamment avec des compétences sur les questions de développement durable.

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